C’est avec respect que je souhaite la bienvenue à Monsieur Milojko Spajić, Premier ministre du Monténégro, ainsi qu’à tous les membres de la délégation monténégrine. C’est un grand honneur pour nous de vous accueillir ici, à l’occasion de cette visite de travail qui marque en réalité la conclusion d’un long processus de négociations entamé il y a un an et demi, voire deux ans. Le fruit de ce travail, vous avez pu le voir il y a un instant : nous venons de signer deux documents d’une importance majeure, qui élèvent les relations entre nos deux pays, nos deux patries, à un niveau supérieur.
La politique étrangère de la Hongrie est connue pour être pragmatique. Elle vise à construire des amitiés. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de notre région. Et le Monténégro fait partie de notre région, tout comme nous appartenons à celle du Monténégro. Nous avons une proximité géographique naturelle. Depuis la transition démocratique, la Hongrie a, pour des raisons compréhensibles, notamment en raison de son intégration à l’OTAN et à l’Union européenne, surtout regardé vers l’Ouest. Mais aujourd’hui, alors que nous avons pris notre place au sein des structures occidentales, nous ne devons pas oublier les autres directions de la géographie. Ce qui se passe au sud, la nature de nos relations avec les pays situés au sud et au sud-est de la Hongrie, est pour nous une question essentielle. La Serbie est déjà reconnue comme un partenaire stratégique de la Hongrie, le Monténégro l’est tout autant. Et avec les accords signés aujourd’hui, la relation entre nos deux pays atteint désormais un niveau stratégique. Indépendamment des frontières formelles, nous nous considérons presque comme des voisins. Nous venons de signer un accord stratégique avec un pays presque limitrophe. Un pays dont la position géographique compte bien plus que sa taille. Le Monténégro occupe une position clé, sans laquelle ni la stabilité des Balkans, ni la mise en place de coopérations économiques et commerciales efficaces entre le Nord et le Sud ne sont possibles. Sans le Monténégro, tout cela est irréalisable. Pour la Hongrie, le Monténégro est un pays-clé. Il suffit de regarder les projets d’infrastructures à venir, les voies ferrées, les autoroutes, pour comprendre que le développement des infrastructures constituera l’axe principal de notre coopération dans les années à venir. Si nous voulons que la Hongrie puisse accéder à la mer non seulement via Trieste, mais également par le Sud ou le Sud-Est, notre route passe par la Serbie jusqu’au Monténégro. Voilà pourquoi le Monténégro est pour nous un partenaire stratégique incontournable. Je suis reconnaissant que cette vision soit partagée non seulement par moi, mais aussi par mon homologue, le Premier ministre Spajić. Nous parlons de ces sujets depuis longtemps déjà. Je remercie nos ministères respectifs, qui ont mené à bien les négociations et permis que ces accords soient aujourd’hui signés.
Au-delà des questions bilatérales, nous avons naturellement évoqué aussi l’avenir européen du Monténégro, car ce pays est candidat à l’adhésion, tandis que la Hongrie est déjà membre. Il est encourageant de constater que nos échanges économiques se développent de manière dynamique : notre volume d’échanges a dépassé les 100 millions d’euros l’an dernier. Des entreprises hongroises régionales d’envergure sont déjà présentes au Monténégro, ce qui est très positif. Mais ce qui nous relie durablement, c’est la perspective commune de l’Union européenne : nous en sommes membres, le Monténégro est en phase de négociation. Et cela depuis quinze ans ! Je le répète : ce n’est pas une erreur, quinze années à attendre une adhésion que le pays aurait dû obtenir depuis longtemps, car il a rempli toutes les conditions nécessaires haut la main, depuis longtemps. Le Monténégro est un pays profondément ancré dans la culture occidentale, qui connaît parfaitement les règles et les rouages de la politique européenne, qui entretient des relations vivantes avec l’Ouest, et qui serait capable de boucler n’importe quel chapitre de négociation à une vitesse record, à condition, bien sûr, qu’il y ait une volonté d’avancer côté Union européenne. Aujourd’hui, je suis obligé de dire ceci : le seul véritable obstacle à l’adhésion du Monténégro, c’est l’Union européenne elle-même. Sinon, le Monténégro devrait déjà être membre. Tout dépend de Bruxelles. J’ai également pu dire au Premier ministre que le Monténégro est perçu très favorablement dans l’ensemble des États membres. Je n’ai encore jamais rencontré de collègue, de chef de gouvernement dans l’Union européenne, qui ne parle pas du Monténégro avec estime, en saluant sa préparation, son sérieux, son aptitude à devenir membre. Et pourtant, de manière assez incompréhensible, nous avons sous les yeux un pays dont nous aurions besoin, qui veut nous rejoindre, qui connaît parfaitement les difficultés et les défis de l’Union, et qui, malgré cela, souhaite toujours y adhérer, et au lieu de l’accueillir à bras ouverts, nous ralentissons le processus, nous le repoussons. À nos yeux, cette attitude n’est pas rationnelle. C’est pourquoi j’ai assuré aujourd’hui Monsieur le Premier ministre que la Hongrie continuerait de soutenir sans relâche l’adhésion du Monténégro à l’Union européenne. Nous sommes prêts à accompagner le pays dans sa phase de préparation, et tout au long du processus de négociation. Et s’il le faut, nous serons également à leurs côtés après l’adhésion, car les premières années au sein de l’Union européenne ne sont jamais faciles. Mais nous serons là pour les soutenir.
Le Monténégro n’est pas seulement un pays situé à un carrefour stratégique. C’est un pays riche d’une grande culture, d’une grande histoire. Et pour nous, ce sont des qualités précieuses. Nous avons toujours su nous entendre avec des partenaires fiers de leur passé, de leur histoire, de l’héritage de leurs ancêtres, tout comme nous, Hongrois, en sommes fiers. Nous parlons ici de deux pays européens, unis par le respect du passé, par l’attachement à l’intérêt national, à la culture nationale, à tout ce qui fait de nous des Monténégrins ou des Hongrois. C’est donc avec la plus grande conviction et la plus grande joie que j’ai signé cet accord aujourd’hui avec Monsieur le Premier ministre, et j’espère sincèrement que chacune de ses lignes sera bientôt suivie d’effet.
Monsieur le Premier ministre, encore une fois, merci pour votre visite.
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