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Discours de Viktor Orbán à l’Assemblée générale d’OTP Bank Nyrt.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les actionnaires, Mesdames et Messieurs,

Tout d’abord, je dois préciser que je ne possède aucune action OTP. Je ne peux donc pas en négocier – ni de manière régulière, ni en utilisant des informations privilégiées. Je suis ici en tant qu’invité, et je vous remercie pour cette invitation prestigieuse ! Il est rare qu’un homme politique participe à l’assemblée générale d’une société anonyme, j’ai donc consulté une encyclopédie pour savoir où je mettais les pieds. Selon ce que j’ai lu, l’assemblée générale est l’organe suprême de décision d’une société anonyme, au sein duquel les actionnaires exercent leurs droits de gouvernance : adoption des statuts, élection des dirigeants, décisions sur l’augmentation de capital, sur le dividende, et approbation du rapport annuel. Cela valait la peine de consulter cette encyclopédie, puisque j’ai compris que finalement, cette situation ne m’était pas si étrangère. Mon métier, la politique, présente certaines similitudes avec le vôtre. Certes, un pays n’est pas une société anonyme. Un pays n’a pas seulement un corps, mais aussi une âme ; il n’a pas seulement une économie, mais aussi des citoyens. Un pays ne se réduit pas à ses finances, il a aussi son histoire, ses traditions, sa vie spirituelle et intellectuelle. Les citoyens d’un pays ne souhaitent pas seulement vivre bien, comme les actionnaires souhaitent voir prospérer leur investissement, ils veulent aussi vivre dignement. C’est pourquoi, chez nous, il n’est pas possible de vendre ses actions lorsqu’on n’aime pas l’orientation prise. Notre code d’éthique dit : « Ici, tu dois vivre et mourir ». Mais il y a aussi des ressemblances. Chez vous, c’est le registre des actionnaires qui détermine qui peut voter ; chez nous, c’est la liste électorale. Chez nous aussi, il y a des actionnaires : dix millions de personnes, dont huit millions ont le droit de vote. De la même manière que, dans une société anonyme, c’est le conseil d’administration qui dirige l’entreprise, chez nous, c’est au gouvernement qu’il revient de faire en sorte que les actionnaires soient satisfaits au moment de la distribution du dividende. Chez nous, il n’y a d’assemblée générale des actionnaires que tous les quatre ans, mais alors, l’intérêt est immense : tout le monde se déplace. Comparés à nos actionnaires, ceux de l’OTP sont des cœurs tendres. Chez nous, c’est tout conseil d’administration qui peut être renvoyé en un rien de temps. Nous avons aussi un conseil de surveillance, incarné par l’opposition. J’ose espérer qu’il fait mieux son travail chez vous que chez nous.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Si je regarde la Hongrie avec des yeux de financier, je vois qu’en 2026, le PIB nominal atteindra 95 000 milliards de forints. La dette publique sera de 73,2 %, le déficit budgétaire de 3,7 %, et nous compterons au moins 4,7 millions de travailleurs. La valeur du patrimoine public, selon les livres comptables, était de 22 939 milliards de forints fin 2023. C’est une augmentation de 97 % depuis 2010. Ce sont des chiffres d’une telle ampleur que même l’assemblée générale de l’OTP pourrait peut-être les adopter. Et dans cette immense économie nationale, l’OTP est un acteur de tout premier plan, un véritable joyau. Chaque année, l’OTP dépose sur la table de l’économie nationale hongroise une performance devant laquelle nous devons nous incliner. Et nous nous inclinons.

Chers membres de l’assemblée, Mesdames et Messieurs,

Il est fort probable qu’András Fáy constaterait avec fierté jusqu’où l’OTP est parvenu depuis que, sur sa proposition, la Première Caisse d’Épargne Nationale de Pest a commencé son activité, il y a 185 ans. Pas besoin de deviner : András Fáy nous a laissé de nombreuses anecdotes et maximes. Il écrit, entre autres : « L’argent est l’air politique. Sans lui, toi qui vis en société, tu ne peux même pas respirer. » Puis il poursuit : « Celui qui le gaspille sottement est semblable à ce plongeur ou à ce chercheur de perles, qui, enfermé dans sa cloche de verre, laisserait échapper l’air vital au péril de sa vie. Celui qui, assis sur son tas d’or, tremble à l’idée de dépenser, ressemble aux lampes misérables qui clignotent au milieu des miasmes pestilentiels des tombeaux moisis. » Fáy ne tourne pas autour du pot : il dit clairement que pour réaliser une volonté politique, il faut de l’argent. Si l’argent ne se trouve pas en quantité suffisante, les objectifs politiques restent de simples intentions et ne se concrétisent jamais. Par exemple, même si le gouvernement hongrois voulait construire une société centrée sur la famille, cela resterait vain s’il ne pouvait y consacrer une part suffisante du produit intérieur brut, disons au moins 5 à 6 %. Deux choses sont à proscrire, nous enseigne Fáy : gaspiller l’argent, car il finira par s’épuiser, et ne pas utiliser l’argent, car il ne portera pas ses fruits. Sinon, nous étoufferions, soit par manque d’air, soit sous l’effet des gaz toxiques de l’avarice.

Mesdames et Messieurs,

En ce qui concerne le temps présent, le gouvernement applique certains principes fondamentaux concernant les banques. Ces principes sont bien connus. Nous en avons trois. Le premier principe est que le gouvernement se tient toujours du côté des plus petits acteurs, du peuple, face aux plus forts. Certains y voient une forme d’hostilité envers les banques, mais ceux qui pensent ainsi se trompent. Ils se trompent parce que, dans le système financier, comme dans toute sphère importante de la vie, c’est l’équilibre qui compte. Et cet équilibre ne se fait pas tout seul. Il appartient au gouvernement de le créer : idéalement, en accord avec vous. Notre deuxième principe est que, pour la Hongrie, le secteur bancaire est un secteur stratégique. Les banques doivent donc prospérer en Hongrie. Un pays riche avec des banques pauvres, cela n’existe pas. Si les banques vont mal, qui pourrait aller bien dans un pays ? Notre troisième principe est que, dans la position internationale favorable de la Hongrie, le système bancaire joue également un rôle clé.

Mesdames et Messieurs,

Au cours des dernières années, le secteur bancaire hongrois, et tout particulièrement OTP, a conclu plusieurs accords avec le gouvernement. Ces accords ont été suivis de programmes réussis. Rappelons-nous : c’est grâce à un effort commun que nous avons réussi à neutraliser la bombe à retardement que représentaient les prêts en devises. Autre programme commun réussi : le prêt étudiant. C’est notre programme le plus ancien avec vous ; l’OTP y joue un rôle essentiel. Elle s’engage à gérer les comptes des jeunes bénéficiant d’un prêt étudiant avec des frais avantageux, ce qui est une aide précieuse pour la jeunesse hongroise. Autre programme réussi : le prêt « bébé à venir ». C’est un véritable hungarikum et une curiosité mondiale qu’un secteur bancaire puisse être mobilisé pour des questions de politique démographique. Avec l’aide des banques, plus de 271 000 prêts ont été accordés à la mi-avril 2025. Nous avons également notre programme commun de prêts ouvriers, ainsi que le programme de prêt immobilier à 5 % en faveur des jeunes.  Le secteur bancaire s’est engagé à proposer entre le 1er avril et le 31 octobre 2025, soit pendant sept mois, des prêts immobiliers bonifiés, à un taux d’intérêt maximal de 5 % pour les jeunes. Au nom de la jeunesse hongroise, je remercie l’OTP pour sa coopération !

Chers membres de l’assemblée, Mesdames et Messieurs,

Je me souviens combien l’idée était populaire, dans les années 1990, et même encore dans les années 2000, selon laquelle la nationalité des propriétaires des banques importait peu. On disait, en s’inspirant peut-être des anciens Romains : « L’argent n’a pas d’odeur. » Puis nous avons appris que, si l’argent n’a pas d’odeur, son propriétaire, lui, en a une. C’est en 2008 que nous avons compris cela, lorsque les banques à capitaux étrangers ont rapatrié leur argent aussi vite que possible depuis la Hongrie. Elles ont mis fin aux prêts, et nous, Hongrois, nous sommes retrouvés asséchés. C’est pourquoi, depuis 2010, nous nous employons à faire en sorte que le secteur bancaire hongrois soit détenu à au moins 50 % par des intérêts nationaux. Et nous avons réussi.

Mesdames et Messieurs, Chers membres de l’assemblée,

L’OTP joue un rôle clé non seulement dans le système bancaire hongrois, mais aussi dans le développement de tout notre pays. Le portefeuille de crédits du groupe bancaire OTP, d’un montant de 22 600 milliards de forints, est supérieur à celui de l’ensemble des autres groupes bancaires présents en Hongrie réunis. Le marché hongrois du crédit, tout comme celui du capital, est inconcevable sans l’OTP. La preuve de son renforcement est que, comme nous avons pu l’entendre, en 2024, 70 % de ses résultats financiers provenaient de ses filiales étrangères et seulement 30 % du marché national. C’est un fait sans précédent, peut-être même dans toute l’histoire économique de la Hongrie.

Le succès de l’OTP au moment de la transition démocratique n’aurait pas été possible sans Sándor Csányi. Ses mérites sont incontestables. Son œuvre démontre qu’il est possible de conserver une grande entreprise hongroise comme un « champion national », tout en supprimant entièrement toute participation de l’État. Sándor Csányi et l’OTP y sont parvenus : ils n’ont ni bradé la société, ni cédé au rachat, et la direction stratégique est restée entre les mains du management. Je souhaite au nouveau directeur général de rencontrer le même succès. L’OTP a toujours su se renouveler, tout en préservant sa position dominante sur le marché intérieur. L’OTP est un grand succès collectif hongrois. La Hongrie peut être – et est – fière de vous. Je vous remercie pour ces deux décennies de coopération. Merci d’avoir toujours su clore nos débats de manière mutuellement avantageuse. À ceux qui m’accusent de réglementer les banques sans jamais avoir été banquier, et donc, selon eux, sans connaître les rouages du métier, je réponds que Sándor Csányi dirige la Fédération hongroise de football sans avoir jamais joué dans un championnat de haut niveau. Ce qui compte, ce sont les résultats, et ceux-ci parlent d’eux-mêmes.

Mesdames et Messieurs,

Le gouvernement hongrois continuera de suivre à l’avenir une stratégie de paix. À nos yeux, le bilan d’une guerre est toujours négatif, celui de la paix, est toujours positif. Notre stratégie de paix est donc aussi une stratégie de prospérité économique. Elle garantit que les entreprises hongroises apparaissent comme des partenaires fiables, même pour les pays situés sur des lignes de fracture géopolitique. C’est grâce à cette stratégie que l’OTP est aujourd’hui un investisseur bienvenu, y compris dans des régions géopolitiquement sensibles. Au-delà de l’Ukraine et de la Russie, l’OTP s’est imposée comme un acteur majeur dans les Balkans, en Moldavie et en Asie centrale. Si nous parvenons à mettre fin à la guerre, et le gouvernement hongrois travaille inlassablement en ce sens, d’immenses opportunités s’ouvriront sur des marchés aujourd’hui paralysés par les conflits. Et je suis convaincu que l’OTP en sera l’un des grands bénéficiaires.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs,

Au nom du gouvernement hongrois, je tiens une fois encore à exprimer ma reconnaissance et ma profonde estime envers les collaborateurs, les dirigeants, Monsieur le Président Csányi ainsi qu’envers les actionnaires de l’OTP. Merci pour le travail accompli jusqu’à présent ! Je vous souhaite d’autres transactions d’envergure et de nouveaux succès internationaux !

La Hongrie avant tout, et que Dieu veille sur nous tous ! Allez la Hongrie, allez OTP !

Merci pour votre attention.

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