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Entretien avec Viktor Orbán sur la chaîne YouTube Patrióta

Máté Gerhardt : Bonjour à tous ! Mon invité aujourd’hui est Viktor Orbán. Il y a un an encore, il serrait la main de Volodymyr Zelensky, mais aujourd’hui, le président ukrainien menace ouvertement la Hongrie. Bruxelles a-t-elle un plan B si l’Ukraine perd la guerre ? Nous aborderons également les raisons de la déception de Trump envers Poutine, tandis qu’en Hongrie, le parti de Péter Magyar montre déjà des signes de désintégration. Mais pour comprendre ce qui se cache derrière tout cela, je m’adresse directement au Premier ministre. Monsieur le Premier ministre, bienvenue dans notre studio, et merci d’avoir accepté notre invitation.

Bonjour à vous !

Commençons par l’Ukraine. Il y a un an, vous étiez à Kiev pour rencontrer le président Zelensky, mais depuis, le ton et l’attitude n’ont pas évolué vers la paix. Il semble en effet que le ton hostile et l’attitude hostile s’intensifient. Nous observons des opérations des services secrets en provenance d’Ukraine. Le président Zelensky a ouvertement menacé la Hongrie dans une interview, et l’ambassadeur hongrois a été convoqué. Selon vous, qu’est-ce qui se cache derrière tout cela ? À votre avis, qu’est-ce qui motive le président ukrainien ?

Il est important de rappeler que lorsque nous parlons de cette guerre, il ne s’agit pas uniquement des problèmes du président ukrainien, parce que tous les problèmes de l’Europe découlent de la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Ce que nous voyons aujourd’hui en Europe – la stagnation économique, l’inflation, la hausse des prix alimentaires et des coûts de l’énergie – tout cela provient de cette guerre. Il est important de le préciser, car je ne me suis pas rendu à Kiev, il y a un an, pour m’ingérer dans les affaires d’autrui, dans un conflit entre Russes et Ukrainiens, mais parce que ce conflit a des répercussions directes sur les Hongrois. C’est ce qui m’a légitimé, en tant que président du Conseil de l’Union européenne nouvellement investi, pour un mandat de six mois, à me rendre immédiatement à Kiev, puis à Moscou, à Pékin et enfin auprès du futur président américain, pour tenter de lancer une initiative de paix, ou du moins d’ouvrir une voie vers un cessez-le-feu. J’ai commencé à Kiev où j’ai été confronté à un refus. Nous nous sommes assis, nous avons longuement discuté, je lui ai exposé ma vision des choses, notre point de vue, celui des Hongrois. Nous pensons que le temps ne joue pas en faveur de l’Ukraine. Au fil des mois, sa position se dégrade. Sur le terrain, ce sont les Russes qui prennent l’avantage. L’Ukraine ne peut pas gagner cette guerre. Du côté américain, un nouveau président arrivera bientôt. Même si le président Zelensky soutient les démocrates, le président Trump va revenir, et il retirera les États-Unis du conflit. Les Européens resteront seuls, ils s’épuiseront, et à la fin, l’Ukraine se retrouvera seule face à une ligne de front catastrophique, contrainte d’assumer seule une situation militaire ingérable. Tout cela pourrait être évité : un cessez-le-feu, la paix. Je suis prêt à aider, mais il m’a catégoriquement dit non.

Et pour quelle raison ? Qu’est-ce qui a motivé ce refus ?

Il m’a dit que le temps jouait en sa faveur. Mais la vérité, c’est que j’ai découvert avec lui un nouveau type de personnalité politique. C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai rencontré ce type de personnalité pour la première fois. Comment l’appeler ? Un politicien-influenceur, un acteur-politicien, un comédien. Après tout, c’est ce qu’il est : un comédien. Quelqu’un qui s’est retrouvé à un poste auquel son parcours ne le prédisposait pas, pour lequel il n’avait pas été formé ni préparé. Son passé ne lui a en rien donné les moyens de faire face à ce qui l’attendait, surtout pas au beau milieu d’une guerre. Et malgré cela, il a décidé d’endosser le rôle. En réalité, il interprète un rôle présidentiel. Quand j’ai essayé de parler avec lui de questions plus profondes, de problématiques complexes, j’ai vite vu que ce n’était pas possible. J’étais assis face à un comédien, tout simplement.

Si ce comédien s’entête à poursuivre la guerre en comptant toujours sur l’appui américain ou européen, sur quoi peut-il donc miser à présent ? Le président Trump, sans se retirer totalement, ne fournit déjà plus autant d’argent ni d’armes, et l’Union européenne est à bout de souffle. D’après vous, quels espoirs lui restent-il ?

Les Allemands, pour répondre simplement. es Américains ont clairement dit que si les deux belligérants, Russes et Ukrainiens, ne coopéraient pas avec eux en faveur de la paix, ils finiraient par les abandonner. C’est ce qui se passe actuellement. La seule chance des Ukrainiens est de maintenir les Européens dans le jeu. Mais le prix est énorme ; j’en ai déjà vu les conséquences au dernier sommet de l’OTAN. Nous assistons à une fissure transatlantique : je n’avais jamais vu un tel divorce stratégique sur une question aussi cruciale entre les deux rives de l’Atlantique. L’Amérique s’engage sur la voie de la paix, tandis que nous restons sur le chemin de la guerre. Cette séparation Europe–États-Unis signifie que nous devrons, nous Européens, affronter seuls toutes les retombées négatives de la guerre : financières, économiques et sécuritaires. Les Allemands estiment que, puisqu’il faut affronter cette situation, la meilleure défense est l’attaque   aidons les Ukrainiens et gagnons la guerre. Ils l’ont dit clairement : ils souhaitent gagner cette guerre, c’est-à-dire que les Européens, sous la direction de l’Allemagne, souhaitent gagner la guerre russo-ukrainienne en Ukraine.

Pourtant, c’est surprenant : le président Trump est arrivé avec de grands espoirs concernant les négociations de paix. Il a dit qu’il réglerait le conflit en vingt-quatre heures. Or, après avoir discuté récemment avec Poutine, il a déclaré : « Je n’ai obtenu aucun progrès ; je suis très déçu de mon entretien avec le président Poutine. » Pourquoi, selon vous, n’a-t-on pas réussi à obtenir une avancée significative ? Pourquoi n’arrive-t-on pas à sortir cette guerre de l’impasse ?

Il faudrait que tout le monde reconnaisse que l’avenir passe par un cessez-le-feu et par la paix. Mais les Européens veulent continuer la guerre. Les Ukrainiens, tant qu’ils sont financés par l’Europe, considèrent que cela vaut la peine de se battre. Les Russes, de leur côté, considèrent que s’il n’y a pas d’accord, autant continuer à avancer, puisqu’ils ont déjà consenti tant de sacrifices dans les opérations militaires menées jusqu’à présent. Les positions divergent : chacun trouve plus d’intérêt dans la guerre que dans la paix. Je ne suis pas là pour donner des leçons aux grands ; la Hongrie reste ce qu’elle est, et même si, comme membre de l’Union européenne, nous pourrions adopter un ton plus tranchant, je reste prudent. Je suis convaincu, et je le dis en tant que vieux renard qui a vu beaucoup de choses dans la diplomatie, bien plus que tous les Européens actuellement en fonction : il n’y aura cessez-le-feu ni paix tant qu’il n’y aura pas de rencontre en personne entre les présidents russe et américain. Le téléphone ne suffira pas. S’ils s’assoient face à face, nous pourrions parvenir très vite à un cessez-le-feu. Sans rencontre directe, cette situation pénible durera encore de longs mois.

À votre avis, dans quelle mesure l’attitude des dirigeants européens a-t-elle évolué face à la guerre ? Le président Macron, par exemple, tenait autrefois une rhétorique très hostile à Poutine, il parlait toujours de lui sur un ton virulent. Et pourtant, trois ans plus tard, il a fini par appeler le président russe. Pouvons-nous y voir un changement de cap ? Ou bien envisage-t-il, aux côtés de l’Allemagne, de fournir lui aussi des armes et des fonds, puisque les Allemands souhaitent envoyer des missiles, des drones et divers équipements militaires aux Ukrainiens ?

Si nous voulons dresser une carte géopolitique de la situation actuelle, nous pouvons dire que le camp de la paix est composé des Turcs, des Américains, des Hongrois et des Slovaques. En Europe, avec les Slovaques, nous ne sommes que deux. Tous les autres, c’est-à-dire les 27 pays européens, à l’exception des Slovaques et de nous-mêmes, se rangent du côté des partisans de la guerre : soit ils l’expriment ouvertement, soit ils la soutiennent silencieusement, soit ils la tolèrent, mais aucun ne quitte cette coalition pro-guerre. Il existe aujourd’hui en Europe une véritable coalition favorable à la guerre, qui dicte l’orientation politique, économique et militaire du continent. C’est extrêmement préoccupant, parce que cela nuit profondément à l’Europe.

Si cette rhétorique se traduit en actes et que l’Ukraine poursuit le conflit, à quoi devons-nous nous attendre ? Nous voyons bien que la stratégie d’usure des Russes leur permet de frapper toujours plus largement et d’infliger des pertes de plus en plus lourdes à l’armée ukrainienne. Je me demande toujours sur quoi le président ukrainien peut encore fonder ses espoirs ? Recevoir des armes et de l’argent ne remplacera jamais les vies humaines perdues.

Il est très difficile de porter un jugement sur une guerre défensive dans un pays où des centaines, parfois des milliers de personnes meurent chaque jour. Je considère qu’il est légitime pour l’Ukraine de décider seule de son avenir et de tracer sa propre voie. Si elle veut la paix, qu’elle fasse la paix ; si elle veut continuer la guerre, c’est son droit. Mais ce qu’elle ne peut pas faire, c’est nous demander de l’accompagner dans une stratégie vouée à l’échec. À mes yeux, la poursuite de cette guerre, aussi légitime soit-elle du point de vue ukrainien, est néfaste pour l’Europe, et pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la Hongrie. L’Ukraine veut forcer son entrée dans l’Union européenne. Mais si nous admettons un pays en guerre, c’est la guerre elle-même que nous intégrons ; et, en l’espace d’un jour, toute l’Europe serait impliquée dans le conflit. C’est pourquoi nous devons stopper cette volonté ukrainienne d’adhérer à l’Union européenne. Et c’est ce que j’ai fait. Grâce au mandat que m’a confié Voks2025, j’ai stoppé ce processus à Bruxelles. Il y aura une suite à cela, bien entendu. Mais pour l’instant, ce processus est suspendu, du fait du vote, ou plutôt du veto de la Hongrie.

Pensez-vous que Bruxelles puisse contourner ce veto ?

Juridiquement, ce n’est pas possible. Mais à Bruxelles, les violations du droit sont devenues si flagrantes que, même dans une situation juridique évidente où le veto hongrois ne peut être contourné et où nous ne pouvons progresser dans les négociations qu’ensemble, il règne une telle culture, une telle atmosphère, une telle destruction de l’État de droit qu’il n’est pas impossible d’imaginer qu’ils tentent de nous contourner – temporairement. Cela dit, même dans son état le plus délabré, y compris sous Ursula von der Leyen, l’Union européenne ne peut se permettre de prendre la décision finale sur l’adhésion de l’Ukraine sans l’unanimité des États membres. C’est tout simplement impensable. À l’heure actuelle, le processus est à l’arrêt. Il ne peut pas progresser. Les négociations sont organisées par clusters, et toute avancée suppose l’unanimité. Des manœuvres sont certes possibles, mais nous protesterons, nous intenterons des recours, nous défendrons nos droits. Mais au terme du processus, lorsqu’il faudra statuer sur l’adhésion, il sera impossible de contourner les Hongrois.

Mais alors, comment Bruxelles justifie-t-elle cette destruction qui se déroule en Ukraine ? Je ne parle pas de minimiser l’agression, mais tout de même : comment peuvent-ils vivre avec ça, sacrifier l’économie européenne pour une guerre ? Dans quel but ? Pourquoi ?

Il viendra un moment amer, où les dirigeants européens – tous, sauf nous et les Slovaques – devront admettre qu’ils ont suivi une stratégie erronée, et qu’ils ont perdu. À mes yeux, l’Union européenne a déjà perdu cette guerre. L’Ukraine, elle, résiste encore, elle recule mais tient ses positions. Mais je pense qu’elle a elle aussi perdu. Cette guerre ne peut pas être gagnée sur la ligne de front. Elle ne peut se terminer que par la diplomatie. C’est la seule voie pour éviter ou du moins limiter d’autres pertes. Et il viendra ce moment, triste et amer, où des dirigeants européens, dont beaucoup n’ont perdu aucune guerre depuis cent ou cent cinquante ans, devront dire : « Nous avons mené l’Europe dans une impasse par une mauvaise décision, et nous avons perdu cette guerre. » Ce moment aura des conséquences très graves sur la politique européenne.

Mais les conséquences économiques se font déjà sentir.

Pour l’instant, elles touchent l’économie, mais ensuite, ce sera la politique. Se lever dans n’importe quel parlement européen pour dire : « Nous avons dépensé tout cet argent, nous avons soutenu une partie belligérante, et nous avons perdu la guerre », cela produit généralement des secousses politiques dignes d’un tremblement de terre dans la politique européenne. Nous n’en sommes pas encore là, mais l’impact économique se fait déjà sentir. Nous avons déjà brûlé plus de cent milliards d’euros en Ukraine, et ils veulent en dépenser encore davantage, alors qu’il n’existe aucun scénario rationnel, ni militaire ni politique, qui permettrait d’envisager une victoire. Cet argent est tout simplement parti en fumée. Et personne ne peut répondre, même si j’essaie de les pousser à le faire, à cette question simple : comment espérez-vous battre une puissance nucléaire sur le champ de bataille ? Car c’est bien ce qu’ils affirment : qu’ils vont battre la Russie, une puissance nucléaire, en Ukraine. Mais comment ? Personne ne le dit. Moi, je pense qu’une puissance nucléaire ne peut pas perdre une guerre. C’était visible dès le départ : ce scénario n’existe pas, parce que la Russie ira jusqu’au bout. C’est pourquoi nous n’aurions jamais dû nous engager sur cette voie. Et maintenant, il faut ralentir au plus vite, faire une pause, remercier les généraux, faire revenir les diplomates et les ministres des affaires étrangères, et reprendre les discussions autour de la table des négociations pour construire la paix.

Après le comédien de Kiev, revenons aux affaires intérieures. Nous avons également connu des jours et des semaines très mouvementés chez nous. La presse de gauche a intercepté Judit Varga dans le couloir, à l’issue d’une audience, et l’ancienne ministre de la Justice a parlé très librement de la période récente et de Péter Magyar : elle a dressé, de façon très franche et crue, le véritable portrait de Magyar. Le lendemain, le chef du groupe de Budapest du parti Tisza a démissionné. Le parti serait-il donc en train de se fissurer ? Les craquelures de l’opposition deviennent-elles trop grandes ?

S’agissant de l’ancienne ministre de la Justice, je ne commenterai pas la vie privée de quiconque – ma mère me le reprocherait aussitôt ! – mais, comme elle a travaillé à mes côtés, j’ai vu de près ce qui se passait : elle a présenté sa démission trois fois au cours des dix-huit derniers mois simplement parce qu’elle ne supportait plus cette relation violente. Je l’ai toujours encouragée à tenir bon, à croire qu’une solution était possible, puis est arrivée l’affaire autour de la grâce présidentielle liée à une affaire d’abus dans un foyer pour mineurs ; elle l’a emportée dans la tourmente, elle aussi. Voilà pour l’aspect personnel. Sur le plan politique, deux choses me semblent intéressantes. D’abord, je ne suis pas membre de Tisza ; parler d’un autre parti n’est pas toujours très élégant, mais soit. Je peux dire que rien de tout cela n’est nouveau pour moi. Nos adversaires cherchent, sur ordre, et financement, de l’étranger, à rassembler les électeurs hostiles au gouvernement dans un même camp ; leurs maîtres se trouvent à Bruxelles, naguère aussi à Washington, jusqu’à ce que l’équipe Trump les en chasse. Aujourd’hui, presque tout part de Bruxelles : l’argent comme les consignes, que ce soit pour le parti Tisza ou, à mon avis, pour la Coalition démocratique (DK). C’était pareil lors des élections il y a trois ans : non pas en créant un nouveau parti, mais en organisant une « primaires » qui unissait tous les électeurs d’opposition et, bien avant le scrutin, ils s’autoproclamaient vainqueurs, si vous vous en souvenez. Tout se déroule exactement comme alors. Et, selon moi, l’issue sera la même : nous gagnerons largement à l’issue d’un combat loyal. L’avenir le dira. La deuxième chose intéressante, c’est que le monde ne s’arrête pas, surtout pas dans le domaine technologique. Ils n’ont pas seulement créé un nouveau parti pour balayer les voix de l’opposition ; le modèle même de formation politique a changé, non seulement chez nous, mais partout dans le monde.  Le « défi Magyar » n’est pas un parti classique ; c’est un mouvement politique numérique, entièrement dans l’espace en ligne, avec toutes ses forces et ses incertitudes : nous ne savons jamais si ce qui arrive est réel ou non, si ce sont de vraies personnes ou de faux profils ? Il faut donc suivre de près l’évolution de ces mouvements numériques : comment ils émergent, culminent, puis déclinent. C’est nouveau pour la Hongrie, nouveau pour moi ; j’observe également qu’ils ont un cycle de vie et, en ce moment, la courbe semble descendante.

Nous avons justement vu une vidéo : le chef de groupe de Budapest du parti Tisza, dont nous parlions, essayait de lire une réponse ou une déclaration sur son téléphone, nous voyions clairement que Péter Magyar lui dictait la réponse, mais le chef de groupe a confondu les messages. Comment un parti d’opposition peut-il être piloté de manière aussi « manuelle », au sein même du numérique ?

C’est exactement la question. Imaginez qu’un jour il n’y ait même plus personne : juste un téléphone qui diffuse, en haut-parleur, les instructions…

Par des messages qui s’affichent ?

Oui, par des messages écrits. Un chatbot, je ne sais même pas, tout existe déjà. La dimension technologique de la politique est devenue un tel maelström qu’il faut être solide pour comprendre où mène l’avenir. Je sais une chose : la politique reste humaine. N’importe quel « personnage » ne peut pas s’imposer durablement. On ne peut pas construire un parti sur le crime, on ne peut pas construire un parti sur la trahison, on ne peut pas construire une communauté sur la trahison, ou seulement de manière temporaire, avant que tout ne s’écroule. Je suis convaincu que, que, malgré l’effervescence technologique actuelle, c’est la qualité humaine qui fera la différence. Et c’est pourquoi je pense que nous gagnerons : nous avons des centaines, voire des milliers de responsables – locaux, régionaux, nationaux – que les gens connaissent, dont ils apprécient le travail, des personnes réelles, avec leurs forces et leurs faiblesses. Si nous menons bien la campagne, nous pourrons nous appuyer sur cette présence concrète dans la vie réelle et remporter une victoire aussi large qu’en 2022.

Avez-vous déjà, vous-même, dirigé un responsable ou un élu du Fidesz de façon aussi « pilotée » ?

Imaginez que j’envoie un SMS à Lázár…

Ce serait une scène étonnante. Peut-être que le ministre dirait quand même qu’il va y réfléchir.

Ou si j’en avais envoyé un à Judit Varga, ou si je voulais faire la leçon à Gergely Gulyás… Chez nous, ça ne fonctionne pas. Ou bien à László Kövér : imaginez que j’envoie un SMS au président de l’Assemblée…

Oui, là, ça finirait par une amende…

« Cher László, ne dis pas ceci, dis cela. » Comment ? Je le répète : la politique repose sur des personnalités, et pour ces personnalités, l’histoire compte. Nous respirons avec ce pays depuis 1988, depuis notre fondation. Tout le monde est identifiable ; chacun a une trajectoire, des réalisations, des faiblesses, des qualités, tout est visible. À mon sens, c’est imbattable. Ce que nous avons accumulé, c’est un capital historique : mérite, compétence, savoir, expérience – et, bien sûr, des faiblesses aussi. Aucune formation nouvelle ne peut rivaliser avec cela : c’est imbattable. Pas pour l’éternité, mais il faut des années de travail pour devenir compétitif. Et ce n’est pas parce que nous serions excellents – mettons cela de côté – mais parce que nous avons accompli un travail considérable et accumulé beaucoup d’expérience. Regardez autour de vous : la moitié du monde est en guerre. Nous traversons des difficultés économiques ; l’avenir est une loterie. Dans ces moments-là, seules comptent les capacités qu’apporte l’expérience. C’est là-dessus que je m’appuie, et c’est le message que nous portons lorsque nous parlons aux Hongrois, aux électeurs, de la direction à donner au pays.

Puisque nous parlons de la dimension humaine en politique, une histoire étonnante vient de surgir au sujet de l’ancien chef d’état-major : il aurait subi une liposuccion à l’Hôpital militaire, payée par l’État, avec un numéro de sécurité sociale maquillé. Pourquoi un officier ferait-il cela ? Quel exemple donne-t-il ? EN effet, Romulusz Ruszin-Szendi est désormais l’un des piliers du parti Tisza.

Et l’on parle de lui comme d’un futur ministre de la Défense. Nous parlons donc d’un candidat au poste de ministre de la Défense qui glorifie l’Ukraine, qui reçoit, selon moi, des instructions de l’étranger sur la position à adopter sur certaines questions militaires, et dont l’histoire est celle que vous venez de raconter. Dans l’armée, mais aussi un peu en politique, voire beaucoup, le commandement par l’exemple – pour utiliser le jargon militaire – est indispensable. Dire à un jeune : « Viens dans l’armée hongroise ; c’est la place des gens sérieux, des durs qui servent leur patrie », tandis que notre général, tu sais, se fait aspirer la graisse… Ça ne tient pas ! C’est tout simplement impossible ! Il y a un autre aspect, même si ça intéressera moins de monde, car c’est affaire de gouvernance. Le commandant suprême de l’armée n’est pas le Premier ministre. Ça complique les choses, entre nous soit dit. Dans de nombreux pays à régime présidentiel, le commandant en chef joue clairement un rôle politique, parce qu’il est politicien : aux États-Unis, c’est Donald Trump ; en Turquie, c’est le président Erdoğan, etc. Chez nous, ce n’est pas le cas. La relation du gouvernement avec l’armée est complexe : nous la gérons via le ministre de la Défense, mais la chaîne de commandement militaire, stricte et hiérarchique, finit par dévier à la fin, et le dernier maillon n’est pas le Premier ministre. Désigner un chef d’état-major, décider avec qui l’on négocie : tout cela est compliqué. Et c’est ainsi que surviennent des « accidents » comme celui que nous voyons aujourd’hui.

Il nous faut aussi parler du plus grand défi de l’été : la situation de sécheresse. Il va de soi qu’il faut aider les agriculteurs, qu’il faut résoudre ce problème. Et pourtant, il est étonnant que Bruxelles ait voulu supprimer la gratuité de l’eau d’irrigation pour les agriculteurs, et que le parti Tisza ait voté en faveur de cette mesure. Pourquoi ? Pourquoi adopter une politique contraire aux intérêts de sa propre nation ? Qu’est-ce qui les motive ?

Commençons par comprendre Bruxelles. Là-bas, ce sont des bureaucrates. Ce ne sont pas des patriotes. Cela peut vous sembler difficile à imaginer : des gens qui siègent quelque part sans penser à leur pays quand ils prennent des décisions. Mais les bureaucrates ne pensent pas à leur patrie, ils pensent à autre chose, à des principes, des théories, des idéaux qu’ils sont chargés de représenter. Et Bruxelles, c’est un centre impérial, où l’on part du principe que l’économie fonctionne mieux quand aucune mesure nationale ne vient perturber le marché. Donc si la question est de savoir si l’eau d’irrigation doit être gratuite ou non, selon les manuels d’économie, il faut que tout le monde paie, parce que c’est ainsi que le marché est censé fonctionner.

Donc seule la logique du marché prévaut ?

Oui, à mon avis, chez les bureaucrates de Bruxelles, c’est exactement cela. Et ce qui est encore plus problématique, c’est qu’ils arrivent à exercer une influence hiérarchique sur certains responsables politiques nationaux, comme ceux de la DK ou du parti Tisza. Ils leur disent ce qu’ils doivent faire. Je ne pense pas que Tisza veuille nuire aux agriculteurs. Ils ne veulent pas leur faire de mal. Mais ils ont un maître. Et quand l’ordre tombe, ils l’exécutent. Et si cela nuit aux Hongrois ? Eh bien, c’est justement ça, la différence entre un parti national et un parti bruxellois.

Oui, on voit bien que les ordres arrivent, et qu’ils ne sont guère remis en question. Ils tiennent un discours ici à Budapest, et un autre à Bruxelles. Mais ce double langage politique ne peut pas durer éternellement : un jour, un ordre viendra qui balaiera tout le reste.

Exactement. Et cela ne concerne pas seulement la DK ou Tisza. J’ai vu d’autres partis en Europe, pas seulement hongrois, que j’appelle le parti « Jawohl ». L’ordre arrive de Bruxelles : Jawohl ! C’est tout. Pas de débat. Pas d’objection. Ce qui est frappant, c’est qu’il y a trois grandes questions qui dominent la vie politique européenne aujourd’hui : la migration, la guerre et le genre – Pride, famille, etc. Et sur ces trois sujets, un seul pays a eu le courage de demander l’avis de ses citoyens. La Hongrie. Nous avons organisé des référendums sur la guerre, sur la défense de la famille et sur la migration. Aucun autre pays ne l’a fait. Pas un seul. Ni sur un, ni sur les trois. Aujourd’hui, nous vivons dans un système de domination où Bruxelles et les gouvernements nationaux qui lui sont subordonnés excluent les citoyens européens des décisions les plus fondamentales. Je suis convaincu que s’il y avait des référendums en Europe sur la migration, le genre ou la guerre, les positions seraient très proches de celles des Hongrois. Sur la migration, ce serait clair. Sur le genre aussi. Et sur la guerre, on y arrive peu à peu. Donc, si ce sont les peuples qui décidaient, il n’y aurait pas de guerre, il y aurait une vraie protection de la famille, et il n’y aurait pas de migration. C’est pourquoi il est essentiel que les pays soient dirigés par des gouvernements nationaux, et non par des gouvernements à la solde de Bruxelles. À la fin de chaque histoire…

Donc, selon vous, tout peut se résumer à cela ?

Oui. Et ce n’est pas une simplification grossière. C’est la conclusion naturelle, inévitable, qui découle des lois mêmes du fonctionnement politique.

C’était Patrióta Extra. Merci à vous tous pour votre attention ! N’oubliez pas de vous abonner à la chaîne, et continuez à nous suivre ! Merci encore, à bientôt ! Salut !

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