Bonjour à toutes et à tous, Merci de me donner l’occasion d’être parmi vous aujourd’hui.
La politique nationale est un grand défi pour tout gouvernement hongrois. C’est, de loin, la partie la plus complexe de notre travail. Faire une bonne politique économique n’est pas facile, pas plus qu’une politique éducative efficace, mais la politique nationale, avec tous les acteurs qu’elle implique, y compris ceux qui relèvent d’une autorité autre que la nôtre, est d’une difficulté et d’une complexité particulières. Récemment encore, je me suis rendu en Transylvanie. Cela m’a rappelé à quel point cette politique est délicate ! J’étais au congrès de Hunor et de ses collègues. Vous savez, on entre sans méfiance dans une auberge, un musicien rom se met à chanter deux airs, et voilà que les ennuis commencent. Comme le disait le vieux paysan dans la blague bien connue : qui aurait cru que lorsqu’on chante « Non, non, nous ne partirons pas d’ici », cette phrase puisse soudain prendre une tout autre signification politique que si cela s’était passé à Budapest ? Et si, par-dessus le marché, on enchaîne avec « Bonsoir, les hussards de Székesfehérvár sont arrivés », alors là, c’est la catastrophe assurée. C’est un peu ça, la situation. Cela illustre parfaitement à quel point, dans ce domaine, chaque mot prononcé pèse lourd de conséquences. C’est valable aussi pour notre rencontre d’aujourd’hui ; je vais donc m’efforcer de m’exprimer avec toute la rigueur et la précision que cela exige.
Je vous propose de procéder du plus proche au plus large : commençons par la question la plus actuelle, la plus brûlante, avant de replacer cette actualité dans un contexte plus large. Et cette actualité, on peut la résumer dans une simple alternative : la guerre ou la paix. On dit souvent, en politique intérieure hongroise, que « quand il y a du travail, tout va ». Eh bien, c’est pareil pour la politique étrangère : quand il y a la paix, tout va, ou, même si tout ne va pas, tout peut aller. Mais quand il y a la guerre, il y a beaucoup de choses qui ne peuvent tout simplement pas aller. C’est pourquoi, aujourd’hui, la question fondamentale pour la communauté hongroise de l’ensemble du bassin des Carpates, à l’intérieur comme à l’extérieur des frontières actuelles, c’est de savoir ce qu’il adviendra de l’Europe : sera-t-elle en guerre ou en paix ? Nous vivons, disons-le, une guerre étrange. L’Europe, selon sa propre définition, est en guerre. Les dirigeants européens, qu’il s’agisse de ceux des grands États-nations ou des institutions européennes, parlent du conflit russo-ukrainien comme de notre guerre, et affirment que l’Europe est en guerre. Ne nous arrêtons pas sur ce petit détail, qui n’est d’ailleurs pas si anodin : le Traité fondateur de l’Union, qui n’est pas toujours d’une clarté absolue, est ici d’une netteté exemplaire. Il stipule très clairement que la politique étrangère et de sécurité commune relève exclusivement des États membres et du Conseil qui les réunit. Autrement dit, la Commission n’a pas compétence en la matière. Pourtant, vous pouvez le constater chaque jour : la présidente de la Commission, Mme von der Leyen, parcourt le monde de long en large, ne parlant que de guerre, un domaine pour lequel elle n’a pourtant reçu ni mandat, ni autorité. C’est le signe qu’une sorte de psychose guerrière s’est installée en Europe : une compétition pour savoir qui affichera la position la plus belliciste. Et cette guerre dans laquelle nous nous trouvons, je dois malheureusement employer ici le nous, contrairement à la volonté du peuple hongrois, car nous faisons partie de l’Union européenne, cette guerre est étrange justement parce que la Hongrie, elle, n’est pas en guerre, alors que l’Union se perçoit comme telle. Pour un Hongrois, le mot guerre évoque avant tout le combat, le choc physique, direct. Or, aujourd’hui, l’Europe ne mène pas une telle guerre : aucun soldat des États membres de l’Union européenne ne stationne sur le territoire ukrainien ; ou, si c’est le cas, ce n’est que secrètement et pour des missions très limitées, et en aucun cas sur la ligne de front. Autrement dit, les citoyens européens, au sens physique, ne combattent pas. Et pourtant, l’Union européenne se considère comme une entité en guerre. Cela signifie que nous ne nous battons pas nous-mêmes, mais que nous faisons combattre d’autres à notre place. Autrefois, on appelait cela une guerre par procuration. Le terme voulait dire que ceux qui se trouvaient derrière les belligérants restaient dans l’ombre, afin de ne pas avoir à reconnaître qu’ils étaient en réalité les véritables protagonistes derrière les armées engagées au front. C’est cela qu’on appelait une guerre par procuration. Ce n’est pas le cas, parce que l’Union européenne reconnaît ouvertement que nous sommes en réalité derrière les troupes ukrainiennes qui combattent en première ligne de front. Mieux encore, ils affirment : nous ne pouvons pas perdre, nous gagnerons, donc à la première personne du pluriel. Par ailleurs, les efforts de paix américains se sont heurtés à la résistance des Européens. La dynamique actuelle du conflit russo-ukrainien est donc singulière : le président des États-Unis veut la paix et négocie à la fois avec les Ukrainiens et avec les Russes ; les dirigeants européens, eux, veulent la poursuite de la guerre, refusent de négocier avec la Russie, ne négocient qu’avec l’Ukraine, et mettent tout en œuvre pour entraîner les Américains du côté européen, c’est-à-dire du côté du soutien total à l’Ukraine. Pour simplifier : si les dirigeants européens n’avaient pas sabordé, n’avaient pas tout fait pour empêcher le succès du président américain dans ses pourparlers de paix, un grand accord européen-américain sur la Russie et l’Ukraine aurait déjà été conclu. Cela ne se produit pas parce que, pour diverses raisons, les Européens souhaitent la poursuite du conflit. À Copenhague, c’était il y a deux semaines, j’ai entendu pour la première fois quelqu’un l’exprimer aussi crûment, et particulièrement de la bouche d’un responsable allemand : nous sommes en guerre, nous avons une stratégie de guerre, et l’Union européenne doit gagner cette guerre. La manière de la gagner, m’a-t-on dit, est une guerre de matériel : on entend par là autant des hommes que des ressources matérielles. Dans cette logique, les Russes s’épuiseraient avant les Ukrainiens, que nous, Européens, soutiendrions sans réserve ; cela provoquerait en Russie un chaos économique, puis politique, et c’est par cet affaiblissement que nous gagnerions la guerre, jusqu’au point où les territoires aujourd’hui sous contrôle russe seraient repris par les forces ukrainiennes. C’est l’objectif. Si je vous raconte tout cela, c’est parce que, bien souvent, vous n’en entendez parler que par la presse, sans avoir accès aux discussions directes liées à cette guerre. Or, la réalité, c’est que ceux qui occupent aujourd’hui des postes de décision en Europe disposent bel et bien d’une stratégie de guerre. Entre nous, on en parle ouvertement : il y a moi, qui m’y oppose ; il y en a d’autres dont on sait qu’ils sont contre, mais qui ne disent rien ; et puis il y a la grande majorité des pays, qui participent à cette stratégie, avec un scénario et un plan détaillé, allant jusqu’à la conversion progressive de l’économie européenne en économie de guerre. La question de la guerre et de la paix n’est donc pas une abstraction lointaine, suspendue quelque part au-dessus de nos têtes ou cantonnée au front ukrainien : c’est la réalité quotidienne de la politique européenne. À Copenhague, par exemple, une seule décision visait à débloquer immédiatement 40 milliards d’euros pour l’Ukraine, simplement parce qu’elle avait épuisé ses ressources. Et nous ne parlons pas seulement de guerre et de paix, mais aussi des conséquences économiques, dont l’ampleur est la suivante : jusqu’à présent, l’Union européenne a dépensé environ 180 milliards d’euros pour la guerre, 180 milliards !, et comme les Ukrainiens se retrouvent régulièrement à court de fonds, de nouveaux plans d’aide sont constamment remis sur la table. Le plus récent est un paquet de 40 milliards d’euros, qui, certes, n’a pas été adopté, mais c’est une autre histoire.
Et l’un des sujets les plus délicats, et, s’il ne s’agissait pas d’une guerre, on pourrait presque dire intellectuellement fascinants, concerne la question des avoirs russes gelés, ou plutôt des réserves de change appartenant à la Banque centrale de Russie. Une partie de ces réserves était déposée en Europe, comme c’est le cas pour de nombreux autres pays, notamment arabes, qui préfèrent diversifier leurs réserves en devises, en les plaçant dans différentes monnaies de réserve, y compris l’euro. Or, il s’agit d’une somme considérable, estimée entre 150 et 170 milliards d’euros. À Copenhague, on a discuté de la manière de prélever ces fonds sur le dépôt bancaire où ils sont conservés, et de les affecter, par des montages juridiques très ingénieux et variés, au financement des dépenses ukrainiennes liées à la guerre. Je précise en passant que j’ai pris contact avec les Russes, parce que nous devons savoir que, si une telle mesure devait être adoptée, elle exigerait une décision unanime au sein de l’Union (même si l’on travaille évidemment à des solutions juridiques permettant de contourner l’unanimité), selon la raison commune et la législation en vigueur, une telle décision requiert pour l’instant l’unanimité. C’est pourquoi nous clarifions actuellement avec les Russes quelles contre-mesures seront à attendre si une telle décision était prise au niveau de l’Union. Par exemple, il faut savoir si les biens des entreprises hongroises présentes en Russie seront confisqués ou non. De nombreuses sociétés hongroises, grandes et petites, exercent encore aujourd’hui des activités très dynamiques dans des secteurs non soumis aux sanctions, en Russie. Et si, en guise de représailles, ces entreprises ou leurs actifs venaient à être saisis, il me serait bien difficile d’expliquer pourquoi la Hongrie devrait soutenir la confiscation des avoirs russes gelés, alors même que ce sont en partie les entreprises hongroises qui en paieraient le prix. (Fin de la parenthèse.)
Je vous raconte tout cela pour vous faire comprendre que, lorsqu’on parle de guerre, il ne s’agit pas seulement de vies humaines, même si c’est, bien sûr, l’enjeu essentiel, ni uniquement de destruction, ce qui est tout aussi grave, mais aussi d’argent et d’économie, de sommes colossales et de conséquences économiques majeures. Si vous avez eu l’occasion de parcourir les premières versions du projet de budget pluriannuel de l’Union européenne pour les sept prochaines années, vous avez sans doute remarqué que 20 à 25 % de ce budget, donc un quart des fonds européens, serait, sous différentes formes, destiné à l’Ukraine, alors même que ce pays n’est pas encore membre de l’Union européenne, mais demeure une entité séparée. Pour en revenir à l’essentiel : la question centrale de la politique européenne d’aujourd’hui, et donc celle qui influence le plus directement la vie des Hongrois du bassin des Carpates, c’est bien la question de la guerre et de la paix, plus aiguë aujourd’hui qu’à n’importe quel moment de ces trois dernières années. Le danger que l’Europe entre, s’implique, trébuche ou s’égare dans une guerre, une guerre qui l’entraînerait dans un engrenage d’implication toujours plus profonde, ce danger est aujourd’hui, depuis le début du conflit, à son niveau le plus élevé. Voilà où nous en sommes à cet instant.
La Hongrie a contre-proposition, mais toute proposition ne vaut que par la force qui la soutient ; et, en l’état, cette force pour la Hongrie est d’une ampleur connue : elle n’est en aucun cas décisive dans les débats européens. Cela dit, il reste pour nous un devoir d’honneur, un devoir chrétien, un devoir intellectuel : en tant qu’État membre qui s’oppose à la position dominante, nous devons formuler nos propres propositions, non pas pour faire obstruction ou détruire, mais parce que nous avons une vision du futur claire et différente, et nous voulons convaincre ceux qui pensent autrement ou s’opposent à nous de la valeur et de l’utilité de cette vision. La position de la Hongrie est donc la suivante : l’Europe devrait faire comme les Américains, c’est-à-dire négocier. Il y existait une barrière morale. Après que le président russe a été déclaré coupable de crimes de guerre, il y avait une hésitation morale à savoir s’il était possible de discuter avec une personne placée dans un tel statut. Mais dès lors que le président américain a négocié avec le président russe en Alaska, cette question a été mise entre parenthèses. Et si l’on peut, et l’on doit, négocier avec le Hamas, il n’est pas clair pourquoi on ne pourrait pas négocier avec l’une ou l’autre des parties dans un conflit qui nous concerne beaucoup plus directement et qui est pour nous bien plus important. La proposition hongroise est donc que l’Europe cesse de rester assise dans les gradins, d’attendre d’être invitée à Washington, de se retrouver positionnée dans une rangée de fauteuils devant le bureau du PDG, scènes parfois embarrassantes pour les électeurs européens qui voient leurs dirigeants se faire interroger lors d’une réunion de direction. Ce n’est pas ainsi que nous devrions agir. Nous devrions nous comporter à la hauteur de notre force réelle : agir et négocier de manière autonome en tant qu’Europe vis-à-vis de la Russie, plutôt que d’espérer extraire pour nous une position découlant d’un éventuel accord russo-américain.
Je précise entre parenthèses que les Russes sont environ 140 millions, tandis que la population de l’Union européenne dépasse les 400 millions d’habitants. Le PIB des États membres de l’Union, je ne saurais dire combien de fois, mais de très nombreuses fois, dépasse celui de la Russie. Ainsi, tant sur le plan démographique qu’économique, nous sommes largement supérieurs aux Russes. Et si l’on additionne les budgets militaires des 27 pays de l’Union européenne, leur total dépasse lui aussi de plusieurs fois le budget militaire russe. Autrement dit, même militairement, nous sommes plus forts que la Russie, à l’exception bien sûr de la question de la capacité nucléaire, qui est une autre histoire, mais pour l’heure, il n’est pas question de guerre nucléaire, nous parlons d’un affrontement de forces conventionnelles. La vérité, c’est qu’aujourd’hui, l’Europe est, à tous égards, bien plus puissante que la Russie. Et pourtant, nous donnons l’impression inverse : comme si les Russes étaient forts et nous, faibles. La raison en est simple : les Russes sont prêts à se battre, prêts à sacrifier des vies, du sang, pour atteindre leurs objectifs, et nous, nous ne le sommes pas. Et c’est une bonne chose : car si nous devions utiliser notre puissance militaire pour entrer en conflit direct avec la Russie, cela signifierait inévitablement une troisième guerre mondiale. Il est donc juste que nous refusions de montrer notre force sur le champ de bataille : sur ce point, la position hongroise rejoint celle de l’Union européenne. Mais lorsqu’on possède de la force, il faut bien la manifester quelque part : et si ce n’est pas sur le champ de bataille, c’est à la table des négociations qu’il faut la montrer. Encore faut-il s’asseoir à cette table, et négocier à partir d’une position de force. Or, pour l’instant, cette idée de négocier demeure une position rejetée. Certains écartent catégoriquement, pour des raisons philosophiques ou de principe, toute possibilité de discussion ; et j’ai même entendu un dirigeant déclarer : « Oui, il faudra bien négocier un jour, mais pas maintenant. » Tout cela pour dire que, sous la façade d’unité apparente de l’Union européenne, il existe en réalité des divergences profondes.
Pour conclure sur ce point, la position hongroise reste la suivante : nous devons négocier avec la Russie, chercher un accord. Selon moi, la question centrale de cet accord n’est pas l’Ukraine. L’Ukraine est certes une question importante, mais ce n’est ni la seule, ni la plus essentielle. Il faudrait évidemment bâtir un nouveau dispositif européen de sécurité : clarifier les questions d’armement, quel type d’armes, en quelle quantité, comment les tenir en état de service, quelle taille doivent avoir nos armées, et en faire l’objet d’un traité ; il faudra ensuite mettre en place un mécanisme de contrôle. En effet, à l’ombre de la guerre, les parties ont annulé les accords d’armement conclus au cours des décennies précédentes, accords que chacun considérait jusque-là comme contraignants pour soi. Nous sommes ainsi tombés, du fait même, dans une course aux armements. On voit bien les dizaines et centaines de milliards qui s’envolent pour des investissements d’armement et des dépenses dans l’industrie de défense : cela montre que les anciennes limites, établies par des règles internationales, ont perdu leur force contraignante. C’est problématique, parce que même si la guerre prenait fin, si entre-temps nous nous retrouvions au cœur d’une course aux armements, cela nuirait à l’économie hongroise et, par ricochet, aux Hongrois eux-mêmes. La Hongrie n’est pas en mesure d’affecter une part croissante de son produit intérieur brut à l’armement. Il nous faut détenir un armement raisonnable, suffisant pour garantir notre sécurité, mais entrer dans une spirale concurrentielle d’augmentations continues des dépenses militaires serait contraire aux intérêts du peuple hongrois. Et cette spirale ne peut être interrompue que d’une manière : par un accord international, qui devrait de préférence être conclu entre l’Europe et la Russie. C’est pourquoi c’est la question la plus importante. Ensuite, bien sûr, il y a l’Ukraine, le commerce, les sanctions, l’énergie, une longue liste de sujets, et ces dossiers exigent des négociations approfondies, pas des palabres de deux jours, mais des négociations longues et soutenues pour parvenir à un accord avec les Russes. Dans la période à venir, vous verrez aussi que la question de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne deviendra de plus en plus brûlante, à mesure que les forces armées ukrainiennes n’obtiennent plus de résultats militaires significatifs sur le front. J’ajoute toutefois que la résistance dont les Ukrainiens ont fait preuve jusqu’à présent est en soi un succès extraordinaire, un acte héroïque. Certes, les Européens, pris collectivement, sont bien plus puissants que les Russes ; mais si je compare la Russie à l’Ukraine, la situation est tout autre. Les Ukrainiens partent avec un handicap considérable, et pourtant, ils parviennent à tenir tête à une machine de guerre russe colossale, au prix de sacrifices immenses et d’une résistance héroïque. Malgré tout, l’Ukraine a perdu un cinquième de son territoire, son économie est pratiquement en ruine, et sans le soutien financier de l’Union européenne, elle ne pourrait tout simplement pas fonctionner. C’est nous qui payons les retraites ukrainiennes, nous qui payons les salaires ukrainiens, nous qui finançons l’armée ukrainienne et les achats d’équipement militaire. Les Américains, comme vous le savez, se sont retirés de cet effort : ils ne versent plus un seul centime. Ils vendent leurs armes aux Européens, que nous achetons pour des centaines de milliards, ceux qui le peuvent, bien sûr, et nous envoyons ensuite ces armes en Ukraine. Pour les États-Unis, cette guerre ne coûte désormais plus rien. Et connaissant les Américains, je crois pouvoir dire qu’ils gagnent plutôt qu’ils ne perdent sur ces ventes d’armes, tandis que nous, Européens, jetons l’argent par les fenêtres. Voilà la situation.
Le résultat, c’est que l’économie européenne stagne. Sous l’effet de ce climat et de cette politique de guerre, la guerre étouffe, paralyse le développement économique. C’est particulièrement vrai pour la zone économique allemande : il suffit de regarder les chiffres autrichiens ou allemands pour s’en convaincre. On peut donc affirmer sans grand risque que tant que la guerre durera, l’économie européenne ne pourra pas redémarrer. Au mieux, elle restera dans un état de stagnation, ou, dans le meilleur des cas, sur une trajectoire de croissance quasi imperceptible. Si la guerre prenait fin, si nous pouvions la conclure par la paix ou au moins par un cessez-le-feu, les estimations varient, mais selon moi, la croissance économique triplerait en très peu de temps. Cela signifierait, pour la Hongrie par exemple, qu’au lieu d’une croissance de 1 %, nous atteindrions soudain 3 %. Autrement dit, les difficultés de l’économie hongroise, ses points faibles réels mais limités, ne sont pas structurelles, même s’il y a toujours matière à améliorer une économie, elles sont conjoncturelles, directement liées à la guerre. Ainsi, l’économie hongroise actuelle, telle qu’elle est aujourd’hui, pourrait fonctionner à un niveau bien supérieur si la paix ou le cessez-le-feu étaient enfin obtenus. C’est d’ailleurs une raison supplémentaire, et décisive, pour laquelle le gouvernement hongrois doit persévérer dans sa politique de paix, opposée à la guerre, ne serait-ce que pour le bien-être économique de ses propres citoyens. Voilà, dans les grandes lignes, la question la plus immédiate.
La semaine prochaine, les chefs de gouvernement européens se réuniront, les 22, 23 et 24 octobre, et au moins une autre réunion est prévue d’ici décembre. Et l’ordre du jour portera exclusivement sur la guerre, sur son financement, sur le sort des avoirs russes gelés, et sur l’accélération de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne. La bonne nouvelle, peut-être, c’est que nos voisins slovaques, dont les intérêts économiques fondamentaux sont tout aussi gravement touchés par la guerre que les nôtres, ne sont plus seuls : il semble que les Tchèques s’orientent eux aussi vers une autre voie, à condition, bien sûr, que la volonté des électeurs tchèques se traduise effectivement dans la formation du gouvernement. Car, si je vois bien, les élections ont été remportées par un parti ou un groupe de partis plus rationnels, ancrés dans le bon sens, les Patriotes. Mais la formation du gouvernement ne se fait manifestement pas du jour au lendemain, et comme le système de pouvoir tchèque est beaucoup plus fragmenté que le nôtre, le processus sera sans doute plus long que ce à quoi nous sommes habitués en Hongrie. Quoi qu’il en soit, si le nouveau gouvernement tchèque voit le jour, nous serons alors quatre chefs de gouvernement sur vingt-sept au sein du Conseil européen à être plus ou moins ouvertement partisans de la paix, à défendre le bon sens et à rejeter toute centralisation bureaucratique bruxelloise : les Italiens, les Slovaques, les Tchèques et nous, les Hongrois. Cela fait déjà quatre États. Et compte tenu du fait que la situation en Pologne est très instable, avec un président polonais manifestement porteur d’une stratégie différente de celle du gouvernement, le président, comme vous le savez, étant élu au suffrage direct, nous pouvons nourrir un réel espoir : si nous sommes déjà trois, et que les Polonais, disons, ne sont qu’à moitié éloignés, alors le Groupe de Visegrád, le V4, pourrait bien renaître et repartir de l’avant.
La Hongrie assure actuellement la présidence du Groupe de Visegrád (V4), de juillet de cette année jusqu’à juillet prochain, donc encore pour une période assez longue. J’attends avec intérêt le résultat de la formation du gouvernement tchèque, car si nous sommes trois, nous tenterons de relancer le V4, cette forme de coopération très réussie, qui a bien fonctionné jusqu’à une époque récente, avant d’être, disons-le franchement, paralysée et démantelée avec la participation active de Bruxelles et de Berlin. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil : c’est le même schéma historique que celui que vous connaissez bien depuis deux ou trois siècles. Celui d’un espace situé entre le monde germanique et le monde slave russe, un espace qui, chaque fois qu’il parvient à s’organiser, s’unir et défendre ses intérêts, se crée inévitablement de nombreux adversaires. Ils sont nombreux, en effet, ceux que ne satisfait pas l’idée d’un grand bloc politique et économique centre-européen, fort de plus de soixante millions d’habitants, et fonctionnant de manière coordonnée. Et si nous quatre ne faisons pas preuve d’une détermination suffisante, ces pressions extérieures peuvent aisément faire éclater notre coopération, comme cela s’est produit tout récemment. Voilà, en résumé, la situation actuelle de l’Europe, telle qu’elle se présente à cet instant.
Nous devons saluer les acteurs de l’économie hongroise, qui, malgré des circonstances aussi difficiles, parviennent à faire fonctionner le pays tout en menant de front trois programmes d’envergure historique. Je considère cela comme un véritable exploit. Nous mettons actuellement en œuvre le plus grand programme d’accès à la propriété de l’histoire de la Hongrie, avec un crédit au logement exceptionnellement avantageux, à l’échelle de notre pays, pour les primo-accédants, un programme qui suscite un immense intérêt et une large participation. Nous menons en parallèle un programme de soutien au financement des petites et moyennes entreprises hongroises, également à taux préférentiels, et, dans le même temps, le plus vaste programme de réduction d’impôts d’Europe. Depuis le 1er octobre, les mères de trois enfants ou plus ne paient plus d’impôt sur le revenu jusqu’à la fin de leur vie, et à partir de janvier, nous commencerons à étendre ce dispositif aux mères de deux enfants. Dans le même esprit, les réductions fiscales liées aux enfants seront doublées en deux étapes : la première a déjà eu lieu, la seconde interviendra le 1er janvier. Et tout cela, alors même que la guerre absorbe nos ressources, notre énergie, notre sang et notre argent, alors que tous les maux économiques liés au ralentissement dû à la guerre pèsent sur l’économie hongroise. Et pourtant, l’économie hongroise parvient à faire tourner ces trois programmes simultanément, preuve qu’il y a de la vitalité, de la force et du souffle dans les acteurs de notre économie. Voilà donc où en est notre environnement immédiat aujourd’hui.
Si je peux me permettre de regarder un peu plus loin, je ne sais combien de temps il me reste, mais si je le peux, je dirais que j’ai relu ce dont nous parlions l’an dernier, et nous parlions alors d’un monde ancien, celui que nous connaissions, en train de se secouer, de se désagréger. Depuis, une année s’est écoulée, et nous pouvons dire que le monde qui émerge pour remplacer l’ancien, ce que l’on pourrait appeler un nouveau partage mondial, est en train de naître. Ses formes commencent à se dessiner, comme celles d’un nouveau-né : ce n’est pas encore un système pleinement développé, mais ses contours sont désormais visibles, suffisamment pour que nous puissions estimer dans quel type de monde nous vivrons au cours des quinze à vingt prochaines années. Ce qui s’est produit au cours de l’année écoulée, c’est précisément cela : les contours du nouvel ordre mondial sont devenus perceptibles.
L’événement le plus important survenu depuis notre dernière rencontre est le tournant politique radical qui s’est produit aux États-Unis. En janvier de cette année, un gouvernement nouveau est entré en fonction, et, pour simplifier, à la place des anciens gouvernements que l’on pourrait qualifier de globalistes, c’est un gouvernement patriote, ou, pour employer un mot que l’on doit manier ici avec prudence, nationaliste, qui a pris le pouvoir aux États-Unis. Ce gouvernement cherche à préserver le rôle de leadership mondial des États-Unis, dans l’économie comme dans la politique internationale, au prix de changements profonds. Mais ce qui est, pour nous, le plus important, c’est que cette nouvelle direction américaine est revenue du terrain idéologique à celui du bon sens, et qu’elle conduit une politique de bon sens, une politique de paix, partout dans le monde.
Le deuxième élément marquant qui façonne ce nouveau monde, c’est le début des négociations de paix entre les Russes et les Américains. Je suis convaincu qu’ils parviendront à un accord : le sort de l’Europe sera donc décidé entre les États-Unis et la Russie ; la seule question est de savoir si les Européens auront leur mot à dire dans ce processus.
Enfin, le troisième développement majeur, qui trace lui aussi les lignes de ce nouvel ordre mondial, c’est l’émergence d’un nouvel ensemble de coopérations internationales, en dehors des États-Unis, appelons-le le monde de l’Est, ou BRICS, si vous préférez. Et là, un tournant inattendu s’est produit : les deux plus grandes puissances non américaines, longtemps liées par une relation ambiguë et concurrentielle, se rapprochent désormais à grands pas : il s’agit de la Chine et de l’Inde. Cela n’est évidemment pas sans lien avec le fait que les Américains, pour une raison mystérieuse, ont décidé d’imposer aux Indiens des droits de douane supérieurs à 100 %. Par cette décision, après les Russes, ce sont désormais les Indiens qu’ils ont poussés dans un système d’alliances dépourvu de tout élément américain ou occidental. Ainsi, quoi qu’on en pense, et quelles qu’en soient les raisons, on voit se renforcer et se clarifier le système de coopération du monde oriental.
Le quatrième développement majeur, qui nous donne également une indication sur les vingt années à venir, c’est le processus de paix au Proche-Orient, autour duquel subsistent, bien sûr, de nombreuses illusions. Ce qui s’est passé est un immense progrès : des otages ont été libérés, et, pour l’heure, les parties ne s’entretuent pas, ce qui, comparé aux années écoulées, est déjà une réussite considérable. Mais cela n’est que le premier chapitre de l’accord. Le deuxième chapitre sera beaucoup plus complexe : il vise à replacer l’ensemble de la bande de Gaza dans un nouveau système administratif, militaire et économique. Et dans ce domaine, les zones d’ombre sont bien plus nombreuses que les points clarifiés : il y a bien des accords signés, des orientations tracées, des intentions affichées, mais les traduire en scénarios politiques concrets et applicables demandera encore de longs mois de travail, et le processus ne sera pas linéaire, il y aura des ralentissements, des revers, comme c’est toujours le cas au Proche-Orient.
Autre fait important : à cause de la guerre, l’Union européenne est incapable d’enrayer le déclin constant de sa part dans l’économie mondiale. Le chiffre le plus alarmant, auquel nous devons nous confronter, est le suivant : vers 2007-2008, la part respective des Américains et des Européens dans le PIB mondial s’élevait à environ 25 %. Les États-Unis se maintiennent encore aujourd’hui dans la même fourchette, autour de 23 à 25 %. Mais la part de l’Europe, elle, est tombée en dessous de 18 %. Et cette tendance se poursuit. Ainsi, la marginalisation économique de l’Europe dans l’économie mondiale ne semble pas être un phénomène passager, mais bien une tendance durable pour les quinze à vingt prochaines années.
Mesdames et Messieurs,
Pendant que ces grands bouleversements se produisent, il se passe quelque chose d’encore plus profond, difficile à dire si c’est en dessous, au-dessus ou derrière tout cela, mais qui détermine fondamentalement l’évolution de notre destin, et qui, pourtant, attire beaucoup moins l’attention que les phénomènes visibles à la surface. Je veux parler de l’immense transformation technologique en cours, celle dont, il y a encore quelques années, nous parlions comme d’un scénario de science-fiction. Des inventions, des innovations, des phénomènes autrefois réservés aux romans de science-fiction deviennent désormais banals dans notre vie quotidienne, et ces progrès technologiques s’intègrent à une vitesse fulgurante dans le fonctionnement des pays les plus développés de l’économie mondiale, y compris chez nous, en Hongrie. Leur impact sera explosif dans les années à venir : dans deux ou trois ans, cette vague technologique défoncera littéralement la porte. C’est le cas, par exemple, de la robotisation, où de nouvelles dimensions s’ouvrent ; ou encore du secteur de l’énergie, où la capacité de stockage des énergies renouvelables progresse de manière exponentielle, mois après mois, grâce aux développements chinois. Et bien sûr, l’intelligence artificielle, dont nous parlons beaucoup mais que nous connaissons encore mal. Il est pourtant clair désormais que les services fondés sur l’IA ont fait leur entrée dans notre vie quotidienne. Je vous dis cela en simple observateur curieux des technologies modernes : autrefois, on disait « il faut googliser quelque chose ». Si je disais ça aujourd’hui, mes enfants se moqueraient de moi. En effet, maintenant, ce n’est plus « Google » qu’il faut consulter, mais une machine à qui l’on parle, on lui pose une question, elle nous répond, et si l’on en pose d’autres, elle affine encore ses réponses. Eh bien, je travaille moi aussi désormais de cette manière. Aujourd’hui, quand j’ai soudain besoin d’une information, je ne tape plus sur un clavier : je la dicte à la machine, je lui dis « dis-moi… », et elle me répond. Et tout cela accélère, transforme et bouleverse nos façons de faire. L’un des développements les plus importants des prochaines années sera précisément l’exploitation, l’organisation et l’intégration rapide dans la prise de décision de l’immense masse de données accumulée par le monde au cours des trente dernières années, car c’est d’abord notre capacité à produire des données qui a explosé. Et désormais, leur utilisation progresse à toute vitesse. C’est une transformation totale. La préservation de ces gigantesques bases de données exige des avancées technologiques colossales, des superordinateurs, pour le dire simplement, et leur alimentation nécessite des centrales nucléaires. Autrement dit, le fonctionnement d’un grand centre d’intelligence artificielle requiert une quantité d’énergie électrique considérable, qu’on ne peut satisfaire qu’avec des investissements énergétiques entièrement nouveaux. Même Paks n’y suffirait pas. Ce n’est donc pas un hasard si l’on voit apparaître, bien qu’ils ne soient pas encore en service, ces petites centrales nucléaires mobiles, qu’on peut installer à proximité d’un grand centre de données ou d’un complexe industriel, et qui peuvent fournir leur propre électricité sans se raccorder au réseau national. Tous ces changements sont déjà devant nous.
Et la question clé, c’est que, malgré la guerre, malgré le recul de la compétitivité en Europe, et alors même que nous menons déjà trois grands programmes économiques simultanément, la Hongrie ne doit pas rester figée dans le présent. Elle doit faire partie de ces processus et de ces développements qui vont enfoncer la porte du futur. Pour cela, il faut préserver notre politique étrangère actuelle, celle qui rejette le cloisonnement en blocs et s’ouvre à toutes les régions du monde, en cherchant partout à acquérir le savoir et les innovations technologiques les plus avancés, ceux dont la Hongrie a le plus besoin. Nous ne devons nous aligner sur personne, ni sur les Chinois, ni sur les Américains, ni sur quiconque, mais, en tirant parti de notre position, nous devons rassembler les meilleurs éléments, de la production d’énergie à la robotisation et l’intelligence artificielle, et les intégrer dans une stratégie d’avenir proprement hongroise. C’est László Palkovics, commissaire du gouvernement, qui a accepté de coordonner ce travail. Et pendant que, bien sûr, la politique quotidienne reste dominée par les relations internationales, la guerre et les données économiques, il faut qu’existe, du point de vue de la communauté hongroise du bassin des Carpates, un centre gouvernemental de connaissance et de réaction, chargé d’évaluer en permanence le développement technologique moderne, afin d’empêcher que nous soyons exclus du futur. Car ceux qui ne participent pas à ces évolutions peuvent être performants aujourd’hui, mais ils seront inévitablement absents du monde de demain — ou d’après-demain. Cela demandera un effort considérable.
Je ne sais pas dans quelle mesure nos organisations au-delà des frontières disposent de ce type de capacité. Évidemment, l’UDMR en dispose, puisqu’elle participe au gouvernement et a donc accès au savoir et aux ressources de l’État, et nous avons aussi l’Université Sapientia, où l’on peut étudier ces questions. Mais j’encourage tout le monde : ceux qui, dans leur propre pays, ont accès à la connaissance sur les technologies modernes, à observer, comprendre et transmettre ce qu’ils voient. Je ne parle pas ici d’espionnage industriel, il existe des institutions prévues pour cela, et je ne demande pas que la Conférence permanente hongroise s’en charge, mais chaque idée, chaque remarque, chaque intuition, chaque découverte est précieuse. C’est pourquoi je demande aux organisations membres de la MÁÉRT de se pencher sur cette question. Zsolt, je te demande expressément que, à côté des thèmes traditionnels liés aux minorités, vous intégriez aussi la collecte et la systématisation des connaissances liées aux technologies d’avenir. Créez un forum afin que tous ces savoirs ne restent pas dispersés, mais puissent être rassemblés et partagés. Je suis convaincu que le ministre et commissaire gouvernemental László Palkovics se tiendra à votre disposition pour cela.
Après quoi, je voudrais dire quelques mots sur nos relations avec nos voisins, car ce sont sans doute ces relations qui représentent, pour les organisations ici présentes, les tâches les plus concrètes, dès demain matin. Nous avons déjà parlé de l’Ukraine, il n’est donc pas nécessaire d’y revenir longuement. Nous sommes dans une situation très difficile. L’Ukraine est hostile à la Hongrie, et cela n’est jamais sans conséquence pour une minorité vivant sur le territoire d’un pays qui nous est hostile. Ils sont profondément intégrés dans la politique et l’économie hongroises. L’Ukraine, malgré toutes ses faiblesses, est un pays sérieux, notamment si l’on parle de sa capacité d’influence extérieure, et il faut la prendre au sérieux. Il faut bien voir qu’une dizaine de millions d’Ukrainiens environ ont quitté leur pays pour l’Europe occidentale, certains d’entre eux avec des missions précises, et une partie s’est installée ici même, en Hongrie. Ils y ont tissé des liens solides, de la sphère médiatique à la politique, en passant par le monde économique. Ils ont une idée claire de la manière dont la politique étrangère hongroise actuelle, souverainiste, devrait être modifiée pour devenir plus favorable à l’Ukraine. Il ne sert à rien de réagir avec émotion à ce phénomène. À situation inversée, nous ferions probablement la même chose, peut-être avec un peu plus d’élégance, car nous sommes Hongrois, et nous saurions ne pas confondre une demande avec une exigence, mais cela ne change rien sur le fond. Il est évident que l’intérêt de l’Ukraine est d’impliquer le plus grand nombre possible de pays européens dans une guerre qui est, pour elle, une question vitale. C’est pourquoi je ne recommande pas de céder à la colère ni à l’agacement. Il faut garder notre calme, et gérer cette relation ukraino-hongroise, certes hostile, tendue et difficile, avec sang-froid et bon sens. Restons maîtres de nous-mêmes, et rappelons-nous constamment l’importance de garder la tête froide. Il faut donc rester calmes et lucides, sans jamais renoncer aux intérêts hongrois, tout en soutenant nos communautés au-delà des frontières, parce qu’elles traversent une période extrêmement difficile, et les mois à venir s’annoncent encore très éprouvants, jusqu’à ce que la guerre puisse, à l’issue d’un long processus de négociations, trouver un point d’apaisement, qu’il s’agisse d’un cessez-le-feu ou d’un accord de paix. Quoi qu’il en soit, je veux donner ici, publiquement, aux responsables présents venus d’Ukraine, la garantie solennelle que la Hongrie se tient pleinement et sans réserve derrière la minorité hongroise de Transcarpatie. Cette communauté hongroise peut compter sur nous en tout point : il n’existe aucune ressource nécessaire à sa survie et à son maintien que nous ne pourrions ou ne voudrions mettre à sa disposition.
S’agissant maintenant de la coopération avec la Roumanie, nous traversons une période où les relations roumano-hongroises ne sont pas au centre des priorités. Le pays a suffisamment de problèmes internes à gérer, et un immense travail à accomplir pour assurer la stabilité de son économie. Je tiens à féliciter l’UDMR pour sa capacité à tenir bon dans une situation extrêmement difficile, je ne sais même pas si elle est vraiment gérable, dans un pays où le déficit budgétaire de 8 à 9 %… donc selon les chiffres roumains eux-mêmes, un déficit avoisinant les 9,4 %, et où s’ajoute un double déficit jumeau. Assumer des responsabilités gouvernementales dans de telles circonstances, sans perdre la confiance de ses électeurs, sans perdre la confiance des Roumains, cette confiance qui s’appuie sur la compétence reconnue de l’UDMR, et sans épuiser son capital politique au sein même de l’élite dirigeante, c’est un véritable tour de force. Je ne peux donc qu’adresser mes félicitations au président et à toute l’équipe de l’UDMR, qui, depuis des mois, enchaînent les prouesses pour tenir le cap dans ces conditions difficiles. Je ne sais pas si nous pouvons leur apporter une aide utile, ou si, parfois, notre aide pourrait involontairement compliquer les choses, mais cela, ce n’est pas à nous d’en juger : ce sera à l’UDMR d’en décider. Mais je veux dire à M. Hunor Kelemen que la Hongrie se tient naturellement à disposition. Après tout, c’est nous qui avons fait entrer la Roumanie dans l’espace Schengen, pour le dire simplement, et sans nous, elle n’y serait sans doute jamais parvenue. Cela crée une base de confiance. Et avec le nouveau Premier ministre roumain, rien n’a été compromis jusqu’ici. Nous avons donc, si je puis dire, de grandes possibilités devant nous. Rien n’est perdu, et nous pouvons maintenir les relations bilatérales roumano-hongroises dans un cadre raisonnable, ce qui, à mon avis, peut aussi faciliter le travail de l’UDMR en Roumanie.
Il n’est sans doute pas nécessaire de parler longuement de l’Autriche, la situation y est assez claire. Les patriotes ont remporté les élections, mais on ne les laisse pas former de gouvernement. Voilà ce qu’est, pour l’heure, la démocratie allemande, ou plutôt la démocratie germanique. Dans l’autre Allemagne, le parti bénéficiant du plus fort soutien populaire est constamment menacé d’interdiction. Autant dire que, dans le monde germanique, les problèmes ne manquent pas. Nos relations avec le chancelier autrichien sont équilibrées, et au sein du Conseil, nous coopérons chaque fois que cela est possible. Les Autrichiens ne sont pas connus pour défendre bruyamment leurs positions, ils ont donc toujours besoin d’un peu de renfort. comme l’histoire l’a souvent montré, nous avons toujours su répondre présents à cette tâche, dans la mesure où cela sert nos intérêts, nous sommes disposés à le faire aujourd’hui encore. Nous espérons simplement qu’un jour ou l’autre, le parti qui remporte les élections pourra former le gouvernement en Autriche. Ce serait intéressant, après tout : ailleurs, cela arrive que le parti vainqueur des élections forme le gouvernement, peut-être pourrait-on tenter l’expérience en Autriche aussi ?
En ce qui concerne les relations entre la Serbie et la Hongrie, nous sommes reconnaissants à nos responsables politiques de Voïvodine. Nous pourrions bien tenter, depuis Budapest, de bâtir un partenariat stratégique entre Belgrade et la Hongrie, mais la distance est trop grande : un pont sans appui ne peut tenir debout. Et cet appui, c’est dans le Sud, en Voïvodine, à Subotica, que ce pont doit le trouver, et il le trouve effectivement. Je tiens donc à remercier M. le président Pásztor pour la continuité du travail entrepris par son père. Je sais que la situation est difficile, et il ne m’appartient pas de commenter la politique intérieure serbe, mais nous espérons que la ligne actuelle de la Serbie traversera cette période sans dommage, et que la coopération stratégique entre la Serbie et la Hongrie se poursuivra intacte. Je ne veux pas m’aventurer trop loin, mais si en Pologne, l’ordre naturel se rétablit, si les Tchèques parviennent à former leur gouvernement, si la Slovaquie tient bon, si la Hongrie continue de résister, si en Autriche, on tente enfin l’expérience d’un gouvernement issu du parti vainqueur, et si les Serbes maintiennent leur politique étrangère fondée sur le bon sens, alors nous verrons émerger un bloc centre-européen très puissant. Certes, ces pays n’ont pas des intérêts identiques en tout point, mais leurs intérêts stratégiques essentiels peuvent être harmonisés. Cela donnerait une Europe tout à fait différente, d’autant plus que le potentiel de croissance économique de notre région dépasse largement celui des pays d’Europe occidentale. Ils sont, bien sûr, plus riches et plus capitalisés, mais l’avenir ne se trouve pas de leur côté : il se trouve du côté des pays d’Europe centrale. Et si nous parvenons à fédérer ces pays dans un tel système, cela pourrait transformer le visage de l’Europe pour les quinze ou vingt années à venir.
Quant à la Croatie, nos relations sont particulières. À chaque sommet européen, je m’entretiens avec le Premier ministre croate. La Croatie affiche de très bons indicateurs macroéconomiques, de beaux chiffres de croissance, mais sa population diminue continuellement, ce qui soulève, pour elle aussi, des questions stratégiques d’ordre national. Pour ce qui est des travailleurs à l’étranger, la proportion de Hongrois travaillant hors du pays est à peu près équivalente à celle des Autrichiens. Ainsi, nous ressentons beaucoup moins que d’autres pays d’Europe centrale les effets négatifs et destructeurs de l’émigration de la main-d’œuvre et des talents. Je ne dis pas que nous en sommes totalement épargnés, mais la proportion oscille entre 6 et 7 %, ce qui correspond au taux autrichien de travail à l’étranger. Tous les autres pays d’Europe centrale connaissent des difficultés bien plus graves, et cela est particulièrement vrai pour la Croatie. Je tiens à féliciter les représentants des Hongrois de Croatie, car j’ai constaté que, lors de toutes mes discussions avec le Premier ministre croate, revient toujours la même appréciation : les Hongrois vivant en Croatie sont des partenaires fiables, prévisibles et compétents, tant dans la gouvernance que dans la constitution de majorités gouvernementales. Ce n’est pas une mince réussite, et je veux vous en remercier sincèrement.
Si nous nous tournons maintenant vers la Slovénie, nous voyons qu’il y aura des élections, au plus tard en mars, si je ne me trompe pas. D’ailleurs, c’est souvent le cas : les Slovènes votent un ou deux mois avant les Hongrois, comme cela a déjà été le cas lors des dernières élections. La Slovénie est un pays mystérieux. Ce n’est pas ici, dans ce cadre public, que je m’étendrai sur la question, mais beaucoup plus de choses du passé y ont survécu que nous ne l’imaginons. Nous voyons une Slovénie occidentalisée, de tout temps le pays le plus développé de la région, dans le sillage des Autrichiens. Ils ont été les premiers à adopter l’euro, et tout, dans le pays, donne une impression très occidentale. Mais si l’on regarde la structure du pouvoir, c’est un pays extrêmement complexe, et nos représentants hongrois sur place le savent bien : tenir bon en Slovénie n’est pas chose facile. J’espère vivement que la période à venir, après les élections, sera plus favorable, qu’elle sera plus clémente pour les Hongrois de Slovénie que les trois ou quatre années difficiles que nous venons de traverser. Les Slovènes sont le seul pays avec lequel nous ne parvenons pas à un accord sur la construction d’un gazoduc. Avec tous les autres pays, nous avons réussi à diversifier nos réseaux d’approvisionnement. Or, il est dans l’intérêt vital de la Hongrie d’être reliée, avec une grande capacité, au puissant système énergétique italien. Mais avec la Slovénie, nous n’arrivons toujours pas à nous entendre, je ne sais même plus depuis combien de temps. Nous avons réussi dans le domaine de l’électricité, mais pas dans celui du gaz. Et pourtant, cela représenterait un immense avantage pour la Hongrie, car par le système italien, nous pourrions accéder aux ressources pétrolières et gazières d’Afrique du Nord, et aux réseaux d’acheminement correspondants. Mais il est très difficile de parvenir à un accord avec les Slovènes sur ce point. Cela montre bien que la Slovénie est un pays clé, mais pas un partenaire simple.
Et puis, il y a nos compatriotes du Haut-Pays, les Hongrois de Slovaquie. Je dirais que, si quelqu’un nous avait dit, il y a quinze ans, que, le jour où le Premier ministre hongrois, mettons, parce qu’une fête nationale coïncide avec une réunion du Conseil européen, ne pourrait pas y assister en personne, et qu’il faudrait mandater quelqu’un pour représenter la position de la Hongrie, et que cette personne serait le Premier ministre slovaque, eh bien, nous aurions ri aux éclats et recommandé un examen psychiatrique immédiat du chef du gouvernement hongrois. Et pourtant, voici où nous en sommes aujourd’hui. Certes, les détours polonais y ont un peu contribué, mais la situation est aujourd’hui la suivante : si, pour une raison ou une autre, disons, à cause de la fête nationale du 23 octobre, le Premier ministre hongrois ne peut pas assister aux premières heures d’une réunion du Conseil, et qu’il faut quelqu’un en qui nous ayons confiance pour représenter la position de la Hongrie sans rien dissimuler, ni par commodité, ni par lâcheté, alors nous pouvons aujourd’hui demander au Premier ministre slovaque de le faire. Et cela, c’est possible. C’est un signe très encourageant, et en même temps riche d’enseignements pour l’avenir. Il n’existe pas de relation désespérée. Je ne prétends pas que tous les conflits accumulés par l’histoire puissent être résolus dans un avenir prévisible. Il existe en effet des vérités qui s’excluent mutuellement, cela arrive, et on ne peut pas les concilier du jour au lendemain. Mais il est toujours possible de coopérer, de s’entraider, et de s’accorder sur certains points. À cet égard, la relation entre la Serbie et la Hongrie est un excellent exemple, et celle entre la Slovaquie et la Hongrie l’est tout autant : la petite anecdote que je viens de vous raconter en témoigne sans doute. Nous allons encore construire des ponts. Nous venons de célébrer l’anniversaire de l’inauguration du pont d’Esztergom, et nous préparons la construction d’un nouveau grand pont routier sur le Danube. Nous travaillons également, avec la Slovaquie, à la mise en œuvre d’un vaste programme économique commun. La Slovaquie est désormais devenue notre troisième partenaire commercial, ce qui représente un immense progrès par rapport aux périodes précédentes. Autrefois, presque tous nos voisins se tenaient à distance de toute interconnexion : ils considéraient les liens entre les zones frontalières, de part et d’autre de la frontière, comme une menace pour leur économie nationale ou leur sécurité. De cela, il ne reste pratiquement plus rien, et rien du tout dans le cas de la Slovaquie. Certes, certains partis politiques tiennent encore parfois ce discours, mais ce n’est plus la position des gouvernements. Ainsi, le renforcement des liaisons entre le Haut-Pays, le sud de la Slovaquie, et les régions hongroises est devenu un objectif communément partagé par les gouvernements slovaque et hongrois.
J’espère n’avoir oublié personne. Ne parlons pas maintenant de nos futurs voisins, ce sera pour une autre occasion. Quoi qu’il en soit, je vous remercie sincèrement d’avoir écouté tout cela avec patience.
Je veux aussi adresser quelques mots de gratitude à notre diaspora, car la période écoulée n’a pas été facile pour elle non plus. J’imagine que la situation varie selon les pays, mais disons que, si l’on parle avec les coiffeurs, les chauffeurs de taxi ou les supporters de football, le prestige de la Hongrie est plutôt bon. En revanche, si l’on parle avec des journalistes ou des politiciens, il l’est beaucoup moins. Et comme l’opinion publique est avant tout façonnée par les médias, les Hongrois de la diaspora ont dû faire preuve d’un réel courage et fournir de grands efforts à de nombreuses reprises pour défendre les décisions de la Hongrie. Je ne peux que vous encourager en vous disant ceci : il y a peut-être un brin d’orgueil dans la phrase selon laquelle les Hongrois n’ont pas raison, mais ils finiront par avoir raison, mais il y a aussi beaucoup de vérité. L’exemple de la migration en est une source d’inspiration. À l’époque, le monde occidental tout entier, y compris les États-Unis, où soufflaient alors d’autres vents, s’opposait à nous. La migration apparaissait comme une bénédiction globaliste, comme la promesse d’un monde nouveau, presque biblique, où l’agneau et le loup reposeraient ensemble. L’idée était qu’avec ces masses humaines venues de cultures étrangères, nous saurions construire une coexistence éclairée et sublime. Mais la réalité a montré qu’il n’en est rien, du moins pas demain matin. Ces processus exigent beaucoup de prudence. Il faut savoir dire non, il faut savoir arrêter de telles masses, et pour cela, nous avons été fustigés pendant des années. Or aujourd’hui, il n’y a plus un seul pays d’Europe occidentale, ni même aux États-Unis, où l’on ne partage pas notre point de vue. On ne dit pas toujours que c’est la position hongroise, mais ce que l’on dit désormais est exactement ce que nous disons depuis 2015. Et croyez-moi, il en ira de même pour la guerre. Et croyez-moi, il en ira de même pour la guerre. Je sais que c’est difficile, car les médias libéraux et progressistes, alliés aux élites au pouvoir, soutiennent une politique étrangère pro-ukrainienne, et donc pro-guerre, prétendument fondée sur une morale supérieure. Mais c’est une stratégie condamnée à l’échec, une impasse politique, exactement comme l’était la politique migratoire à l’époque. Dans un an ou deux, il apparaîtra clairement que la position hongroise était la bonne, celle qui, en partant des intérêts réels de l’Europe, a suivi une politique étrangère fondée sur le bon sens et la modération dans le dossier de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Je sais bien qu’aujourd’hui, cela ne semble pas encore évident. Mais je le vois, je le sais, et je vous remercie de tenir bon dans cette période difficile, de défendre la position de la Hongrie avec un courage défiant les médias, ce qui n’est, après tout, pas si loin d’un courage défiant la mort. Alors, merci à tous les Hongrois de la diaspora pour leur constance et leur engagement au cours de ces dernières années.
En résumé, je peux dire que la politique nationale que Zsolt Semjén a fondée sur une base philosophique solide et présentée dans son introduction s’applique tout aussi bien à un niveau plus concret, celui de la politique nationale pratique. Et je crois qu’il n’y aura aucun changement dans cette orientation à l’avenir. Les élections sont encore loin, je ne veux pas en parler, ce n’est pas la raison de notre rencontre. Mais je suis convaincu que la Hongrie, dans son état d’esprit et dans sa conscience nationale, est désormais à un stade où les forces politiques qui voudraient, disons, retirer le droit de vote aux Hongrois de l’étranger, ou rompre le lien fort que nous entretenons avec les communautés hongroises au-delà des frontières, ou encore refuser de comprendre que chaque forint investi dans ces communautés est vital aussi pour les Hongrois vivant en Hongrie, eh bien, ces forces-là ne pourront pas gouverner notre pays. En somme, le changement intervenu au cours des quinze dernières années, notamment par rapport à décembre 2004, est désormais irréversible : il n’y aura pas de retour à cette époque où la nation hongroise était perçue non comme un tout, mais comme une mosaïque de communautés vivant sur les territoires d’autres États, des communautés dont la Hongrie n’aurait pas eu à assumer la responsabilité. Cette époque est révolue. Et, j’en suis convaincu, elle ne reviendra pas. Les Hongrois au-delà des frontières peuvent donc regarder l’avenir avec confiance, y compris en vue des prochaines élections hongroises.
Ce n’est pas là une déclaration partisane, même si, bien sûr, j’ai mon opinion politique. L’essentiel, c’est que ce concept de « champ de force central », dont vous vous souvenez peut-être, existe toujours. Nous avons introduit cette notion vers 2010. Mais, par la superficialité du journalisme, pardonnez-moi cette remarque à nos amis journalistes, on l’a souvent mal comprise. On a cru qu’il s’agissait de dessiner une carte politique, avec un centre entouré de forces à droite et à gauche, et que les forces situées au centre seraient toujours celles qui obtiendraient la majorité nécessaire pour gouverner. C’est une interprétation, certes, mais ce n’était pas le sens d’origine. Comme c’est moi-même qui ai introduit ce concept, je m’en souviens très bien : il ne s’agissait pas de positions de pouvoir, mais de thèmes fondamentaux autour desquels bâtir un champ de force central. L’idée était d’amener la société hongroise à reconnaître trois ou quatre grands thèmes essentiels, qui forment le noyau de la politique nationale, et que, quelle que soit l’alternance politique, ce noyau demeure intact. Et ces thèmes sont le soutien aux familles, l’économie fondée sur le travail, et l’unité de la nation, car les frontières délimitent les États, mais non la nation, et cela doit se refléter dans la politique. Voilà le véritable champ de force central. Et je crois qu’aujourd’hui, sur le plan des idées, il existe bel et bien. Je ne dis pas que le reste soit sans importance, mais, à mes yeux, il est secondaire de savoir quelles forces politiques occupent telle ou telle position autour de ces thèmes essentiels. Car ces sujets, sans devenir des tabous, sont devenus des bases politiques et culturelles centrales, intouchables en pratique. Non pas parce qu’ils seraient protégés par un sacré mystère, quoique, pourquoi pas, mais simplement parce que celui qui s’y attaque perd immanquablement la confiance des électeurs, et ne peut ni la conserver, ni la conquérir. Je crois que ce travail, engagé il y a une douzaine d’années, a bien progressé. Je souhaite, pour nous tous, que nous n’ayons jamais à mettre à l’épreuve la solidité de ces fondements, qu’on les laisse en paix, tels qu’ils sont. Mais j’ai la conviction que, grâce à notre effort commun, les organisations hongroises au-delà des frontières, et les communautés hongroises elles-mêmes, dans leur vie personnelle, familiale et collective, reposent aujourd’hui sur des bases solides, à la fois financières, politiques et juridiques.
C’est un grand accomplissement du travail de ces dernières années. Et puisque la prochaine réunion de la MÁÉRT aura lieu après les prochaines élections, il est juste et naturel que je vous remercie, vous, membres de la MÁÉRT, pour le soutien que vous avez apporté au cours de ces quinze dernières années. Je suis heureux d’avoir pu travailler avec vous, et je ne souhaite rien de plus que de poursuivre ce travail ensemble lors de la prochaine MÁÉRT.
Merci beaucoup pour votre attention.