Mesdames et Messieurs, Monsieur le Premier ministre Bolojan, Monsieur le Premier ministre Boc, je continuerai à vous appeler ainsi, car chez nous, en Hongrie, une fois que l’on est Premier ministre, on le reste pour toujours. Monsieur le Président de l’Assemblée nationale, Monsieur le Président Hunor Kelemen, Dignitaires ecclésiastiques et laïcs, Chers compatriotes hongrois,
Quel bonheur d’être à nouveau parmi vous. Merci de votre invitation, et tout particulièrement à vous, Monsieur le Premier ministre Bolojan, pour cette occasion d’être ensemble aujourd’hui.
Je voudrais commencer par une grande nouvelle : hier, un Hongrois a reçu le Prix Nobel de littérature. En trois ans, c’est déjà le troisième Prix Nobel hongrois : après ceux de physique et de médecine, voici celui de littérature. Pourquoi commencer la journée par cela ? Les Hongrois le comprennent sans qu’il soit besoin de l’expliquer, mais il n’est peut-être pas inutile de le dire à nos hôtes roumains. Ce n’est pas anodin, car cela aide à comprendre pourquoi le lien entre les membres de la nation hongroise est si profond, et pourquoi les Hongrois sont des patriotes si ardents, qu’ils vivent en Hongrie, en Roumanie, en Slovaquie ou en Serbie. Les Roumains le savent sans doute, et M. le Premier ministre Bolojan, qui est originaire de Nagyvárad (Oradea), le sait assurément, : ce qui unit la nation hongroise, ce n’est ni la géographie, ni les frontières de l’État, ni même le sang, mais la langue, la culture, l’histoire et une âme commune. Sans littérature, il n’y a pas de nation hongroise.
Mais ce Prix Nobel a, pour nous, une signification plus profonde encore. Monsieur le Premier ministre, chers amis roumains, laissez-moi vous confier quelque chose : nous, les Hongrois, avons un cauchemar. Peut-être que d’autres peuples en ont aussi. Je ne sais pas quel est celui des Roumains, mais je connais celui des Hongrois. Dans le cauchemar des Hongrois, le Bon Dieu apparaît et demande : « Qui êtes-vous, et pourquoi ? » Autrement dit : pourquoi êtes-vous là, quelle est votre raison d’être dans ce monde ? Et si nous ne savons pas répondre à cette question, ou si notre réponse n’est pas assez forte, alors le Bon Dieu nous raye du livre des nations. Et ce jour-là, notre peuple disparaît. À jamais. Nous, les Hongrois, sommes dans une position particulière. Nous ne pouvons pas nous prévaloir de notre taille, ni de notre nombre, ni de la puissance de notre armée, ni de notre richesse. C’est pourquoi il nous est difficile de donner une bonne réponse. Notre seule réponse possible, la réponse des Hongrois, réside dans notre accomplissement, dans nos mérites. Nous devons prouver que nous avons donné davantage à l’humanité que ce que nous en avons reçu. Nous, les Hongrois, pouvons dire au Seigneur : « Regarde, Seigneur, les saints de la dynastie des Árpád, regarde notre victoire de Nándorfehérvár, regarde István Széchenyi, János Neumann, Ferenc Puskás, nos champions olympiques, et regarde, Seigneur, nos lauréats du prix Nobel. » Autrement dit, mes chers amis, le prix Nobel est, pour les Hongrois, un titre de légitimité pour exister. C’est pourquoi nous devons remercier László Krasznahorkai, qui, par son œuvre, vient d’offrir quelques décennies supplémentaires d’existence à la nation hongroise. Merci à lui !
Monsieur le Président Hunor Kelemen,
Trente-cinq ans, c’est une longue période dans la vie d’une nation. Entre les deux guerres mondiales, il ne s’est écoulé que vingt ans. Depuis la fin du communisme et de l’empire soviétique, trente-cinq années se sont déjà passées. Quand nous avons commencé, et nous sommes ici quelques-uns à avoir été là dès le début, notre seule richesse était l’espérance, et notre seule arme, la foi. En 2010, nous avons réuni à nouveau la nation hongroise, et redonné à chacun la possibilité de se sentir chez lui dans sa patrie. C’est une grande chose. Mais ce que nous avons accompli ne se maintiendra pas de lui-même. L’avenir n’appartient pas à ceux qui regardent, mais à ceux qui agissent. Il appartient à ceux qui parlent par leurs actes et par leur travail. Celui qui ne saisit pas les opportunités de l’avenir finit par les perdre. Je veux vous le dire clairement et sans détour : l’année prochaine, nous ne déciderons pas seulement du prochain gouvernement hongrois, mais aussi de l’avenir de la nation, de la liberté de notre patrie et de sa souveraineté. Et en avril 2026, la Hongrie aura besoin des Hongrois de Transylvanie.
Chers participants du Congrès,
L’Union démocrate magyare de Roumanie fête, elle aussi, ses 35 ans. Longue vie à elle ! Elle a prouvé que ce n’est pas la taille, mais la détermination qui donne à une communauté son poids. La vraie question n’est pas la taille du chien, mais la force du combat qui est en lui. À Bucarest, l’UDMR est le pilier de la stabilité et du bon sens. À Budapest, un partenaire digne de confiance. Et à Bruxelles, le défenseur des intérêts hongrois. C’est pourquoi je vous le dis : l’UDMR n’est pas une organisation minoritaire, c’est un acteur stratégique de la nation. La communauté hongroise de Transylvanie est la preuve vivante qu’une communauté vit tant qu’il y a des gens pour croire en elle. Et quand on y croit, la victoire finit toujours par venir. La communauté hongroise de Transylvanie est forte : elle travaille, éduque, crée, bâtit, et remporte des victoires. Chaque jour, encore et encore, elle triomphe.
Mesdames et Messieurs,
Depuis Budapest, nous voyons les choses ainsi : il est dans l’intérêt commun de la Roumanie et de la Hongrie que la région du bassin du Danube reste stable, que les peuples qui y vivent ne se piétinent pas les uns les autres, mais coopèrent entre eux. Si nos voisins sont forts et libres, alors nous le serons aussi plus forts, plus libres. C’est pourquoi nous voulons voir la Roumanie réussir, et nous voulons voir réussir le Premier ministre Bolojan et son gouvernement. Aujourd’hui, il règne entre nous la paix, la coexistence et la coopération. De notre côté, le soutien apporté à l’adhésion de la Roumanie à l’espace Schengen en est la preuve. Avec un passé comme celui que partagent nos deux nations, la coexistence pacifique n’a rien d’évident, ni de fortuit. C’est un choix. Un choix renouvelé chaque jour. Et pour affirmer ce choix, nous cherchons des partenaires roumains, chaque jour.
Monsieur le Président Hunor Kelemen, Mesdames et Messieurs,
Ce que nous avons construit en trente-cinq ans constitue l’héritage de notre génération. Je vous souhaite le courage de préserver ce que nous avons accompli, la force de poursuivre ce que nous avons commencé, et la foi que nos plus beaux jours sont encore à venir.
Que Dieu veille sur nous tous, et que la Hongrie passe avant tout. Allez la Hongrie, allez les Hongrois !