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Déclaration de Viktor Orbán au Blikk, à bord du vol Budapest–Washington

Nouveau Blikk. Je fais mes débuts au Blikk aussi. J’ai déjà fait mes débuts chez Ildikó, maintenant ici.

Ákos Bittó : Monsieur le Premier ministre, Donald Trump parle très souvent de vous comme de son ami. Je ne sais pas dire si c’est de la rhétorique politique ou s’il le pense vraiment. Mais vous souvenez-vous du tout premier moment où il vous a appelé « son ami » ? Vous rappelez-vous quand et pourquoi cette expression est apparue ?

Je suis assez vieux pour ne même plus me souvenir du premier moment où j’ai appelé ma femme « mon amour »… alors pour catégoriser d’autres personnes, c’est encore plus difficile. Je décrirais plutôt notre relation comme une fraternité d’armes. C’est à la fois plus et moins que l’amitié. Fraternité d’armes, parce que chacun, dans son propre rôle et dans son propre environnement, se bat pour des choses que nous jugeons identiques et essentielles. Et comme, dans le monde occidental, très peu de gens considèrent ces choses-là comme importantes, nous sommes très peu nombreux dans ce cercle. Il y a même eu des moments où nous n’étions que deux — si cela ne semble pas trop prétentieux, compte tenu évidemment des différences de taille entre nos pays. C’est pour cela que je parle d’une relation profonde. Nous connaissons aussi un peu les familles de l’autre. Mais en hongrois, « amitié » signifie une relation personnelle, intime. Nous n’en sommes pas là. En revanche, nous partageons une manière commune de penser, sur les idées, les objectifs, les enjeux, et la conviction que chacun de nous sait de l’autre qu’il ira jusqu’à la dernière goutte de sang pour ces objectifs. C’est cette certitude-là que j’appelle fraternité d’armes.

Si nous nous rendons maintenant chez lui, c’est en grande partie pour demander quelque chose – une exemption des embargos, des sanctions…

Nous y allons aussi parce que cela fait longtemps que nous ne l’avons pas vu…

Parce que cela fait longtemps que nous n’avons pas vu notre ami…

…à la Maison-Blanche. La dernière fois que nous nous y sommes rencontrés, c’était en 2019. Ensuite, il y a eu quatre autres rencontres, mais elles ont eu lieu à Mar-a-Lago ou dans le New Jersey. Depuis son retour, qui est l’un des événements majeurs de l’histoire politique occidentale récente, quelque chose d’inédit depuis des décennies, avec une portée immense, la situation est complètement différente de son précédent mandat. Si vous comparez, vous verrez la différence : ces dix premiers mois n’ont absolument rien à voir avec les quatre années précédentes. Et depuis son retour, nous n’avons parlé qu’au téléphone ou lors d’événements non bilatéraux ; la dernière fois à Charm el-Cheikh. Il n’y a donc pas encore eu d’entretien bilatéral, en face à face, entre les gouvernements américain et hongrois. C’est pour cela que nous allons maintenant le voir. Notre ambition est grande, et j’espère que la sienne l’est aussi. Nous voulons accomplir quelque chose d’important, quelque chose de grand ensemble. Une partie de cela sera internationale, une autre bilatérale. Nous verrons bien. Je suis très optimiste.

Lui apportez-vous un cadeau ? Est-ce l’usage dans ce genre de visite ?

Bien sûr, toutes sortes de choses. Et l’âme hongroise est très particulière lorsqu’il s’agit d’offrir des cadeaux. Par exemple, lors de ma dernière visite au Saint-Père, un tailleur, qui fabrique habituellement des ornements liturgiques, avait confectionné spécialement une chasuble ornée de motifs de Kalocsa. Je le connais personnellement, il m’avait supplié de la remettre personnellement au Pape. Et aujourd’hui encore, j’ai reçu toutes sortes de choses de la part de personnes que je ne connais pas dans la plupart des cas, accompagnées d’une lettre disant : « Veuillez absolument remettre ceci au Président. » Les Hongrois imaginent très naturellement que lorsque le Premier ministre se rend en Amérique, il apporte encore autre chose : un don du peuple hongrois, pas un cadeau protocolaire, mais un geste de gentillesse. Cela forme aujourd’hui une très jolie petite collection offerte par le peuple hongrois. Mon cadeau préféré est un couteau. Offrir un couteau, normalement, ne se fait pas, c’est délicat. Mais j’ai reçu d’un artisan un couteau tout à fait unique, à lame damassée, dont le manche est sculpté en forme de tête d’aigle américain. Et il m’a dit : « Donnez-le absolument au Président, au cas où il n’en aurait pas. »

Merci beaucoup !

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