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Déclaration de Viktor Orbán à l’issue de son entretien avec Ilham Aliev, président de la République d’Azerbaïdjan

Je vous salue également avec respect, et je souhaite la bienvenue, avec une considération toute particulière, à Monsieur le Président Aliev ici à Budapest ! Aujourd’hui, nous accueillons un vieil ami de la Hongrie. Comme disent les Hongrois, « c’est dans l’adversité que se révèlent les vrais amis ». Et au cours de la dernière décennie, ou plutôt depuis presque vingt ans, chaque fois que la Hongrie a connu des difficultés, qu’elles soient d’ordre diplomatique, financier ou énergétique, nous avons toujours pu compter sur l’Azerbaïdjan, ainsi que sur le président Aliev. Nous en avons pleinement conscience ici en Hongrie, Monsieur le Président, et nous vous en sommes profondément reconnaissants.

Nous sommes réunis aujourd’hui à une occasion historique : c’est la première fois dans l’histoire de l’Organisation des États turciques qu’un sommet se tient en Hongrie. Nous ne sommes pas membre à part entière de cette organisation, mais pour la première fois, un État observateur accueille un sommet. Et ce n’est pas uniquement cela qui rend cette réunion particulièrement significative. Le contexte international actuel en renforce la portée. Chacun peut constater que la scène internationale est agitée. Des tempêtes se succèdent, tout évolue rapidement : tractations, conflits, cessez-le-feu, propositions de paix. Nous vivons clairement une ère de dangers, où la sécurité mondiale est mise à l’épreuve. Dans un tel contexte, il est essentiel que les pays amis se rencontrent, non seulement pour faire le point sur leurs relations bilatérales, mais aussi sur la situation internationale.

La Hongrie vit, depuis trois ans, aux portes d’une guerre. J’ai fait part au président Aliev des lourdes pertes économiques que nous avons subies. Les pertes subies par l’économie hongroise au cours des dernières années en raison de la guerre et des sanctions s’élèvent à plus de 20 milliards d’euros. Chacun le sait : au moment du déclenchement du conflit, l’Union européenne a dû choisir entre isoler la guerre ou l’élargir. Elle opté pour la guerre plutôt que pour la paix, ce qui nous a gravement pénalisés. Aujourd’hui, l’économie européenne traverse une période difficile, parce que la guerre, combinée aux sanctions, a détruit les fondements stratégiques d’une croissance économique européenne qui, jusqu’alors, était florissante. Une énergie importée à des prix internationalement compétitifs, alliée à une technologie de niveau mondial : c’était cela, la force de l’économie européenne. Aujourd’hui, cet équilibre a disparu, et rien n’est venu le remplacer. Résultat : l’économie européenne avance désormais sans boussole. C’est ce qui explique, et j’en ai parlé avec Monsieur le Président, que nous vivons dans une crise énergétique permanente. Le gaz et l’électricité coûtent en Europe trois à quatre fois plus cher qu’aux États-Unis ou même qu’en Chine. Dans ces conditions, il devient impossible de construire une économie compétitive. J’ai expliqué au président Aliev que nous avons obtenu, en tant que pays enclavé, le droit de maintenir nos relations énergétiques avec la Russie. Nous avons donc réussi à obtenir une dérogation. En réaction, l’Ukraine a fermé son réseau de gazoducs. C’est alors que nous avons conclu un accord avec nos amis turciques pour approvisionner la Hongrie par le sud. Et je peux le dire très clairement : sans nos amis turciques, la politique de plafonnement des prix de l’énergie en Hongrie n’aurait pas été possible, et sans eux, la sécurité énergétique du pays ne pourrait être assurée. Aujourd’hui encore, une proposition est sur la table, visant à supprimer ce mode de coopération. Mais nous allons tout faire pour la préserver. De longues et difficiles négociations nous attendent à Bruxelles. C’est pourquoi, Mesdames et Messieurs, dans un tel contexte, les partenaires fiables deviennent plus précieux que jamais. Je le répète : sans les pays turciques, la Hongrie ne pourrait pas garantir aujourd’hui la sécurité de son approvisionnement énergétique. Sans eux, les familles hongroises paieraient deux à trois fois plus cher leur énergie qu’elles ne le font actuellement. L’an dernier, la première livraison de gaz naturel en provenance d’Azerbaïdjan est arrivée en Hongrie. Monsieur le Président nous a assuré que cette année, il en sera de même. Mieux encore : nous sommes convenus, et le président Aliev s’y est engagé, qu’Azerbaïdjan fournira à la Hongrie tout le gaz dont elle aura besoin, quelle qu’en soit la quantité. Nous apprécions vivement, Monsieur le Président, que vous ayez permis à nos entreprises, MVM et MOL, d’acquérir des parts dans les champs pétroliers et gaziers d’Azerbaïdjan, ainsi que dans les infrastructures de transport. Grâce à cela, la Hongrie dispose désormais chaque année de plusieurs centaines de millions de mètres cubes de gaz naturel et de plusieurs centaines de milliers de barils de pétrole sur le marché énergétique international. Nos amis azerbaïdjanais n’en mesurent peut-être pas toute l’importance, puisqu’ils en ont beaucoup. Nous, très peu. Et lorsqu’on ne possède pas de ressources énergétiques, il faut les chercher ailleurs, s’associer, coopérer, trouver des partenaires. C’est ce que nous avons fait : nous nous sommes associés aux gisements de pétrole et de gaz d’Azerbaïdjan. Je le souligne encore une fois : la Hongrie en détient désormais une part de propriété. Nous sommes un pays pauvre en ressources énergétiques. Cette coopération revêt une importance qui dépasse la seule dimension économique : elle est essentielle pour notre sécurité, et peut-être même sur le plan moral. Grâce à cette amitié, nous nous sentons moins vulnérables qu’auparavant. Nous avons également convenu d’étendre notre coopération à un nouveau domaine : celui des énergies renouvelables.

Au-delà des sujets économiques, où nous avons bien sûr évoqué plusieurs investissements hongrois en cours en Azerbaïdjan, nous avons abordé la question économique la plus cruciale de toutes, celle de la paix. Car aujourd’hui, la paix n’est plus seulement une question militaire : c’est aussi la priorité économique numéro un. Nous avons toujours été d’accord sur ce point : il n’y a pas de solution à cette guerre sur le champ de bataille, la seule issue est à la table des négociations. Et cela vaut non seulement pour le conflit russo-ukrainien, mais pour tous les autres foyers de tension dans le monde. Je tiens également à féliciter une nouvelle fois Monsieur le Président Aliev pour être parvenu à finaliser le texte de l’accord de paix entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. C’est un excellent exemple de ce que peut produire la diplomatie lorsqu’elle est déterminée à faire cesser les conflits. J’espère sincèrement que la signature de cet accord interviendra très prochainement. C’est important pour nous également : dans ce monde international agité, chaque petite avancée, chaque pas vers la paix est d’une grande importance pour la Hongrie.

Monsieur le Président, encore une fois, merci chaleureusement pour votre visite.

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