SHARE

Déclaration de Viktor Orbán au média publique, à bord du vol Budapest–Washington

Ildikó Csuhaj : Monsieur le Premier ministre, vous attendez-vous à des négociations difficiles demain à Washington, à la Maison-Blanche, avec le président des États-Unis ? Je pose la question à la lumière de la déclaration de Donald Trump, selon laquelle vous auriez demandé une exemption aux sanctions américaines visant le pétrole russe, une exemption qui n’a pas été accordée.

Toute négociation diplomatique est difficile, mais moi, je m’attends à un entretien amical et aisé.

Le président du Conseil a-t-il un plan B, ou bien apportez-vous le plan demandé par Matt Whitaker, l’ambassadeur américain auprès de l’OTAN, à tous les pays qui n’ont pas encore renoncé au pétrole russe ? Allez-vous suivre cet échéancier ?

Écoutez, Ildikó : les enjeux sont graves, mais les circonstances peuvent être favorables. La question elle-même est lourde : parviendrons-nous à faire reconnaître une réalité géographique toute simple, à savoir que la Hongrie doit être traitée différemment des autres pays en matière de sanctions, parce que nous n’avons aucun accès à la mer ? La réussite de cette démarche est cruciale : si elle est acceptée, l’économie hongroise et 90 % des ménages seront sauvés. Si elle ne l’est pas, des temps difficiles attendront à la fois notre économie et nos familles. Donc l’enjeu est énorme. Mais la négociation, elle, ne sera pas difficile : je connais le président, il me connaît, nous maîtrisons parfaitement le dossier. Il faudra simplement nous mettre d’accord.

Donc, selon vous, le fait que l’exemption n’ait pas encore été accordée n’est pas un dossier clos ? C’est toujours ouvert ?

Le président américain est un homme d’affaires, il prend toutes ses décisions au moment opportun. Ce qui a pu être dit avant, ce qui sera dit après, n’a pas d’importance. Une seule chose compte : au moment où l’accord se scellera, sur quoi nous serrerons-nous la main.

S’agit-il de diplomatie et d’amitié, ou bien le gouvernement hongrois devra-t-il mettre une offre très solide sur la table en échange ? Je pense, par exemple, au fait que la société américaine Westinghouse puisse fournir du combustible à Paks, ou aux questions de stockage, voire aux mini-réacteurs modulaires.

Puisque vous posez la question ainsi, disons que les sujets à traiter se répartissent en deux groupes. D’un côté, il y a les problèmes à régler, essentiellement les sanctions américaines sur l’énergie russe. De l’autre, il y a les opportunités, qu’il faut saisir. La coopération nucléaire avec Westinghouse relève clairement du second groupe : ce n’est pas un problème, mais une opportunité majeure. Nous arrivons d’ailleurs avec une proposition presque totalement finalisée sur la manière d’élever à un nouveau niveau l’ensemble de la coopération économique américano-hongroise. Et l’énergie est l’un des secteurs clés de ce paquet. C’est donc une chance, pas un sacrifice, et certainement pas un prix à payer pour régler un problème, mais une grande opportunité pour la Hongrie.

Y a-t-il un plan B si Donald Trump refuse malgré tout d’accorder l’exemption aux sanctions pétrolières ?

Nous jouons pour gagner.

Encore une question. Même vos critiques admettent que vous êtes devenu incontournable dans certaines négociations de paix. Avant de rencontrer Vladimir Poutine en Alaska, le président américain vous a téléphoné. Vous-même, avez-vous récemment appelé le président russe ? Ou prévoyez-vous de le faire ? Avez-vous rencontré ou comptez-vous rencontrer Volodymyr Zelensky ?

La dernière fois que j’ai parlé au président russe, c’était au moment où a été conclu l’accord prévoyant que le sommet américano-russe pour la paix se tienne à Budapest. Depuis, il n’y en a pas eu besoin. S’il devient nécessaire que je l’appelle, je le ferai naturellement. Cela ne me pose ni problème politique, ni problème personnel. Je ne suis pas dans la position embarrassante des Occidentaux qui ont totalement détruit leurs relations avec la Russie ces trois dernières années, et qui sont désormais incapables de lui parler. La Hongrie se trouve, disons, dans une position souple.

De qui dépend le report du sommet de paix de Budapest ? Et aura-t-il bien lieu, et quand ? Du président russe Poutine ? Deu président américain Trump ? De Volodymyr Zelensky ? De qui ?

Le sommet de paix aura lieu. Le lieu est fixé, les partenaires aussi : ce sera un sommet américano-russe à Budapest. Il reste un ou deux points importants à régler, sur lesquels aucun accord n’a encore été trouvé. Mais les négociations se poursuivent.

FOLLOW
SHARE

More news