Balázs Németh : Bonjour à tous ! Nous sommes le 28 juillet 2025, à 258 jours des élections législatives prévues. Bienvenue dans L’Heure des Combattants. Une émission où nous disons la vérité, où nous démontons les fake news, où nous analysons l’actualité politique, en Hongrie comme à l’étranger, et où nous expliquons ce qui sert réellement les intérêts du peuple hongrois. Des nouvelles, des infos, une revue de presse : le tout en direct sur YouTube, sur notre nouvelle chaîne L’Heure des Combattants. Abonnez-vous nombreux ! Vous nous trouvez également en direct sur Facebook, sur la page Je suis Balázs Németh. Comme nous sommes en direct, vous pouvez commenter. Je répondrai, nous répondrons – enfin, aux commentaires qui méritent une réponse. Notre tout premier invité : Viktor Orbán, Premier ministre et chef du Club des Combattants. Bonjour à vous. Merci d’être avec nous.
Bonjour.
Est-ce qu’il existe encore, ce Club des Combattants ? Les combattants de l’opposition l’avaient déjà enterré – surtout depuis Tusványos, et voilà qu’en plus, pour les agacer, surgit maintenant L’Heure des Combattants.
C’est maintenant qu’il existe vraiment ! Il est aujourd’hui plus vivant que jamais ! D’après le dernier pointage reçu hier soir, le Club des Combattants compte 30 000 membres. Et les cercles civils numériques, 40 000 : voilà où nous en sommes. Le Club des Combattants existera toujours. Mais il est également certain que tout le monde n’en fera pas toujours partie. Mais il existera toujours, parce que l’injustice révolte les gens. Quand ils sont confrontés à des mensonges flagrants, ils cherchent un lieu où dire : « Non, c’est faux. » Où ils peuvent s’indigner. Où ils peuvent aider les autres à connaître la vérité. C’est pourquoi il y aura toujours des combattants. Qu’est-ce qu’un combattant, en temps de paix ? Nous savons ce que c’est, en temps de guerre. En temps de paix, un combattant, c’est celui qui tient bon, qui se bat pour la vérité, qui exprime son opinion. Et que se passe-t-il alors ? On lui répond. On le bouscule, ça dégénère parfois en bagarre. Et tout le monde n’est pas prêt à ça. Certains ne supportent pas ce genre d’affrontement. D’autres en ont tout simplement marre, même s’ils ont leur avis sur les choses. Ce sont ceux que nous retrouvons dans les cercles civils. Donc, pour moi, dans ce vaste camp civil et national, des millions de sympathisants, qui constitue notre monde, certains montent au front, d’autres œuvrent à leur manière.
Nous parlerons en détail des cercles civils numériques, et aussi des attaques que subissent les citoyens de droite, les patriotes, les conservateurs – surtout sur les réseaux sociaux. Mais d’abord, il faut dire une chose : cette émission, ou une émission de ce type, c’était d’abord votre idée. C’est vous qui avez insisté pour qu’un format comme L’Heure des Combattants voie le jour sur les réseaux, parce que la politique a changé.
Nous en avons beaucoup discuté. Pendant quinze, vingt ans, le comportement dit « civilisé » ou « raisonnable » en politique, c’était de ne pas réagir aux énormités ou aux mensonges grotesques. Parce que réagir, c’était leur faire de la publicité, amplifier leur écho. Mais depuis que le monde numérique a envahi la politique, ce n’est plus possible. En effet, les gens sont prêts à croire les choses les plus invraisemblables – ou du moins à les considérer comme plausibles. Par conséquent, si tu ne réagis pas immédiatement, le mensonge envahit internet. Attendre une ou deux heures, c’est déjà trop tard. C’est pourquoi nous avons pensé, lors de nos discussions, qu’il serait utile de disposer d’un espace où nous pourrions réagir immédiatement, dès l’aube : « Ça, c’est n’importe quoi, ça, c’est du grand n’importe quoi, ça, c’est faux. Et ça, c’est la réalité. Ça, c’est la vérité. ». Je ne sais pas si cette chaîne deviendra cela, mais si c’est le cas, ce sera une bonne chose.
C’est notre intention. Et c’est crucial, notamment pour enrayer au plus tôt la diffusion des fake news. La rapidité compte aussi pour les grands sujets. C’est pourquoi nous parlerons tout à l’heure de la guerre douanière – ou de sa fin présumée…
… ou de son commencement…
… de l’accord entre l’Union européenne et Trump, entre von der Leyen et Trump. Mais d’abord, attaquons une connerie – pardonnez le mot – qui circule sur les réseaux sociaux. Autrefois, les imbécilités d’un cinglé restaient au bistrot ou sur le marché, et cinq personnes les entendaient. Aujourd’hui, elles atteignent 500 000, un million et demi de Hongrois.
Il y a par exemple ce personnage nommé Ákos Hadházy, qui…
Ah, lui… un cas difficile. À gauche, on en a fait une sorte de star. À droite, il n’a aucune crédibilité. On ne croit pas un mot de ce qu’il dit. Mais à gauche, ils boivent tout ce qu’il raconte.
À gauche, il y en a plusieurs comme lui. Alors, Hadházy a publié une vidéo – je crois que nous pouvons la montrer.
Ákos Hadházy (enregistrement vidéo) : Nous sommes à quelques kilomètres de Hatvanpuszta, et ici, on voit un étrange talus de terre. Ce qui est intéressant, c’est que c’est ici que les médias, notamment Gulyáságyú Média, ont photographié pour la première fois les zèbres, devenus célèbres depuis. Effectivement, ils étaient bien visibles depuis ce point. Il y avait une route, une clôture, et une grille a été ajoutée, plus un talus pour empêcher la vue sur les zèbres. Il faudra peut-être un mirador mobile pour les observer à nouveau.
Balázs Németh : Je crois que c’est avec ces histoires de zèbres mordants que vous avez commencé à réagir publiquement à ces absurdités. C’est Péter Magyar qui avait lancé l’idée que, à Hatvanpuszta, il y avait des zèbres féroces, tellement dangereux que vos petits-enfants en avaient peur. Cette information venait, soi-disant, du monastère carmélite. Voilà le point de départ. Et voilà que des mois plus tard, Hadházy cherche encore les zèbres à Hatvanpuszta…
La bêtise n’a pas de limites, c’est évident. Je suis reconnaissant à Győző Gáspár, qui a aidé à remettre les choses en place, à tourner en blague ridicule de ce qui est totalement dénué de sérieux. C’est de la campagne, ici. Notre collègue, le député Hadházy, clairement, n’est pas du coin. Il mélange tout. Si je peux parler de moi : j’habite à Felcsút, c’est là que se trouve notre maison. Mon père construit une exploitation agricole. Elle n’est pas encore en activité, contrairement à ce que raconte Hadházy, qui parle d’un enchaînement de réunions. Mais c’est un centre agricole encore en chantier. Et il y a Bicske : c’est là qu’il se trouve, d’ailleurs. Trois lieux différents, trois communes distinctes, et lui mélange tout. Là où il tourne, c’est Bicske. Ce n’est ni Hatvanpuszta, ni Felcsút.
Si nous pouvons juste montrer un instant cette image figée de la vidéo… Il explique qu’un talus aurait été construit pour empêcher de voir les zèbres. Sauf que ce n’est pas là que ça se trouve. Et d’ailleurs, il n’y a pas de zèbres, tout simplement. Nous voyons ici, juste à côté, regardez bien, peut-être que vous verrez ma souris, il y a une grille, une porte, par laquelle on peut parfaitement voir à travers. Tout ça, fondamentalement, c’est une idiotie.
Enfin… non, ce n’est même pas une idiotie, il s’agit juste d’un citadin. Monsieur Hadházy n’a aucun lien avec la Hongrie rurale. Il croit que s’il y a un talus de quelques mètres de haut, alors forcément, on ne peut plus voir derrière. Mais bon… il n’est pas possible d’entourer la moitié de la forêt ou les champs avec des volets, quand même. À la campagne, ça ne fonctionne pas comme ça. Tu ne peux pas cacher quoi que ce soit derrière un talus, parce que sur des centaines ou des milliers de mètres, tout est visible, librement accessible.
Puis, Hadházy…
Excusez-moi… Il est possible de le faire dans un lotissement. Mais dans un village ?
… encouragé par le succès, disons plutôt, par le buzz Facebook, même si ce sont des fake news, en rajoute. Il raconte aussi que vous êtes allé à Tusványos à bord d’un avion militaire, alors que vous n’auriez pas eu le droit.
Mais bien sûr que j’y suis allé avec un avion militaire ! Parce que ce n’est pas Viktor Orbán qu’il a été invité, mais le Premier ministre hongrois. J’étais en déplacement officiel.
Puisqu’on parle des fake news…
Pardon, restons encore un instant sur les avions, parce que ça aussi, on dirait que c’est un sujet à la mode.
Oui.
Moi, j’applique une règle très simple : Quand je me déplace pour des raisons privées, donc pas pour une mission d’État, pas pour une visite officielle, pas pour des négociations, mais pour des raisons personnelles, je prends un vol régulier. Si c’est un vol low-cost, comme la dernière fois, eh bien je prends un low-cost. Cet été, ça va sûrement encore arriver. Maintenant, si je pars en mission officielle, pour des négociations par exemple…
Moi j’ai lu que vous avez racheté une compagnie low-cost…
Mais bien sûr !
Si ce n’est pas moi, alors c’est votre gendre.
Oui. Encore une connerie. Quand il s’agit d’un déplacement officiel, je prends toujours un avion d’État. Il pourrait y avoir des exceptions, car la loi prévoit que c’est le TEK, le Centre de lutte antiterroriste, qui est chargé de la sécurité des personnalités protégées, qui décide par quel moyen on peut voyager. Donc, dans certaines circonstances, même pour un déplacement privé, le TEK pourrait estimer qu’il faut utiliser un vol protégé. Mais ce n’est jamais arrivé.
Restons encore un moment dans le registre des absurdités, mais avançons doucement vers des sujets un peu plus sérieux. Encore Hadházy – et pourtant, je n’ai aucune envie de transformer L’Heure des Combattants en Hadházy Show.
Oui, nous ne parlons quasiment plus que de lui, à ce rythme-là.
Ou plutôt des mensonges qu’il colporte, ou relaie, avec d’autres, sur Facebook. L’un de ses mensonges de samedi, d’ailleurs, a même été repris par une partie de la presse. Regardez cet article, ici, sur l’un des portails. Alors, d’après Ákos Hadházy, en se basant sur votre discours à Tusványos, vous auriez, selon lui, déjà décidé que l’opposition n’a aucune chance de gagner les prochaines élections. Moi, j’ai plutôt retenu que vous aviez dit qu’une élection démocratique a toujours une issue ouverte, et qu’il n’est jamais possible de garantir le résultat dans un sens ou dans l’autre. Mais si jamais c’était vrai, si vous aviez vraiment décidé que l’opposition ne peut pas gagner, alors là, selon lui, des choses très graves pourraient se produire dès l’automne… Et donc… qu’est-ce qui va se passer cet automne ?
Les feuilles vont tomber.
Ah bon, et c’est grave ?
C’est grave. Il se peut même que les températures passent sous zéro. L’école va reprendre, certains auront de mauvaises notes. Voilà le genre de choses terribles qui peuvent arriver en automne. Mais pour revenir à quelque chose de plus sérieux : cette fausse information illustre un phénomène plus large : la peur entretenue. Je ne sais pas pourquoi, mais il y a des gens qui aiment avoir peur. Notre collègue député en est un bon exemple : il vit dans la peur, il parle comme si dès demain, des choses horribles allaient arriver. Moi, je suis exactement le contraire. Je n’aime pas vivre dans la peur. J’aime espérer, avoir confiance, faire des des projets pour l’avenir. Pas m’alarmer en criant : « Mon Dieu, demain c’est la fin du monde, l’Armageddon, c’est l’horreur… » C’est pour ça que je pense que, fondamentalement, c’est un problème de personnalité.
Il y a des gens qui fabriquent de la peur. Tant qu’on y est, cochons donc…
Peut-être même que c’est un business : le business de la peur.
…un sujet à la mode, selon lequel si les élections de l’année prochaine, qui devraient avoir lieu en avril 2026, alors ils seraient prêts à se maintenir par la force, voire avec les armes. C’est ce que raconte un ancien président du SZDSZ, c’est repris par des influenceurs à large audience, des commentateurs, des libéraux, des figures de gauche… Et ça revient chaque semaine.
Oui, oui. László Kéri, notamment, en parle souvent.
Envisagez-vous un acte pareil ?
Il a été mon professeur. Je lui dis toujours : « László, voyons, arrêtez vos bêtises. Il y a des limites à tout ! » Nous avons peut-être des opinions divergentes et une vision différente de l’avenir du pays, mais ce n’est pas une raison pour raconter des absurdités. Ça revient avant chaque élection. Peu importe que je sois le seul homme politique hongrois à avoir gagné, puis perdu, puis regagné. La démocratie est donc une partie intégrante de notre vie. Et la règle fondamentale, c’est que ce sont toujours le peuple qui décide.
Ce qui arrivera, ce sera ce qu’auraient décidé les citoyens.
Hier, vous avez posté sur Facebook une photo où vous portez un t-shirt avec l’inscription « 4/5 ». Nous allons la montrer dans un instant. Ça veut dire : victoire des 4/5 pour le Fidesz. C’est le message que véhicule ce t-shirt.
C’est un cadeau des Hongrois de Croatie, venus à Tusnádfürdő (Băile Tușnad). C’est une invention des Hongrois de Croatie.
Et ce n’est même pas le « 4/5 » qui a fait bondir les médias libéraux, mais le fait que sur le t-shirt, en plus petit, on voit la date du 12 avril 2026, la date présumée des élections.
En Croatie, on le sait comme ça.
En Croatie, on le sait comme ça et on fait le compte à rebours en fonction de cette date depuis des mois…
… tout le monde…
… l’opposition aussi, vous aussi au Club des Combattants. Depuis bien longtemps.
Comment faut-il faire ce calcul ? La première chose à savoir, c’est que c’est au président de la République de décider. La Constitution dit clairement que les élections doivent avoir lieu en avril ou en mai, selon la décision du président de la République. Ce droit du président ne peut être ni retiré, ni limité par qui que ce soit. Deuxième chose : il faut se préparer. Et entre avril et mai, il y a deux mois d’écart. Deux mois, c’est long, donc, les partis se préparent toujours au scénario le plus tôt possible, pour être prêts au combat. Alors, quand nous parlons de la date la plus probable, nous prenons toujours la première date possible. L’an prochain, le premier week-end d’avril tombe pendant Pâques – donc, impossible. La date la plus tôt envisageable, c’est le deuxième week-end d’avril. C’est là-dessus que nous nous basons. Ensuite, le président décidera si ce sera ça, ou non.
Quand le Fidesz aura-t-il ses candidats ?
En fait, nous avons déjà nos candidats, quasiment tous. Il y a 106 circonscriptions dans le pays, donc autant de candidats à désigner. Il ne reste que trois ou quatre circonscriptions où l’exécutif du parti n’a pas encore tranché.
C’est quand même surréaliste qu’on parle de zèbres mordants…
En effet.
… mais le plus absurde, c’est que des centaines de milliers de personnes qui s’intéressent à ce sujet et à d’autres absurdités similaires sur Internet. Bon, nous devrions peut-être passer à quelque chose d’un peu plus sérieux.
Oui, mais Balázs, souvenez-vous : il y a vingt ans, nous avons eu la même surprise avec la presse people. Nous ne comprenions pas. On se disait : si tu fais l’effort de lire un journal le matin avec ton café, ou pendant ta pause au boulot, pourquoi choisir un torchon comme le Blikk, et pas un vrai journal ? Ou disons Nemzeti Sport, à la rigueur. Tout à coup, il s’est avéré que les gens préféraient souvent le Blikk à Magyar Nemzet. C’est un phénomène du monde moderne. Il n’est pas nécessaire de l’expliquer, il faut juste l’accepter. Aujourd’hui, c’est pareil. Même si quelque chose est une bêtise, il y a parfois plus d’excitation ou d’adrénaline dans la bêtise que dans les sujets sérieux. Il y a tellement de choses sérieuses dans la vie – beaucoup préfèrent s’en évader, alléger un peu le fardeau, et se tournent vers des contenus « limonade ». C’est de ça qu’il s’agit, je crois. Mais cela ne veut pas dire qu’il faille sous-estimer la presse populaire. Dans le monde anglo-saxon, notamment au Royaume-Uni, ce sont souvent les tabloïds qui ont le plus d’influence politique. Comme ils disent là-bas : the tabloid press.
Une question intéressante se posera en 2026 : est-ce que les électeurs choisiront un homme politique qui sait danser à la proue d’un bateau, ou bien un homme politique qui a, disons, une opinion sur la guerre commerciale entre l’Union européenne et les États-Unis ?
Regardez, une élection, c’est un grand mystère. Tout le monde en parle, on a écrit des livres entiers, des bibliothèques entières, même, sur les élections. Et pourtant, il y a toujours une part d’inconnu, de mystère, parce que personne ne peut savoir ce qui va se passer dans la tête d’un électeur ce dimanche-là, dans la matinée ou dans l’après-midi.
Moi, j’ai l’habitude d’écrire ce que j’ai sur le cœur, mais chez beaucoup, on ne sait pas ce qui se passe dans leur tête.
En effet, nous ne savons pas. Nous ne savons pas quels critères chaque personne va prendre en compte. C’est impossible de savoir et c’est justement ça, le plus fascinant. S’il n’y avait pas cette incertitude, nous pourrions modéliser la politique avec des formules mathématiques. Nous pourrions la résoudre à coups d’équations. Mais nous sommes des êtres humains. Nous avons a un cœur, des émotions, des impressions, des sympathies personnelles. Certains réfléchissent à long terme, d’autres veulent juste la sécurité, d’autres encore cherchent l’aventure. De tout ce flot, il sort un résultat électoral. Un résultat qui, lui, est très sérieux, parce qu’il détermine le destin d’un pays.
Parlons donc des droits de douane ! Ensuite, je vous assure, nous aborderons également des sujets plus légers. Hier après-midi, Donald Trump et Ursula von der Leyen sont parvenus à un accord. Madame Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, l’a présenté comme une bonne nouvelle : désormais, tous les produits européens seront soumis à un droit de douane de 15 % aux États-Unis. D’après ce que j’ai pu voir, le chancelier allemand Merz a l’air ravi, la Première ministre italienne Meloni semble positive. Mais les milieux économiques, eux, ne semblent pas du tout réjouis. La presse allemande parle de droits de douane douloureux, de catastrophe.
Des représentants de l’industrie allemande, ou des acteurs économiques au Parlement européen considèrent que cet accord est insuffisant. Et puisque nous allons vite, après tout, c’est L’Heure des Combattants, je cite l’un d’eux : « cet accord contribuera à l’affaiblissement de la croissance économique de l’UE et à la baisse du PIB. » Ça ne ressemble pas à une bonne affaire pour l’Europe.
J’ai lu la déclaration de Madame Le Pen. C’est accablant. Je dirais ceci : la gravité du sujet exige que nous ne tirions pas de conclusions hâtives sans connaître les détails. Même les communiqués officiels ne sont pas encore publiés. Or, c’est dans ces communiqués qu’il faudra lire entre les lignes : chaque phrase, chaque clause est importante. En matière de droits de douane, le système est extrêmement complexe. Mais ce que je vois, et ce qui saute aux yeux dès le premier regard, c’est que ce n’est pas un accord. Ce n’est pas un accord entre Donald Trump et Ursula von der Leyen. C’est Donals Trump qui a mangé Ursula von der Leyen au petit-déjeuner. C’est ce qui s’est passé. Nous nous y attendions. Parce que le président américain est un négociateur poids lourd, et la présidente de la Commission, elle, c’est poids plume. En plus, la position d’un président américain est solide, tandis que celle du président de la Commission est toujours fragile. Je reviendrai sur ce point. Ce que je peux également affirmer avec certitude, c’est que les Américains ont récemment conclu un accord douanier similaire avec les Britanniques – et il est bien meilleur que celui-ci. L’accord européen est donc moins avantageux que l’accord britannique. Par conséquent, faire passer l’accord européen pour un succès, ce sera compliqué à l’avenir. À cela s’ajoute le problème suivant : il semblerait qu’il ait été convenu que des centaines de milliards d’euros de capitaux européens seraient transférés vers les États-Unis.
C’est exact.
Mais par qui ? La Commission n’a pas de capital. Au nom de qui cet accord a-t-il été signé ? C’est le chancelier allemand qui va envoyer cet argent ? Le président français ? Ou le Premier ministre hongrois, peut-être ? Comment c’est censé fonctionner ? Je ne comprends pas. Ensuite, nous allons apparemment acheter des armes pour plusieurs centaines de milliards de dollars. Mais qui va acheter ? La Commission n’a pas d’armée, elle ne peut rien acheter. Alors qui ? C’est pour cela que je disais que la position de la présidente est fragile dans ce genre de négociation. Le président Trump n’a donc pas seulement mangé Madame von der Leyen parce qu’il est plus fort, plus gourmand, meilleur négociateur, ce qui est, disons, évident, mais aussi parce que…
Voici ce qu’a déclaré Madame von der Leyen : « Le président est un négociateur coriace, un vrai homme d’affaires. »
Oui, elle dit ceci depuis l’estomac de Donald Trump, j’ai bien peur. Les rapports de force n’étaient pas équilibrés dès le départ. Elle avait donc une mission difficile. Mais ce que je constate, c’est que le Royaume-Uni a quitté l’Union européenne. À l’époque, nous avons dit que c’était la pire décision possible. Pourtant, les Britanniques ont quitté l’UE et maintenant ils ont signé un accord bien meilleur que le nôtre avec les Américains. Alors, qui s’est planté ?
Il y a encore un autre aspect, il faut bien sûr attendre les détails, mais du point de vue hongrois, c’est important : il paraît que l’Europe s’engage aussi à acheter de l’énergie.
Même chose : qui va acheter cette énergie ? Madame Von der Leyen ne peut pas en acheter autant : elle n’a pas un logement assez grand. Bruxelles non plus, avec ces quantités-là, on pourrait chauffer mille Bruxelles. Donc ce n’est pas la Commission qui en a besoin, ce seront les États membres qui devront acheter. Mais qui exactement ? Dans la plupart des pays, ce ne sont pas les États qui achètent l’énergie, ce sont des entreprises privées. Alors comment ça va marcher ?
Il est 7 h 52, vous êtes bien dans L’Heure des Combattants. Nous démontons les fake news, nous confrontons leurs auteurs à la réalité : c’est notre mission. Désormais, du lundi au jeudi, chaque matin à 7 heures 30 en direct sur Facebook et YouTube. Chaque émission sera disponible en replay intégral, donc pas besoin de regarder en direct, mais plus vous êtes nombreux en direct, plus nous sommes contents. Quand ce ne sera pas Viktor Orbán à mes côtés, il y aura d’autres personnalités politiques connues, experts ou leaders d’opinion. Ces émissions-là aussi mériteront d’être suivies. Nous attendons vos commentaires sur toutes les plateformes, et aussi par e-mail. Notre adresse : harcosokoraja2026@gmail.com. Vous pouvez y envoyer des photos et des vidéos, que nous sélectionnerons et présenterons. Au début, nous avons déjà évoqué à quel point le ton était devenu violent, en particulier sur les réseaux sociaux. Je vous montre un message reçu à Tusványos. Je pourrais en montrer des centaines. Et ce n’est pas parce que je l’ai reçu moi : des milliers de personnes de droite, patriotes, nationalistes reçoivent ce genre de messages. Voici ce que m’écrit un certain Bence Tamás Kiss : « Tu te fais cracher dessus dans la rue, espèce de salopard de parasite, j’espère qu’on va te tirer de ta voiture et te pendre sur le quai. » Qu’est-ce qu’on peut faire contre ça ? Où sont les limites ? Comment en sommes-nous arrivés là ?
D’abord, aidons notre ami Bence Tamás…
Bence Tamás Kiss.
… car la langue hongroise n’est pas facile. Il n’est pas vraiment possible de pendre quelqu’un sur le quai…
Il voulait sans doute dire pendre à un lampadaire sur le quai.
Oui, sur le quai, pourquoi pas. Mais c’est une autre histoire. Ce que je veux dire, c’est qu’il ne faut pas toujours tout prendre au pied de la lettre. Mais d’un autre côté, il faut aussi prendre ces choses au sérieux. Il y a par exemple une question juridique intéressante qui se pose : est-ce que cela relève du domaine pénal ? Est-ce que cela se situe à la limite de la légalité ? Est-ce que ça relève de l’agression en ligne ? Parce qu’on n’a pas le droit de dire ce genre de choses. Il existe aujourd’hui une loi qui interdit de restreindre les comportements visant à inciter à la violence ou à humilier la dignité d’autrui sur internet. (Fin de la parenthèse.) Mais j’ai bien l’impression que ce système ne fonctionne pas vraiment. Ça vaudrait la peine d’évaluer si cette loi a tenu ses promesses. C’est plutôt l’affaire de la justice et de la police, pas la mienne. Mais pour revenir à l’essentiel : telle est la situation. C’est exactement à cause de tout ça que j’ai lancé l’idée des cercles civils numériques. Parce qu’aujourd’hui, l’espace numérique est un territoire hostile. Un citoyen non gauchiste, non libéral qui monte sur les réseaux pour donner son opinion, comme vous l’avez fait, eh bien il se prend une douzaine de messages comme celui-là dans la minute. Ce n’est rien d’autre que de l’agression numérique. Je pense que si le numérique fait désormais partie intégrante de nos vies, nous ne pouvons pas le laisser à la merci de ces ambiances-là et de ces gens-là. Nous aussi, nous devons y aller. Moi, j’appelle ça la conquête numérique : il faut que les gens civils, nationaux, normaux, pacifiques, voire carrément paisibles, et qui ne veulent que du bien, aient leur place dans cet espace, et qu’ils puissent se défendre contre cette violence. Personne ne peut se défendre seul. En effet, quand nous recevons une insulte, ensuite viennent cent emojis qui se moquent, puis Dieu sait quoi encore. C’est violent. Nous ne pouvons être à l’aise dans l’espace numérique que si nous nous protégeons les uns les autres.
Je le répète : ce n’est pas parce que c’est moi qui ai reçu ce message. Le vrai problème, c’est que beaucoup d’autres, des gens qui défendent les valeurs de droite, reçoivent la même chose.
Tout le monde en prend.
Tout le monde. Moi, je tiens le coup, ça fait plus de dix ans que je reçois ce genre de messages. Vous aussi, sûrement encore plus longtemps. Mais nous sentons bien que certains ne se lancent pas dans le combat à cause de ça.
C’est pour ça que je suis là, non ? Je suis un combattant. Un pays a un Premier ministre pour qu’il y ait quelqu’un pour se battre à la place des gens, sur la scène internationale et dans certaines affaires importantes à l’intérieur du pays. Les citoyens, eux, ne veulent pas vivre dans ce climat-là. Il n’est pas possible de vivre ainsi ! Et ils ont raison. Beaucoup disent : « Mieux vaut ne pas aller sur internet. » Mais si personne ne monte sur ces plateformes, si nous ne disons pas la vérité, si nous abandonnons cet espace – qui n’est pas seulement une menace, mais aussi une opportunité, alors les idées civiles, nationales, constructives sont chassées du débat numérique, et c’est une perte pour le pays, un désavantage politique énorme pour nous.
Jetons un œil au site du premier groupe de cercles civils…
Allons-y !
… numériques.
Ils ont sûrement déjà été attaqués, eux aussi.
C’est le groupe qui a été lancé samedi, à la fin de mon discours à Tusványos. Depuis, les inscriptions continuent. Ce sont les membres fondateurs, donc forcément, ils ont déjà subi des attaques ces derniers jours – parfois personnelles, parfois générales.
Il fallait lancer le mouvement quelque part. Comme à l’époque où, avec Imre Makovecz, on a créé les premiers cercles civils : il fallait bien un premier cercle, ensuite tout s’est enclenché, ça a pris sa propre vie, ça s’est construit tout seul. Par ailleurs, c’est très intéressant de voir comment, d’un coup, les gens retrouvent de l’énergie, prennent confiance, et réalisent qu’il ne faut pas céder cet espace.
Voilà, ici, on a une plateforme sur laquelle les organisateurs peuvent déjà s’inscrire : ceux qui veulent fonder leur propre cercle civil numérique.
Exactement. Donc nous demandons à ceux qui souhaitent participer à un cercle civil numérique de s’inscrire. Ils recevront ensuite des informations régulières sur les cercles déjà actifs, sur leurs thèmes, leurs activités. Mais il y a aussi ceux qui ne veulent pas seulement rejoindre, mais créer leur propre cercle. Eux aussi s’enregistrent, reçoivent un accompagnement, et ensuite ils peuvent lancer leur cercle. Il y a déjà plus de 600 inscrits. Mais en général, on compte 10 % de provocateurs : des personnes qui ne sont pas sincères, ou qui sont envoyées par l’adversaire. Donc il faut toujours retrancher 10 %. Mais le reste est sérieux. Ce n’est pas rien : si sur 600 personnes, 540 sont réellement motivées pour créer un cercle, alors on aura bientôt 540 cercles civils. Je ne connais aucune organisation civile en Hongrie qui ait autant de groupes locaux.
Il y a peut-être un millier de clubs de marche pour retraités, et c’est très bien aussi…
Donc c’est une référence.
Concrètement, que se passera-t-il dans ces cercles ?
Chacun fera ce qu’il veut ou peut. Par exemple, hier j’ai parlé avec des habitants de Budapest. Ils ne savent pas encore quel nom donner à leur groupe, mais ils veulent créer un cercle du type : « Repenser Budapest » ou « Réinventons la capitale », parce qu’ils trouvent que Budapest est enlisée dans des débats de surface, des débats peut-être importants, mais qui empêchent la ville de se projeter. Eux, ils ont en tête une vision complète, une conception urbaine : le centre, la périphérie, l’ensemble du territoire. Et j’ai parlé avec plusieurs personnes qui vont lancer immédiatement un cercle autour de l’idée : « Réorganiser Budapest, repenser la capitale ». Et puis, il y a plein d’autres idées. Des anciens sportifs aussi m’ont contacté. Bref, il va y avoir de tout. Vous verrez à quel point la vie civile sera riche et colorée. Mais une chose est claire : toutes ces personnes dans ces cercles sont des patriotes, des gens pour qui la nation compte, des gens qui ne veulent pas détruire leur pays, mais le construire, et qui veulent lui donner un avenir.
Rejoignez nombreux ces cercles ! Vous pouvez rester encore un peu ? Nous avons dépassé la demi-heure, mais si votre équipe ne vous tire pas par la manche, je serais ravi qu’on continue…
On verra bien à la fin…
Justement, on vient de recevoir un commentaire intelligent. J’ai une collègue qui s’appelle Kati, c’est un peu la femme de Columbo, vous voyez le genre : elle est toujours là, mais hors caméra, et elle collecte les commentaires. Et elle vient de m’en envoyer un : « Je suis une jeune femme de droite, c’est pour ça que je vous suis en ce moment. J’ai quitté le foyer parental il y a un an et demi. Pour l’instant, je n’ai pas de fiancé en vue, avoir un enfant me semble encore très lointain. Mais j’ai vu qu’il existe un crédit à 3 %. Est-ce que ça vaut le coup de se lancer ? » Donc, pas d’enfant, pas de mari, jeune, indépendante, intéressée par le crédit à 3 %.
Les agents immobiliers américains répondent toujours à ceux qui leur demandent quand acheter un logement : « Il aurait fallu acheter il y a cinq ans. » Moi aussi, je dirais à cette jeune femme que je suis convaincu que c’est toujours mieux d’avoir son propre logement que de ne pas en avoir. Et en ce moment, il y a une opportunité réelle d’en avoir un. La possibilité est là, le terrain est ouvert : si elle le veut, elle peut avancer. Je lui dirais aussi ceci : Je lui dirais aussi ceci : si on ne vit pas chez ses parents ou qu’on ne veut pas y vivre, il faut chercher une location et payer un loyer. Ça signifie que le loyer, chaque mois, sort du portefeuille comme n’importe quelle facture. Donc il est bien plus sensé de payer ce montant pour rembourser un crédit immobilier, plutôt que de le verser à fond perdu comme loyer. Je recommande donc à tous ceux qui veulent devenir propriétaires d’explorer les informations sur le programme Otthon Start. C’est une très grande opportunité. Il n’existe rien de tel ailleurs en Europe. Si quelqu’un pense que ce n’est pas si exceptionnel, je tiens à lui rappeler qu’aujourd’hui, en Hongrie, à partir de 18 ans, on peut : rassembler un peu d’apport personnel, et ici, 10 % suffisent, obtenir un crédit garanti par l’État, à taux fixe de 3 %, puis rembourser une mensualité équivalente à un loyer, voire inférieure et on devient propriétaire. Ça n’existe pas ailleurs en Europe aujourd’hui. Prenons l’exemple d’un jeune qui part travailler en Allemagne, avec l’espoir de mettre de l’argent de côté. Même en vivant de façon très modeste, en économisant, les chances qu’il puisse un jour acheter un logement en Allemagne sont extrêmement faibles. Je ne dis pas que c’est impossible, mais très peu probable. J’espère que ce programme fonctionnera. Il démarre le 1er septembre. Si les jeunes s’y intéressent vraiment, s’ils veulent vraiment se lancer dans cette voie, alors nous serons le premier pays en Europe à rendre concrètement possible l’accession à la propriété des jeunes majeurs – pas en théorie, mais en pratique.
Avec mon épouse, puis nos deux filles, on a traversé toutes les galères du crédit immobilier : le crédit en devise étrangère, la conversion forcée en forint, les hausses soudaines des mensualités… Donc quand j’ai vu cette mesure – et puisqu’on est ici sur Facebook – je me suis dit « wow », à la Facebook, parce que c’est une opportunité incroyable pour les jeunes.
Et il y a même une autre possibilité intéressante. On connaît l’ingéniosité hongroise… on trouvera bien toutes sortes de variantes. Prenez un couple d’âge moyen, qui possède un bien immobilier en commun, chacun à 50 % : selon les règles du programme Otthon Start, ils peuvent eux aussi acheter un nouveau logement. Si un seul des deux achète, alors un enfant est logé. Si les deux achètent, deux enfants ont un logement assuré pour l’avenir. Donc oui, ce programme est très important pour les jeunes, mais il peut aussi permettre à des parents ordinaires de préparer un avenir à leurs enfants.
Revenons maintenant aux agitateurs. Dans ce domaine aussi, le site 24.hu est l’un des principaux provocateurs. Le week-end dernier, ils ont publié un article intitulé « Otthon Start, crédit immobilier », et ils ne sont pas les seuls. Depuis une semaine ou deux, une campagne de dénigrement contre cette mesure est en cours. Ils écrivent : « Les prix de l’immobilier risquent tellement d’augmenter à cause du crédit à 3 %, que, selon les experts, on n’y gagne presque rien. » Puisque tout à l’heure on parlait de langage… Quand un article écrit « selon les experts », cela veut dire « tous les experts pensent que cette mesure est mauvaise ». S’ils avaient écrit « selon des experts », ça voudrait dire que certains pensent ainsi, d’autres non. Donc déjà, c’est un mensonge. Parce que je suis certain qu’il y a aussi des experts qui trouvent que c’est une bonne mesure.
Votre analyse met en lumière une jolie manipulation de langage, mais l’affirmation, elle, est brutale. Par ailleurs, la crainte n’est pas injustifiée. C’est une question légitime de se demander quel sera l’impact d’un nouveau programme d’achat immobilier sur les prix de l’immobilier. C’est une question pertinente.
Ce n’est pas votre premier coup d’essai non plus.
En effet, ce n’est pas notre première initiative dans ce domaine, donc nous aussi, on connaît bien ce mécanisme. Justement, le crédit Otthon Start est un crédit pour lequel le prix au mètre carré est fixé par la loi. On ne peut utiliser ce crédit que pour acheter un logement dont le prix au m² ne dépasse pas 1,5 million de forints. Par conséquent, le prix des logements ne peut pas augmenter. Donc, comment dire… Ces experts-là feraient bien de réviser leur copie.
Oui, nous avons maintenant un autre expert à l’écran. Vous êtes en train d’échanger à distance avec Gábor Török, politologue. Il a réagi après votre discours de Tusványos, et plus précisément à ce que vous avez dit en ouverture : selon vos connaissances actuelles, et selon des sondages internes de la majorité, sur les 106 circonscriptions individuelles, le Fidesz–KDNP en remporterait 80, ce qui représenterait une victoire écrasante aux élections de 2026. Gábor Török écrit – et cette remarque circule un peu partout – que les chiffres ne tiennent pas, car même les sondages réalisés par des instituts proches du gouvernement ne corroborent pas cette affirmation. On peut faire un peu de clarté dans cette bataille des sondages ? Presque tous les jours, on peut lire que l’opposition est assurée d’obtenir les deux tiers des voix. Et vous, vous citez régulièrement des enquêtes qui montrent exactement l’inverse. D’après ce que j’ai pu voir dans des sondages internes, le gouvernement est en tête, mais vous en savez certainement plus que moi.
Que pense le citoyen hongrois moyen ? Il croit que lorsqu’il voit un sondage, il reflète la réalité au moment où il est publié. Mais il se trompe lourdement. En effet, et cela, on le sait de la bouche même de Endre Hann, une partie des sondages sert à soutenir une campagne. Je l’ai lu dans une interview qu’il a donnée : ils ont appris cela des Américains, et c’est bien le cas. Nous aussi, on l’a appris des Américains. Il existe un genre particulier : ce type d’enquête où les résultats sont interprétés de manière à avantager l’un des camps. Quand un parti paye un institut de sondage, eh bien, sans grande gêne, dans le monde occidental, on accepte volontiers d’interpréter les chiffres pour que cela donne l’impression que les rapports de force évoluent en faveur du client. Il y a même une expression technique dans le milieu des sondeurs pour désigner ce genre d’enquête. Selon la manière dont ils présentent systématiquement les résultats, plutôt que de les présenter tels qu’ils sont, on classe ensuite ces instituts comme étant plutôt de droite ou plutôt de gauche. Moi, je ne m’en préoccupe pas. Ce que dit Gábor Török ne m’intéresse pas du tout, peu importe les chiffres présentés par les instituts de recherche de droite ou de gauche. C’est un débat intéressant, d’accord. Mais ça n’a aucune importance réelle. Je ne me base que sur nos propres données. Je ne prétends pas qu’elles sont infaillibles, mais ça fait des décennies qu’on les collecte. Nous avons une méthodologie éprouvée, nous interrogeons les gens sur des sujets très concrets mais aussi sur leurs préférences politiques, leurs sympathies. C’est de ces chiffres-là dont je parlais à Tusványos. Selon nos mesures, la situation est celle que j’ai décrite. Pour nous, nos calculs tiennent parfaitement la route.
Nous nous sommes rendus bien sûr à Tusványos, où nous avons posé une question : à quel point les jeunes, en particulier les soutiens du Fidesz–KDNP, jeunes et « jeunes depuis plus longtemps », sont-ils motivés ? Si les élections avaient lieu maintenant, iraient-ils voter ? Voici une vidéo très, très courte, et ensuite on poursuit la discussion.
Enregistrement vidéo : « Une victoire écrasante pour le Fidesz ! » « On verra à nouveau écrit sur les panneaux que la coalition Fidesz–KDNP a gagné avec majorité de deux tiers. Alors allez-y, l’équipe ! On va gagner. » « Ma réponse est sans ambiguïté : victoire à domicile, nette et sans bavure. » « Il y aura beaucoup de boulot, ça ne dépendra pas de nous. Et si chacun fait sa part, alors le succès est assuré. » « On va gagner, c’est évident. C’est évident. »
Balázs Németh : C’est évident.
Il y a cette légende qui revient à chaque élection : celle des jeunes, toujours.
Vous voulez qu’on regarde un peu de « Fidesz pourri ! »
Évidemment, allons-y !
Puisque nous sommes dans L’Heure des Combattants, nous pouvons bien se le permettre. Je peux lancer la vidéo ? Je la lance.
Enregistrement vidéo : « Fidesz pourri ! Fidesz pourri ! Fidesz pourri !
Pas très convaincant.
Balázs Németh : Ce que je voulais dire, c’est que les agitateurs professionnels nous répètent depuis des semaines que tout le monde scande déjà « Fidesz pourri ! », mais ce n’est pas ce que je ressens dans l’ambiance générale. D’ailleurs, si je commence à filmer avec une caméra et qu’il y a six ou huit personnes autour de moi qui crient, ça donne l’impression qu’ils sont six ou huit mille. Très souvent, ce sont les gens sur scène qui lancent le slogan. Donc, je ne m’aventurerais pas à dire que tous les jeunes pensent que le Fidesz est pourri.
C’est pareil pour les rassemblements. Nous entendons parler de manifestations géantes. Je demande généralement à mes collègues, si possible, d’envoyer un drone pour que nous puissions voir ce qui se passe d’en haut. Et là, on se rend compte que cette prétendue « vague gigantesque de l’opposition » ne correspond en réalité qu’à quelques petits groupes. Mais si tu prends la photo à hauteur d’homme, ça peut paraître impressionnant – (fermons la parenthèse). Revenons aux jeunes. L’internet est dangereux, justement parce qu’il déforme la réalité beaucoup plus qu’on ne le pense. Pourquoi ce mythe sur les jeunes revient-il tout le temps ? Parce qu’en réalité, dans les sondages, le comportement électoral des jeunes est l’élément le plus incertain, donc le plus facile à manipuler. Nous savons que les personnes âgées votent. C’est bien documenté : plus on est âgé, plus on est susceptible de se rendre aux urnes. C’est un phénomène intéressant en soi, mais c’est un fait. Et comme on ne peut pas vraiment savoir combien de jeunes iront voter, si un institut de sondage suppose qu’ils y vont tous, alors ça donne des chiffres complètement différents que si on prend comme hypothèse qu’ils y vont peu, comme la dernière fois, voire moins. C’est pour ça que manipuler les résultats des sondages en jouant sur la participation des jeunes est une astuce classique. C’est plus facile à maquiller. Donc les jeunes sont toujours invoqués, et leur participation reste un mystère. Et évidemment, si tous les jeunes vont voter, alors les partis au pouvoir peuvent « ranger leurs affaires », comme ils disent. Mais bon, ce sont des trucs de bas étage.
J’ai reçu un commentaire de Kati, c’est déjà très Facebook dans le ton : « Pourquoi le combattant en chef est-il lâche ? Péter Magyar l’a encore une fois défié à un débat. » Je suppose que c’est à vous que ça s’adresse…
D’abord, je trouve ça flatteur. Mais j’ai une position très claire. Je ne débats pas avec des gens à la solde de l’étranger. Je ne vais pas non plus dans des émissions financées depuis l’étranger, que ce soit des journalistes ou des médias. Sinon, je parle à tout le monde, que ce soit à droite ou à gauche, peu m’importe. Du moment que je parle bien à la personne en face, comme maintenant avec vous. Mais si je dois me demander d’où vient l’argent, qui tire les ficelles, à qui profite la question, alors non. Parce que ça tue la discussion, ça induit le spectateur en erreur, etc. C’est pareil en politique. Je suis prêt à discuter avec tout le monde, je le fais régulièrement au Parlement. Mais je ne débattrai pas avec quelqu’un dont il est évident qu’il est une marionnette étrangère, parce que je préfère discuter avec le marionnettiste lui-même. Donc, que Péter Magyar me défie dix fois ou cent fois, ma réponse restera la même. Je ne parle pas au pantin, je parle à ceux qui le manipulent : Ursula von der Leyen, monsieur Weber, et quelques bureaucrates européens. Avec eux, je me bats chaque semaine.
Regardons un peu ce théâtre de marionnettes. De ce point de vue, le samedi a été très instructif. À Tusványos, vous avez tenu votre discours habituel, confirmant que la Hongrie ne peut être forte et grande que si elle suit sa propre voie, si elle décide elle-même de son destin et défend ses intérêts. Et quasiment en même temps, Péter Magyar, en tant que chef de la principale force d’opposition, tenait un rassemblement à Székesfehérvár. J’ai relevé ce qu’en ont dit des portails libéraux, qui le soutiennent par ailleurs, ont écrit à propos de ce discours. « Péter Magyar a rejeté le trolling permanent façon Orbán, les vétos systématiques et les bâtons dans les roues. » C’était le commentaire du site 444, tandis que Telex citait un expert libéral qui s’exprimait avec enthousiasme : « Péter Magyar a parlé comme on attend d’un véritable homme politique européen. Enfin un homme politique pro-occidental. » Pour moi, samedi a encore une fois clarifié les choses : nous aurons à choisir entre deux camps bien distincts et deux voies radicalement opposées.
C’est une situation délicate, Balázs, et je ne veux pas m’y attarder trop longtemps. Mais je me souviens qu’il y a un an, un an et demi, Péter Magyar applaudissait à tout rompre au premier rang de tous mes discours. Il acclamait cette voie hongroise, qu’il rejette aujourd’hui pour en proposer une autre. Alors, qu’est-ce que je suis censé faire de ça ? Honnêtement ? Mais si nous prenons la chose au sérieux…
Si on regarde le vrai danger…
Si on regarde le vrai danger, pour moi c’est le pacte migratoire. Parce qu’un homme politique qui se dit aujourd’hui européen, qui cherche le compromis et l’apaisement avec la Commission, il doit, comme condition préalable, accepter le pacte migratoire. Et je pense que le parti Tisza accepte le pacte migratoire. D’ailleurs, ils en parlent, il suffit d’avoir l’oreille fine. Ce pacte migratoire signifie que nous devrions immédiatement construire des camps de réfugiés pour accueillir plusieurs dizaines de milliers de personnes. C’est une obligation qui existe déjà, que nous n’appliquons pas, et nous devrions aussi accepter que ce ne soit plus nous qui décidions qui vient ici, ni combien, mais Bruxelles. Autrement dit, ce pacte signifie la fin de la Hongrie. Ceux qui se prétendent européens acceptent ce risque, qui n’en est pas un, car on voit bien ce qui s’est passé en Europe de l’Ouest, et ils mèneront le pays à sa perte. Je suis prêt à trouver un accord avec Bruxelles sur tout. Je ne mets pas de bâton dans les roues par principe. Je suis disposé à m’entendre avec Bruxelles sur tous les points, mais chaque accord doit être bon pour la Hongrie. Il ne peut pas imposer la propagande de genre à l’école, il ne peut pas nous entraîner dans la guerre, il ne peut pas faire partir notre argent vers l’Ukraine, il ne peut pas nous forcer à accueillir des migrants. Alors ceux qui tiennent un discours européiste, qui parlent de compromis et d’apaisement, sont en réalité en train de détruire la Hongrie. Il faut s’entendre avec Bruxelles, mais pas en reniant qui nous sommes. Il faut le faire à partir d’une position d’intérêt national. C’est facile de s’entendre en se reniant soi-même : on obtient trois tapes dans le dos, on est invité dans les salons, on a droit à quelques articles élogieux, et pendant ce temps, on détruit son pays. Il ne faut pas faire ça ! Oui, c’est inconfortable, parfois, de se retrouver seul contre vingt autres chefs de gouvernement. Mais ce n’est pas grave. À la fin, nous finirons par s’entendre, jusqu’à présent, nous y sommes toujours parvenus.
Deux nouvelles récentes viennent illustrer tout cela. Hier, en consultant les dépêches de l’agence MTI, j’ai vu qu’à Berlin, la police avait dû disperser une manifestation pro-palestinienne qui avait rassemblé plusieurs milliers de personnes. Cela a dégénéré en violences, et 57 personnes ont été arrêtées. Quelques jours plus tôt, on apprenait que des rabbins européens allaient suivre des formations d’autodéfense aux Pays-Bas, tant la situation sécuritaire s’est dégradée en Europe de l’Ouest, au point que certains n’osent même plus sortir dans la rue. Autrement dit, ce dont nous parlons n’est pas théorique : c’est la réalité dans de nombreux pays. Et nous avons bien de la chance de ne pas être confrontés à cela ici en Hongrie. On s’en souvient seulement quand on revoit, par exemple, les images de la gare de Keleti d’il y a dix ans.
Oui. Peut-être que cette autre information y est aussi liée : il y a deux ou trois jours, le président Macron a annoncé que la France reconnaîtra l’État palestinien lors de l’Assemblée générale de l’ONU en septembre. Je le mentionne ici parce que la question migratoire comporte deux dimensions.
Je me réjouis que nous parlions ici de choses sérieuses.
Il y a d’abord la dimension dont nous avons parlé : le terrorisme, la criminalité, la perte du sentiment d’appartenance, l’impression de ne plus être chez soi. C’est ce qui se passe en Europe de l’Ouest. Mais il y a une autre dimension : celle où la démocratie rencontre la migration avec des conséquences auxquelles nous ne pensons pas souvent. Prenons un peu de recul, oublions un instant le président français. Quand la démocratie rencontre la migration, cela signifie que, lorsque vous laissez entrer des migrants, vous leur accordez des droits. Et plus ils résident longtemps dans votre pays, plus ces droits augmentent. À terme, ils obtiennent la nationalité, deviennent électeurs. Et si, dans un pays d’Europe occidentale, le nombre d’électeurs musulmans dépasse celui des électeurs juifs, alors mécaniquement, le gouvernement suivra une ligne pro-palestinienne et favorable à l’islam.
C’est mathématique.
Oui, c’est mathématique. Voilà comment ça fonctionne en démocratie. Et à ce moment-là, ce sont les Juifs qui font leurs valises : c’est ce qui se passe actuellement. Dans plusieurs pays d’Europe occidentale, y compris en France. J’ai des chiffres : dans certains pays, le nombre de citoyens d’origine juive a chuté de plusieurs milliers, voire de dizaines de milliers, parce qu’ils ont quitté le pays. C’est un phénomène dont souffre toute l’Europe.
Existe-t-il une position hongroise mûr sur la reconnaissance d’un État palestinien indépendant ?
Nous ne pouvons parler d’un État palestinien que dans la perspective d’une solution à deux États, où chacun reconnaît l’autre et où les deux coexistent pacifiquement. Mais aujourd’hui, aucune des deux conditions n’est remplie, puisque même Israël ne veut pas de solution à deux États. Tant qu’on n’a pas les bases minimales, il n’y a pas matière à discussion. À mes yeux, maintenir ce sujet, la solution à deux États, à l’ordre du jour empêche d’avancer sur d’autres accords concrets. C’est entretenir une illusion, et cette illusion rend toute coopération impossible dans les conditions actuelles. Donc j’aborde ce sujet avec prudence.
Mais cette actualité revient en force, et elle confirme ce que je disais : même si l’été n’est pas fini, il serait dangereux de relâcher notre vigilance. Il reste un mois, certes, et beaucoup peuvent partir en vacances, tant mieux, mais nous ne pouvons pas baisser la garde, parce que cet été est brûlant : politiquement, sécuritairement, et à bien d’autres égards.
Si je peux me permettre une note personnelle : moi, je pars en vacances plutôt fin juillet ou début août, si j’en ai la possibilité. Mais cet été est particulier. Je partirai peut-être quelques jours après les cérémonies du 20 août, ou juste avant. En tout cas, ce ne sera qu’en seconde moitié d’août, car à ce moment-là, les bureaucrates de Bruxelles seront aussi en congés. Et j’espère qu’alors la pression politique se relâchera un peu, que la température retombera, et que je pourrai souffler un peu moi aussi. Pour l’instant, même si je le voulais, je ne peux pas me permettre de prendre des vacances. Cet été est vraiment différent. C’est un été brûlant. C’est un été long et brûlant.
Encore un petit gag, pour finir.
Allons-y.
Je ne sais même pas pourquoi je suis tombé sur une publication de Lajos Korózs.
Oh !
Le vice-président du MSZP ?
Nous ne savons plus vraiment.
En tout cas, on apprend que le MSZP existe encore, c’est déjà ça. Le week-end dernier, il a publié un message moqueur sur les cercles citoyens numériques, en se gaussant : « Viktor Orbán ne sait plus quoi inventer, il est en bout de course. » Et il ajoute : « Lundi, distribution de téléphones Nokia aux membres des cercles citoyens. » Probablement des Nokia 1011, avec des touches physiques… autrement dit, il se moque de tous ceux qui veulent rejoindre une communauté de citoyens qui veulent bâtir le pays.
Vous voyez…
Il y a eu plein d’autres remarques du même genre…
Je ne peux évidemment pas connaître tout le monde dans ce vaste monde numérique, mais Lajos Korózs, je le connais : c’est un ancien collègue député. Je suis toujours partant pour discuter sérieusement avec lui. Mais enfin, il faut rappeler qu’il appartient à la gauche, qui est en train de se dissoudre, comme la rosée au soleil. À sa place, je ne m’amuserais pas à essuyer mes pieds sur une communauté nationale, patriote, qui rassemble la droite montante et en position de force pour les prochaines élections. À sa place, je réfléchirais plutôt à ce qu’est devenue sa communauté politique. En effet, peut-être que c’est justement ce ton sarcastique, ce mépris, qui ont conduit la gauche à disparaître peu à peu du paysage politique hongrois. Donc, bon vent, Lajos Korózs ! Bonne chance à vous !
On nous demande si vous avez encore huit minutes à nous accorder, pour compléter l’heure d’émission.
Mais bien sûr ! Puisque nous sommes là…
Alors j’ai encore quelques sujets à proposer. L’une des missions de L’Heure des Combattants, c’est aussi de mettre en valeur les bonnes nouvelles, les mesures positives. Nous en avons parlé aujourd’hui, grâce à un commentaire, avec ce prêt à 3 %, mais vous avez aussi évoqué à Tusványos d’autres mesures destinées aux jeunes, aux familles, aux personnes âgées. Des mesures prises par le gouvernement hongrois pour aider les citoyens dans leur vie quotidienne. Et moi, dans mes rencontres personnelles, j’entends souvent, y compris de la part d’électeurs du gouvernement, cette question : « Pourquoi est-ce que ni vous, ni les autres responsables du gouvernement ne parlez davantage de tout ce qui a été accompli en quinze ans ? Malgré le COVID, malgré la guerre, malgré toutes les difficultés ? »
Il y a une drôle de phrase qui circule en politique : « Ce qui existe n’existe plus. » Cela signifie que ce qui a déjà été accompli, ce qui est déjà connu comme une bonne nouvelle, n’intéresse plus le public ou n’a plus d’importance politique. Construire des routes, rénover des ponts, mettre en place un système de soutien aux familles : c’est déjà là, donc ce n’est plus perçu comme un acquis politique. C’est pourquoi un responsable politique doit faire très attention : combien de temps faut-il passer à parler de ce qui est là, et que les gens rangent dans le passé, et combien sur ce qui est à venir ? C’est difficile. Car si tu n’as pas de résultats derrière toi, sur quoi veux-tu fonder ta demande de confiance ? C’est une question délicate. J’aimerais, si j’avais le temps, créer un cercle citoyen qu’on appellerait le cercle de la fierté, consacré à ce dont on peut être fier dans ce pays. Et je ne parle pas ici du gouvernement, mais de la Hongrie, du pays. Car il n’y a pas de pays prospère avec un gouvernement en échec. Et il n’y a pas de bon gouvernement dans un pays en ruine. C’est un tout. Nous réussissons ensemble ou nous échouons ensemble. Quand nous avions de mauvais gouvernements, tout le pays allait mal. Je pourrais donner des noms et des périodes. Je pense donc que nous devrions parler davantage de ce dont nous pouvons être fier. Mais ce n’est pas aux politiciens de le faire. Eux doivent se concentrer sur les défis à venir, pas sur les succès passés. Alors moi, j’essaie de le formuler autrement : qu’est-ce qu’une bonne nouvelle en politique ?
Je vous donne un exemple…
Si vous voulez dire que votre gouvernement a bien travaillé et a obtenu des résultats, cela n’intéressera personne. En revanche, si vous dites : « Mesdames et messieurs, nous avons pris certaines décisions qui vous ouvrent de nouvelles possibilités. Il y a par exemple le programme Otthon Start, mais il y en a d’autres. L’exonération fiscale à vie pour les femmes qui ont au moins deux enfants. C’est une opportunité qui est ouverte. Allez-y, saisissez-les, c’est à vous, tentez votre chance ! Autrement dit, si tu parles des choses de cette manière, en montrant que tu ne parles pas de toi-même, mais des gens, des possibilités que tu crées pour eux, alors, tout à coup, le message passe, ils accueillent la bonne nouvelle. Mais si tu commences à dire : « le gouvernement a fait ceci, a fait cela », les oreilles se ferment aussitôt. C’est ça, la politique moderne.
J’ai discuté avec un père plus jeune que moi, dont l’aîné entre cette année en première année à l’école. Il ne se souvenait même plus qu’avant, il fallait payer les manuels scolaires.
Bien sûr !
Les manuels gratuits, c’est devenu si naturel…
Exactement. Pareil pour les repas gratuits à la cantine.
… il ne sait même pas. Les jeunes de moins de 25 ans ne savent même pas, qu’il y a encore quelques années, quand ils n’étaient pas encore sur le marché du travail, ils devaient payer l’impôt sur le revenu.
Mais bon, c’est ça, ce métier. D’un certain point de vue, c’est injuste, mais peu importe. L’essentiel, ce n’est pas que la politique soit juste envers les politiciens, mais qu’elle soit bonne pour les gens. Donc ce fait que les gens oublient, qu’ils ne retiennent pas ce qui a été fait, qu’ils ne le considèrent plus comme une performance… je pourrais le prendre comme une douloureuse injustice ; mais non, je le prends comme une source d’inspiration. Comme si je me disais à moi-même : « Mon garçon, arrête de parler du passé, de tout ce que vous avez bien fait. Parle plutôt de ce qu’il y a devant nous. » C’est ça, le carburant, le moteur, la force qui fait avancer la politique. Oui, ça peut sembler injuste, vu de mon siège, mais vu du point de vue du pays, ce n’est pas une mauvaise chose.
Peut-être que nous pouvons faire au moins ça – ou que la politique elle-même pourrait s’y employer – nous ici, dans L’Heure des Combattants, nous le ferons sûrement : faire prendre conscience de ce qu’on risque de perdre, si…
Bon, là, on entre dans quelque chose de plus sérieux.
…ce que risque de perdre celui qui dit : « Qu’un autre gouvernement arrive. Peu importe ce qu’ils feront du système fiscal, s’il y aura de nouveau un impôt progressif sur le revenu, ou s’ils supprimeront les réductions d’impôt pour les enfants. »
Oui.
Il y a, dans le parti Tisza, un idéologue favorable à l’idéologie LGBTQ, qui dit que les réductions d’impôt pour les enfants, c’est injuste.
Exactement. Moi, j’habite à Buda, et je regarde ça avec stupéfaction, franchement. À Buda, nous sommes en mauvaise posture, il y a énormément de gens aisés. Et bizarrement, ils ne semblent pas réaliser, ou cela ne leur semble pas important, que s’il n’y a plus de gouvernement conservateur-citoyen, ils vont se retrouver à payer deux ou trois fois plus d’impôts qu’aujourd’hui. Et j’entends dire aussi qu’ils auront bientôt un impôt sur la fortune. Les maisons dans lesquelles ils vivent, ils vont payer un impôt sur celles-là qui va leur faire virer au violet. Donc j’espère qu’à l’approche des élections, il y aura quelques semaines de calme, où le tumulte des trompettes guerrières s’apaisera, et où les gens pourront prendre un peu de recul… faire leurs comptes, additionner, soustraire. Parce qu’ils ont beaucoup à perdre. Si ce système économique n’était pas en place, les familles seraient en grande difficulté. L’accès à la propriété serait hors de portée, le salaire minimum serait bien plus bas, et la classe moyenne croulerait sous les charges, comme sous le gouvernement Gyurcsány. Parce que l’opposition dit toujours : « Ce sont les riches qui vont payer. » – c’est ce que disaient aussi les Gyurcsányens. Mais au final, dans la réalité, ce sont les citoyens, la classe moyenne qui paient. Parce que c’est là qu’est la masse, c’est là qu’on peut récolter le plus d’argent. Il ne faut pas se laisser séduire par ces chants de sirènes : « On va taxer les riches et tout ira mieux. » Non. Ce ne sont pas les riches qui paieront ; eux, ils savent se protéger, partout dans le monde. Ce sera la classe moyenne qui paiera. Il faut y réfléchir sérieusement. Bon, pour l’instant, l’élection est encore loin, peut-être que tout ça semble trop sérieux, trop lourd.
Loin ?
Huit mois.
Et d’ici là, il faudra encore travailler. Vous le dites souvent : combien, déjà ? Quel pourcentage de votre temps de travail consacrez-vous à la préparation de la campagne ?
Là, je dirais que je consacre 10 % de mon temps au travail de campagne, et 90 % au gouvernement. Et plus on avancera, plus cela s’inversera.
Donc là, vous avez passé une heure ici, il vous reste encore neuf heures…
Pour gouverner, oui.
… pour gouverner. Merci infiniment d’être venu !
Merci à vous pour l’invitation.
J’espère que vous reviendrez dans l’Heure des Combattants. Ce qui est sûr : nous, à partir de maintenant, on sera là en direct sur Facebook et YouTube, du lundi au jeudi, et s’il y a de l’actualité brûlante, même à d’autres moments. N’hésitez pas à commenter, on vous répondra ! On se retrouve demain matin, à 7 heures 30. Merci beaucoup pour votre attention ! Merci beaucoup.
Merci de m’avoir reçu.