Discours de M. Viktor Orbán, premier ministre de Hongrie, sur l’état de la Nation
Budapest, le 12 février 2022

Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Mesdames et Messieurs,
Bonjour !

Voilà bien longtemps que nous ne nous sommes pas rencontrés, et cela fait du bien d’être enfin ensemble. L’année dernière, à cette époque, notre rencontre habituelle a dû être reportée en raison de la pandémie du Covid. La tentation est grande de nous laisser aller aux joies des retrouvailles, mais nous devons parler aujourd’hui de choses sérieuses, car nous sommes à peine à cinquante jours des élections.

En nous préparant à un exposé sur l’état du pays, nous devons toujours mettre au clair deux choses : qui nous sommes, et de quoi nous voulons parler. Notre communauté n’y a pas vu de problème jusqu’à présent. Moi non plus personnellement : après tout, après seize années passées dans l’opposition et seize années au pouvoir, avec cinq enfants et cinq petits-enfants derrière soi, l’on peut clairement savoir qui l’on est. Nous qui sommes ici rassemblés, nous avons nos différences, mais aussi une chose en commun : nous sommes des Hongrois, dont la passion commune est la Hongrie. Mais la gauche nous a cependant appris, de manière inattendue, que nous avions tout faux. Car en fait, nous sommes des champignons. Des champignons que l’on maintient dans l’obscurité et que l’on nourrit aux engrais . Nous avons appris aussi que nous, tant citadins que campagnards, ne sommes même pas capables de résoudre des mots croisés, et que d’après la gauche nous sommes des lavés du cerveau, ivres dès dix heures du matin. Nous avons encore appris qu’étant des électeurs du Fidesz, nous devons aussi avoir l’esprit dérangé. Nous avons également appris de la gauche qu’il y a des juifs au sein du Fidesz, « bien qu’en petit nombre ». Nous avons en revanche appris que des gays, il y en a beaucoup . La gauche a fait le compte : trop peu de juifs, trop de gays. Comment sont-ils arrivés à ce résultat ? Mystère. Je me suis cassé la tête pour comprendre ce que la gauche avait voulu dire, et je suis arrivé à la conclusion que le champignon était une bonne définition. Parce que l’on ne peut rassembler un si grand nombre d’âneries que si l’on est vraiment atteint par le champignon. Mais il est également possible d’y voir une stratégie, une nouvelle stratégie politique. Offenser les gens au plus profond d’eux-mêmes, moquer les handicapés, s’en prendre aux gens des campagnes, menacer les retraités et dénigrer les femmes. De mémoire d’homme, l’on n’a jamais parlé ainsi aux Hongrois. L’on n’en croit pas ses oreilles. Si c’est cela, la stratégie, alors c’est un brevet mondial. De Gaulle avait bien raison : tout le monde peut parler, mais le dirigeant doit aussi savoir quand se taire. En tout cas, c’est pénible, très pénible. C’est pénible aussi pour nous, parce que la gauche – malgré tout ce qu’elle montre d’elle – fait tout de même partie de la Nation, comme l’adversité dans l’Hymne national . Mais pour eux, c’est encore plus pénible. Gyula Horn se retourne dans sa tombe, Medgyessy s’efforce de détourner le regard, les SZDSZ fixent, penauds, la pointe de leurs chaussures. Seuls Gyurcsány et Bajnai ne s’en troublent pas, eux qui ont gratifié le pays de ce show. Ce sont eux qui ont poussé le figurant sur la scène, afin que l’on ne voie pas que ce sont eux qui se préparent à revenir : les dirigeants du gouvernement le plus corrompu de la Hongrie, Gyurcsány et Bajnai, renforcés d’un expert en champignons. Voilà donc la grande équipe qui se présente pour gouverner la Hongrie. Voilà la proposition de la gauche pour la Hongrie. L’on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer.

Il ne reste plus maintenant qu’à savoir, mes chers amis, de quoi je vais parler aujourd’hui. L’enfant rentre de la messe à la maison. « Comment cela s’est-il passé ? » – lui demande-t-on. « Eh bien, comme d’habitude. Le prêtre a parlé. » « De quoi a-t-il parlé ? » « Du péché ». « Et qu’a-t-il dit ? » « Que ce n’est pas bien. ».

J’en suis là avec mon propos. Cet après-midi, je dis aussi : « Comme d’habitude : la Hongrie doit avancer, pas reculer ». Mais que signifie avancer, et que signifie reculer ? Cela peut paraître simple, mais qu’est-ce que cela veut dire ? Eh bien, c’est de cela que je vais parler aujourd’hui.

Comme vous l’avez vécu vous aussi, Mesdames et Messieurs, nous laissons derrière nous deux années très difficiles. Pandémie, vagues de migrations, crise énergétique, éruptions de fureur impériale bruxelloises, le souffle frisquet de la guerre froide dans notre dos et l’ombre inquiétante de la guerre planant sur l’Europe centrale et orientale. C’est dans ce contexte que nous avons dû organiser notre défense contre le Covid. C’est dans ce contexte que nous avons dû faire redémarrer notre économie, remplacer les emplois détruits, aider et soutenir les jeunes, les familles et les personnes âgées. C’est plus qu’il n’en faut. Merci aux médecins, aux soignants, aux secouristes, aux organisateurs des campagnes de vaccination, aux collaborateurs du Conseil scientifique pour leur travail surhumain ! Merci à Monsieur le Président de la République János Áder et à son épouse pour l’action qu’ils déploient pour venir en aide aux orphelins du Covid ! Merci pour cela aussi, Monsieur le Président !

Mes chers amis, la charge d’une telle pandémie venue de nulle part est aussi une épreuve, une sorte de stress-test. Elle nous met tous sous pression. Elle est un test de pression pour la politique comme pour l’économie du pays. Vous avez pu le voir, l’Etat hongrois a fait face avec détermination. Le Parlement a siégé en permanence, il a accordé au gouvernement la marge de manœuvre et les moyens nécessaires à une défense efficace, tout en maintenant la situation sous contrôle. Les autorités de santé chargées de gérer la pandémie, les hôpitaux, le système de santé hongrois – si souvent traité avec commisération et dénigré – se sont remarquablement comportés, l’administration, la police et l’armée ont travaillé de manière coordonnée, rapide et disciplinée. Le gouvernement est resté uni, il a gardé son sang-froid, la capacité d’action du pays n’a à aucun moment été mise en danger. En clair : la nouvelle gouvernance constitutionnelle mise en place en 2011 a passé son examen avec succès. Les gouvernements sont tombés les uns après les autres en Europe, les coalitions se sont défaites, les règles changeaient de manière incontrôlable, il a fallu faire usage de la force publique pour calmer les milliers de manifestants. Rien de tout cela ne s’est produit chez nous. Nous avons réussi à préserver, et même à renforcer la confiance publique, parce que la majorité des gens ont estimé que la Hongrie s’est bien défendue. Il faut aussi mentionner, parce que c’est la vérité, que la Hongrie n’a pas seulement été attaquée par le virus, mais aussi par la gauche, qui espérait pouvoir faire tomber le gouvernement. Quand il fallait fermer, ils réclamaient l’ouverture, quand il fallait ouvrir, ils réclamaient la fermeture, criant à la dictature, organisant des actions de dénigrement depuis l’étranger, diffusant des vidéos truquées, propageant des fausses nouvelles et des messages alarmistes.

C’est là, mes amis, une grave irresponsabilité, et même peut-être plus. N’ayons pas peur des mots : utiliser, dans une période de pandémie mortelle, l’angoisse de millions de familles pour provoquer la chute du gouvernement est une action qui ne peut être défendue devant aucun tribunal. Mais l’heure du jugement arrivera : pour cette dernière le 3 avril, pour l’autre selon les dispositions de la Providence divine.

Depuis 2010, Mesdames et Messieurs, nous n’avons pas seulement réorganisé l’Etat, nous avons également bâti une nouvelle économie hongroise. Celle-ci vient aussi de passer son examen. Nous avions décidé en 2010 de donner aux gens non plus de l’assistance, mais du travail. Il y a du travail pour ceux qui veulent travailler. Malgré la pandémie, jamais il n’y a eu autant de gens au travail en Hongrie depuis la transition démocratique de 1990. Un million de personnes de plus sont au travail par rapport à l’époque du gouvernement Gyurcsány. Et elles ne travaillent pas non plus à n’importe quel niveau, parce que nous devons produire des marchandises et des services qui soient compétitifs et vendables sur les marchés internationaux. C’est pour nous une question existentielle, parce que nous avons bâti une économie basée sur la vente à l’étranger, sur l’exportation. La valeur des exportations de la Hongrie a atteint 119 milliards d’euros. Ce qu’il faut en comprendre, c’est que nous sommes le 95ème pays du monde par la population, mais le 34ème par notre performance à l’exportation. Et nous sommes le 27ème pour l’exportation par tête d’habitant. Soyons-en fiers !

Nous avons décidé en 2010 de ramener les secteurs-clé sous contrôle hongrois, en faisant redescendre à cette fin la propriété étrangère en-dessous de 50% dans le système bancaire, dans les médias et dans le secteur énergétique. Je voudrais rappeler à tout le monde que nous partions de 60% dans les banques, de 66% dans les médias et de 71% dans l’énergie, et qu’aujourd’hui la propriété hongroise est devenue majoritaire dans tous les trois. Pendant la période de la pandémie – et ce n’est pas un mince résultat – nous avons pu conserver tout ce que nous avions mis entre des mains hongroises, nous avons même poursuivi le rachat des entreprises-clés, avec actuellement celui de la Tigáz . Les régions de l’est sont déjà libres, le tour vient maintenant de la Pannonie. Crise ou pas, nous avons poursuivi, et même accéléré les investissements des capitaux hongrois à l’étranger. Vous vous souvenez peut-être que nous avions déjà décidé précédemment que les entreprises hongroises implantées à l’étranger devaient rapatrier autant de profits que n’en font sortir les entreprises étrangères implantées en Hongrie. C’est ainsi, et seulement ainsi que l’on pourra préserver l’équilibre de l’économie hongroise. Certes, cet objectif n’est pas encore atteint, mais nous ne sommes pas revenus en arrière même pendant la pandémie, nous avons avancé, et non reculé . La compagnie MOL s’étend, elle a acheté 417 pompes à essence en Pologne. La banque OTP est présente dans tous les Balkans. C’est une entreprise hongroise qui construira le système routier de l’Indonésie avec ses 270 millions d’habitants. En République tchèque, la compagnie hongroise d’électricité MVM fournit 1 600 000 consommateurs en courant électrique. Mais il y a aussi des élevages de volailles hongrois au Vietnam, une entreprise de fourrage et une usine de bitume en Russie, ainsi qu’une entreprise de télécommunications hongroise en Albanie et une autre au Monténégro. Bravo la Hongrie !

Tout cela n’est pas rien, mais j’estime que la performance la plus brillante de l’économie hongroise sous l’ère du Covid est qu’il n’a pas fallu non plus serrer le frein à main du côté des familles. Bien mieux, nous avons entamé l’exemption d’impôt sur le revenu des moins de 25 ans, les familles peuvent encaisser leurs dégrèvements d’impôts, et le treizième mois de retraite est également arrivé ces jours-ci. Le treizième mois de retraite n’est pas seulement un acte de bravoure économique, mais aussi une véritable réparation. Nous rendons ce que le gouvernement Gyurcsány/Bajnai avait enlevé. « Ce que le Turc a blessé, le Hongrois le guérit » . Le pays a travaillé dur pendant douze ans pour réparer la grave faute historique de la gauche. Soyons-en reconnaissants. Les Hongrois d’au-delà des frontières ont également pu constater qu’ils sont des nôtres non seulement quand le soleil brille, mais aussi au temps des difficultés. Nous avons poursuivi les programmes qui leur sont destinés, nous avons déjà construit 170 nouvelles écoles maternelles au-delà de nos frontières, et nous en avons rénové 790. Bravo la Hongrie !

Et comme nous l’avons toujours fait depuis 2010, nous avons suivi notre propre voie y compris pendant la crise. Ce ne sont pas les recettes de Bruxelles, mais la prescription Matolcsy/Varga que nous avons employée pour le redémarrage de notre économie. Nous n’avons pas mis le pied sur le frein, nous n’avons pas couru à l’abri, nous avons même courageusement doublé dans le virage. Nous avons pris des risques. Le niveau du risque était élevé mais, vous le savez bien, il l’est toujours. En matière d’économie, ceux-qui-savent-tout-à-l’avance finissent toujours tôt ou tard derniers. C’est comme pour la bicyclette. Si on ne pédale pas, on tombe. Eh bien, nous ne sommes pas tombés. Notre croissance a déjà été de 7% en 2021, et nous avons largement rattrapé la chute causée par la pandémie.

Un exposé sur l’état de la Nation a beau être sec, il faut aussi, Mesdames et Messieurs, parler la langue des chiffres. Nous avons réussi à tenir sous les 80% le niveau de notre dette publique, que nous ramènerons à 77% à la fin de l’année. Dans le même temps, la dette publique de la France est montée à 115%, celle de l’Espagne à 120%, celle de l’Italie à 154%. Et il est aussi arrivé ce que peu envisageaient – moi certainement pas –, à savoir que la dette publique de l’Autriche a dépassé la hongroise. En dépit de la pandémie, le salaire minimum augmente de 20% en 2022, et nous avons réduit de 4% les cotisations patronales sur le travail. Nous avons mis en place la grande convention nationale réunissant les syndicats, les employeurs et le gouvernement. Le Parlement a donné sa bénédiction à l’accord. A l’exception bien sûr de la gauche, qui n’a rien voté. Je vous demande de bien vouloir vous rappeler, le jour des élections, que la gauche n’a pas voté la loi-Covid qui a été la base de notre défense, qu’elle n’a pas voté le moratoire sur les crédits, qu’elle n’a pas voté la hausse du salaire minimum, qu’elle n’a pas voté la restitution de l’impôt sur le revenu aux familles, qu’elle n’a pas voté l’exemption d’impôt sur le revenu des moins de 25 ans, et qu’elle n’a pas voté non plus les réductions d’impôts. J’espère bien que le jour des élections les électeurs ne voteront pas non plus pour eux. Je vous demande de vous rappeler aussi que le gouvernement Gyurcsány/Bajnai avait suivi une tout autre voie que nous. Eux, ils ont reculé. Ils ont enlevé le treizième mois de retraite, ils ont enlevé un mois de salaire, un an d’allocation à la mère au foyer, ils ont supprimé le programme d’aide à l’installation ainsi que les réductions d’impôts pour les familles, ils ont rendu payants les services de santé, ils ont doublé le prix de l’énergie électrique et triplé celui du gaz pour les ménages. Mais ils ne perdent rien pour attendre, vous pourrez maintenant, le 3 avril, leur présenter la facture. En un mot comme en cent, en toute modestie mais avec assurance, nous pouvons affirmer que même pendant la pandémie nous n’avons pas renoncé à nos objectifs, et c’est pourquoi la Hongrie sort de la présente crise plus forte que comme elle y était entrée.

En ce qui concerne l’avenir, Mesdames et Messieurs, de graves questions se présentent à nous. Y aura-t-il la guerre ? Y aura-t-il de l’argent ? Y aura-t-il une nouvelle pandémie ? Y aura-t-il une nouvelle vague migratoire ?

Y aura-t-il la guerre ? Tout le monde en parle en ce moment. La situation est sombre et fragile. Vous connaissez la carte : la Hongrie est entourée de régions instables : les Balkans occidentaux et l’Ukraine. Les grands garçons sont déjà présents dans les Balkans : les Etats-Unis, l’Union européenne, la Russie, les Turcs. Et tout cela à nos frontières. N’oublions pas que la Bosnie est à 70 kilomètres des frontières méridionales de la Hongrie, et qu’aujourd’hui 665 militaires hongrois sont déployés dans les Balkans. La recette pour des Balkans pacifiés et tranquillisés est simple : adhésion rapide à l’Union, accord avec la Serbie et Plan Marshall européen. Il est dommage que ce n’est pas ce qui se produit. La Hongrie s’est renforcée au cours des dernières années. C’est pourquoi nous n’allons pas rester les bras croisés face à une politique des grandes puissances erronée provoquant des dégâts dans notre voisinage. Ni Bruxelles, ni Berlin ne peuvent mener de politique balkanique contre les Hongrois, ni même sans les Hongrois. Nous n’acceptons pas de décisions bruxelloises contraires aux intérêts de la Hongrie. Et puisque l’intérêt de la Hongrie est la paix, le développement économique et l’intégration de la région au sein de l’Union européenne, il ne saurait être question de sanctions, de politique punitive, d’administration de leçons ou de toute autre arrogance de grande puissance. Ce n’est pas des Balkans, mais avec les Balkans qu’il faut parler, et agir ensemble avec eux. Les Balkans sont aujourd’hui aussi, comme ils l’ont toujours été, extrêmement compliqués, mais un règlement pacifique acceptable par tous est bel et bien possible.

Mais le conflit entre la Russie et l’Ukraine est plus pressant. Ici aussi, les intérêts de la Hongrie sont clairs. Il faut d’abord éviter la guerre. Ce n’est pas seulement l’exigence humanitaire, mais aussi l’intérêt de la Hongrie qui nous le fait dire. Songez donc : en cas de guerre, les réfugiés arriveraient d’Ukraine par centaines de milliers, voire de millions, ce qui redessinerait fondamentalement la situation politique et économique de la Hongrie. Rappelez-vous : dans les années 90, plusieurs dizaines de milliers de réfugiés sont venus des territoires de l’ancienne Yougoslavie, et ce n’était déjà pas facile. Il en viendrait beaucoup plus d’Ukraine, sans grand espoir de retour au pays. Nous travaillons en vue de la paix, mais les organismes concernés de l’Etat ont entrepris leurs préparatifs. Si l’issue devait être la guerre, nous disposons d’un scénario et d’un plan d’action appropriés.

Du fait de la dimension de la Hongrie et de ses forces militaires et économiques, nous ne sommes pas en mesure, Mesdames et Messieurs, d’exercer une influence déterminante, ni même incontournable sur les relations entre l’Union européenne, l’Occident et la Russie. Mais ce n’est pas une raison pour ne rien faire. Nous jouons cartes sur table, et nous n’avons jamais caché que nous trouvons la stratégie de Bruxelles erronée, et les sanctions infligées à la Russie, une voie sans issue. Je suis convaincu que sans collaboration économique avec la Russie l’Europe continuera à être anémiée et pâlotte. Refuser la collaboration avec elle et laisser la totalité de son immense potentiel économique à la Chine est une faute stratégique. Mais j’ai moi-même reconnu, au cours des dernières années, que nous ne sommes pas capables de modifier la ligne de politique étrangère de l’Union européenne, et c’est pourquoi, évitant les discussions inutiles, nous avons développé et appliquons un modèle hongrois. Nous sommes membres de l’OTAN et de l’Union européenne, et nous entretenons en même temps des relations politiques et économiques équilibrées avec la Russie. L’exemple hongrois montre que c’est possible.

Que la guerre soit froide ou brûlante, Mesdames et Messieurs, les tensions et les conflits entre l’Est et l’Ouest n’ont apporté jusqu’à présent que problèmes, souffrances et lourdes pertes pour l’Europe centrale et la Hongrie. Il est compréhensible que nous ne voulions pas mettre une nouvelle fois le pied dans cet engrenage. C’est pour cette raison que je me suis engagé dans une mission de paix à Moscou. La glace des relations gelées doit être brisée, et il faut ouvrir la voie aux négociations. Il est vrai que la Hongrie ne dispose pas de brise-glaces à propulsion nucléaire, mais nous avons des pioches, et une simple craquelure suffit parfois à faire venir le bon sens à la surface. C’est à notre avantage à tous que les dirigeants de l’Europe se succèdent aujourd’hui à Moscou.

Nous autres Hongrois avons bien sûr aussi appris que la sécurité n’est pas une question d’amitié, mais de force. Il en résulte deux choses. La première, qu’il doit toujours y avoir un espace suffisamment large et profond entre la Hongrie et la Russie. Cet espace, c’est aujourd’hui l’Ukraine, dont l’indépendance et la viabilité sont pour cette raison – pour cette raison ! – d’un intérêt direct pour la Hongrie. La seconde, que la puissance militaire de l’Europe doit être au moins comparable à celle de la Russie : tant que ce ne sera pas le cas, ce n’est pas nous, mais les Américains et les Russes qui décideront de la sécurité des peuples d’Europe. C’est pourquoi la Hongrie soutient la création de capacités militaires et de forces de défense européennes. C’est dans cet esprit que nous avons entrepris l’édification d’une armée hongroise moderne et d’une industrie militaire qui lui soit associée. Nous n’avons hélas par encore réalisé de percée. Il reste à relier notre industrie militaire à l’économie, à y impliquer les universités, les instituts de recherche et les parcs d’innovation, sans oublier bien entendu les jeunes prêts à servir et, s’il le faut, à défendre la patrie. La prime que nous venons de verser aux membres de tous les corps qui portent les armes exprime bien l’estime que nous leur portons et constitue une importante reconnaissance de la part de la société, mais elle n’est pas suffisante en elle-même. Il nous reste encore beaucoup à faire. Nous avons besoin d’une force qui nous soit propre, nous avons besoin de notre propre armée nationale. Personne, aucun de nos alliés n’ira risquer sa peau pour les Hongrois à la place des Hongrois. OTAN ou pas, il n’existe pas dans le monde d’allié pour défendre notre pays à notre place. A nos côtés, avec nous peut-être, mais à notre place certainement pas. Si nous ne sommes pas assez forts, la Hongrie ne pourra pas être en sécurité. Clint Eastwood l’a dit : s’il y a des armes à proximité, mieux vaut qu’elles soient entre nos mains.

Y aura-t-il de l’argent ? L’Iron Lady l’a dit : le problème avec les socialistes, c’est qu’ils épuisent toujours l’argent des autres. Et il est de fait qu’ils commencent, par des impôts élevés, par prendre l’argent chez ceux qui ont travaillé dur pour le gagner, ils le dépensent rapidement, à la suite de quoi ils doivent contracter des emprunts, qu’ils veulent rembourser avec l’argent qu’ils reprennent à nouveau aux mêmes. L’issue est connue : des impôts et un endettement dans les nuées, avec une économie effondrée sous la charge et clouée au sol. Chômage, restrictions, montagne de dettes, FMI, pas d’argent. Là où la gauche gouverne, il n’y a pas d’argent. C’est toujours comme cela que finit la chanson. Mais aujourd’hui, nous avons plusieurs milliers de milliards de forints d’investissements en cours, le nombre des pauvres et la pauvreté est en diminution, la classe moyenne se renforce. Le salaire minimum est aujourd’hui plus élevé que le salaire moyen au temps du gouvernement Gyurcsány/Bajnai, ce qui veut dire qu’il y a de l’argent, et si nous continuons à gouverner, il continuera à y en avoir. Dans une économie basée sur le travail, c’est le travail qui produit l’argent. Les impôts sont faibles, les revenus augmentent, les gens achètent et investissent, il vaut la peine de travailler. Nous pourrions même festoyer avec les tziganes, si les économies européennes n’avaient pas été frappées au flanc par l’inflation, par la hausse des prix qui, comme chacun sait, consomme de l’argent. L’inflation a atteint 7,5% aux Etats-Unis, un sommet jamais vu depuis quarante ans, et il y a des Etats-membres de l’Union européenne où elle dépasse déjà 10%. Ce serait également la situation chez nous, si nous ne veillions pas en permanence à protéger les ménages. A situation exceptionnelle, décisions exceptionnelles. Aussi ne sommes-nous pas restés inactifs devant l’envolée des prix, et avons-nous mis en place la politique des quatre stops : stop aux prix de l’énergie domestique, stop au prix des carburants, stop aux taux d’intérêt et stop aux prix des produits alimentaires. Il n’y a jamais eu rien de tel en Hongrie depuis trente ans. Le résultat est qu’aujourd’hui c’est chez nous que le prix de l’énergie électrique est le plus bas de toute l’Union européenne et que le prix du gaz est le troisième moins élevé. Le blocage des prix de l’énergie domestique fonctionne, la France et l’Espagne sont en train de s’en inspirer. Le prix des carburants est chez nous le cinquième moins élevé : nous payons aujourd’hui 480 forints pour l’essence 95, sans le stop nous serions bien au-dessus des 500 forints. Ici aussi, le blocage a montré qu’il fonctionne, aussi le prolongerons-nous de trois mois supplémentaires. Le blocage des taux d’intérêt protège les ménages endettés par des emprunts hypothécaires immobiliers, le blocage des prix des produits alimentaires protège quant à lui tout le monde, mais principalement les titulaires de faibles revenus.

Le blocage des prix de l’énergie domestique diminue l’inflation de 1,5 point, celui des carburants de 0,5 point et celui des produits alimentaires de 0,9 point. Selon le rapport tout récemment publié par l’Union, l’inflation sera de 5,4% cette année en Hongrie et de 3,6% l’année prochaine, taux que la hausse des salaires dépasse largement, et continuera à dépasser. Il y aura donc de l’argent, parce que la Hongrie continuera à travailler. Nous conserverons les aides aux familles, et nous les amplifierons même. Nous ne renonçons pas à faire en sorte que la naissance d’enfants, au lieu de difficultés financières, soit au contraire source de conditions matérielles favorables. Nous aurons des enfants, nous aurons de l’argent, et nous défendrons les familles. C’est ce que veut dire avancer !

Mais il y a encore ici, en matière d’inflation, un hic, un gendarme allongé, un dos d’âne qui s’appelle Bruxelles. Bruxelles a libéralisé les marchés du gaz et de l’électricité, mais n’a ni élaboré, ni mis en place les mécanismes destinés à amortir leurs brusques oscillations. Elle a ainsi soumis l’Europe aux spéculateurs financiers. C’est là une lourde faute, parce que les prix de l’énergie sont responsables de 50% de l’inflation. Nous avons mené un combat héroïque pour que Bruxelles proclame enfin sources d’énergie durables l’énergie nucléaire et le gaz naturel. Nous avons gagné au final, mais nous avons perdu beaucoup de temps, et la formation des prix a échappé au contrôle des bureaucrates de Bruxelles. Les mesures qu’ils ont prises sont insuffisantes et tardives, et sont inaptes à solutionner la crise actuelle. C’est pourquoi – sur la base de nos connaissances actuelles – des prix de l’énergie élevés resteront notre quotidien pendant des années encore. Par chance, plus précisément grâce à l’activisme et à l’opportunisme de Péter Szijjártó , nous avons réussi à conclure à temps de bons accords de livraison de gaz avec les Russes. Mais le problème ne diminue pas à Bruxelles, il ne fait que grandir. Au lieu d’un gilet de sauvetage, c’est une meule que l’on nous attachera au cou, dans la mesure où l’on se prépare dans toute l’Europe à introduire des taxes punitives sur les propriétaires de logements et de véhicules automobiles. Il est absurde qu’en plus des prix élevés les Etats-membres aient en plus à croiser le fer avec Bruxelles. Il est temps que quelqu’un le dise clairement : le plan de Bruxelles consistant à lutter contre le dérèglement climatique par la hausse du prix de l’énergie conduit à l’échec. Il conduit à l’échec, parce qu’il détruit les entreprises européennes comme les ménages. C’est une voie sans issue. Il faut un nouveau plan !

Voyons après tout cela, Mesdames et Messieurs, s’il y aura de nouvelles épidémies. Le monde doit aujourd’hui s’habituer à ce que l’ère des épidémies se joigne à celle des migrations de populations. L’épidémie a atteint des dimensions mondiales, elle a fait des victimes, elle a porté atteinte aux emplois et paralysé l’économie mondiale. Elle ne nous a pas épargnés non plus, mais au moins avons-nous été parmi les premiers à nous réveiller. C’est chez nous que s’est constitué en premier un Conseil de défense. Nous avons été parmi les premiers à nous procurer des respirateurs et à préparer les hôpitaux à recevoir les infectés. Nous avons été parmi les premiers à nous procurer les vaccins nécessaires, nous avons été parmi les premiers à vacciner plus de la moitié de notre population, et nous avons été parmi les premiers à remettre le pays en état de marche. Il semble qu’à ce jour le pire soit derrière nous (je touche du bois). Nous avons entrepris parallèlement de profondes restructurations dans le système hospitalier. Nous avons mis de l’ordre dans la rémunération des médecins, nous avons mis fin à la pratique des enveloppes de reconnaissance, nous avons séparé les systèmes de soins privé et public, tout cela dans le cadre d’un accord conclu avec la Chambre syndicale des professionnels de santé, de manière pacifique, consensuelle, en plein milieu d’une pandémie. Merci à eux ! Nous avons commencé le développement de notre industrie de santé sans attendre la fin de la pandémie., Nous produisons désormais ce dont nous avons ou aurons besoin en cas de nouvelle pandémie : masques, respirateurs, accessoires de soins. Le plus gros morceau est naturellement l’usine de vaccins en cours de construction à Debrecen, qui pourra commencer ses activités dès la fin de cette année.

Nul ne peut garantir qu’à une époque où nos économies sont imbriquées les unes aux autres par des millions et de millions de fils, de nouvelles épidémies ne se déclencheront pas. Mais ce que nous pouvons garantir, c’est que le système de soins et l’industrie de santé hongrois seront capables, si le besoin s’en fait sentir, de faire face avec un équipement complet.

Et enfin, Mesdames et Messieurs, aurons-nous une nouvelle vague migratoire à nos frontières ? Non seulement nous en aurons, mais elle est déjà là. Plusieurs centaines de personnes essaient, chaque jour, de pénétrer avec violence sur le territoire hongrois. Ils étaient 112 000 l’année dernière, et déjà plus de 12 000 en janvier de cette année. Pendant un temps, nous pouvions espérer – et je l’espérais personnellement – que si nous arrivions à fermer rapidement nos frontières, les migrants eux-mêmes se rendraient compte qu’il est inutile de tenter leur chance à la frontière hongroise. Ils ne s’en sont pas rendus compte. La raison peut en être que la Hongrie, aujourd’hui comme hier, que nous le voulions ou pas, que nous le sachions ou pas, est la marche frontalière des régions intérieures de l’Europe, principalement des régions germaniques, et c’est précisément là que les migrants veulent aller. La vie des marches frontalières n’a jamais été facile. Nous avons dépensé plus de 600 milliards de forints pour la défense de nos frontières. 600 milliards de forints ! Avant la crise migratoire, nous pouvions injecter cet énorme montant dans l’économie, ou encore l’affecter aux familles. Aujourd’hui, nous devons le consacrer à notre défense. Hunyadi a arrêté les armées du Sultan à Nándorfehérvár, et nous, nous avons arrêté celles de George Soros à nos frontières méridionales. Mais l’exemple de Nándorfehérvár nous montre précisément qu’une victoire isolée ne résout rien en elle-même, et qu’il est facile de passer de Nándorfehérvár à Mohács . La défense d’une frontière exige un état de préparation permanent, de la ténacité et de l’endurance. C’est une tâche difficile, très difficile. Et nous devons en même temps regarder en arrière, parce que nous ne pouvons pas non plus être tranquilles du côté de Bruxelles. C’est là que se rassemblent les agents de Soros, les Judas prêts à tout pour trente pièces d’argent, la cohorte des scribes, experts et conseillers qui considèrent les Etats-nations comme des ennemis, ou tout au moins comme des rémanences du passé à oublier, ainsi que les loups du capitalisme mondial prompts à sentir l’argent partout, y compris en l’espèce dans la migration. Ils s’affairent tous à nous faire accepter cette invasion, cette submersion de l’Europe comme un état naturel, comme une fatalité historique que l’on ne peut arrêter. Il y a des cas où ils ont réussi. La frontière italienne est aussi percée qu’un tamis de pâtissier. Les Français ont juste la tête au-dessus de l’eau. Quant aux Allemands, ils se sont déclarés avec une noble simplicité pays d’immigration. Nous avons abandonné l’Afghanistan, la surpopulation est énorme en Afrique aussi, ses vagues peuvent à tout moment traverser la Méditerranée. L’Europe chrétienne est en grand danger à cause de ses faiblesses internes et de la violence des coups qu’elle reçoit de l’extérieur. Il semble – c’est du moins ce que je vois – que la chrétienté latine ne peut plus tenir seule en Europe. Nous aurons beaucoup de mal à tenir sur les prochaines décennies sans une alliance à conclure avec l’orthodoxie, et avec les chrétiens d’Orient. Ceterum censeo, l’Europe a besoin des peuples des Balkans.

Mes chers amis, je vous demande de bien vous convaincre que les lignes de défense de la Hongrie ne pourront tenir à la frontière que tant que c’est nous qui serons au gouvernement. Gyurcsány et ceux qui le suivent l’ont dit clairement : « Les migrants ne font de mal à personne, et même ils deviendront eux aussi hongrois après une ou deux générations, c’est pourquoi il est important que ceux qui viennent chez nous s’y sentent bien. » Si nous laissons les bureaucrates bruxellois partisans de la migration aider les acteurs à la fois ridicules et dangereux du Show-Gyurcsány accéder aux affaires, ils ouvriront les frontières. Et si on laisse entrer les migrants une fois, on ne pourra plus revenir en arrière. Il y aura ici une société ouverte dont nos petits-enfants boiront encore le calice, si toutefois nous aurons encore des petits-enfants.

Peut-être vaut-il la peine, Mesdames et Messieurs, que je dise quelques mots de la raison pour laquelle nous autres et Bruxelles – plus précisément le monde de la caste intellectuelle de l’Europe occidentale, des experts, des décideurs politiques et des faiseurs d’opinion – suivons des chemins si différents. Car il est évident que nous suivons des chemins différents. Nous n’avons pas la même vision des valeurs traditionnelles de l’Europe, nous pensons différemment l’avenir des nations et des Etats-nations, la mondialisation, et maintenant nous portons aussi un regard différent sur la famille, nous en sommes même arrivés à penser différemment la structure binaire, basée sur une femme et sur un homme, de la famille. C’est pourquoi, s’il en est ainsi – et il en est ainsi – nous souhaitons aussi, de manière incontournable, un avenir différent pour nous-mêmes et nos enfants. Et je voudrais affirmer très clairement que dans ce domaine nous ne céderons rien. Le 3 avril, nous défendrons nos enfants par un référendum. Le père est un homme, la mère est une femme, et laissez nos enfants tranquilles !

Je ne recherche pas la compassion de nos adversaires, mais la vérité est que je travaille avec eux depuis trente ans, et j’ai pu constater personnellement que le fond de ces divergences réside dans le fait que nous avons vécu, et interprétons donc la fin de la guerre froide de manière totalement différente de celle des pays – y compris l’Amérique – qui n’ont pas connu l’occupation soviétique. C’est ici que se trouve la clef du mystère. Ces pays-là n’ont pas connu la dictature, et – comme l’a dit Sándor Márai – ils ont reçu la liberté en héritage. Nous autres, en revanche, nous avons connu la dictature, et nous n’avons pas reçu la liberté en héritage, nous avons dû combattre pour l’obtenir. Nous ne sous-estimons pas la contribution des Occidentaux, mais il est pour nous aussi clair que le jour que la guerre froide a été gagnée par les Polonais, les Tchèques, les Hongrois, les Allemands, les Bulgares, les Roumains, les Estoniens, les Lettons, les Lituaniens, c’est-à-dire par nous. Nous savons tous que c’est l’anticommunisme et l’esprit national qui a gagné la guerre froide en restaurant les Etats-nations. Pour nous, la nation a remporté la victoire sur la classe, la foi en Dieu sur l’athéisme et la propriété privée sur la propriété d’Etat socialiste. Eux pensent quelque chose de tout à fait différent. Ils pensent que c’est leur démocratie libérale qui a vaincu le communisme. Dans leur vision, ce ne sont pas – ni alors, ni maintenant – des Etats-nations qui se trouvaient et se trouvent au premier plan, mais un monde globalisé, dirigé par des organisations, des institutions et des réseaux mondialisés, reliés entre eux par des réseaux commerciaux et de techno-communication de dimension mondiale. C’est pourquoi George Soros est leur sincère héros, le menu fretin n’étant pas en reste. C’est pour cette raison que nous n’arrivons pas non plus à nous entendre en matière d’Etat de droit et de démocratie. Nous savons tous que nous vivons dans un ordre juridique constitutionnel, que notre Loi fondamentale énonce et défend de manière claire. Pour les autres, l’Etat de droit est un instrument au moyen duquel ils peuvent nous former à leur image. C’est pour cela que ni les faits, ni nos arguments ne les intéressent. Ils mènent aujourd’hui une guerre sainte, un djihad de l’Etat de droit. Et vous savez bien, mes amis, que les mots ne sont pas d’un grand secours face aux djihadistes. C’est de la force que nous devons montrer, engageons-nous donc dans la reconquista !

La situation est la même avec la démocratie. Eux voient le démantèlement, le recul de la démocratie, alors que nous y voyons notre vie de tous les jours. Avec les élections, avec le référendum, avec une presse de gauche virulente et des débats politiques d’une grande vivacité. Ils sont comme la femme de la blague freudienne, qui fuit devant l’ombre effrayante qui la pourchasse. Quand l’ombre la rejoint, la femme lui demande d’une voix éteinte : « Que voulez-vous de moi ? » L’ombre : « Moi ? Mais c’est vous qui me rêvez ! » Voilà donc comment nous nous positionnons mutuellement. Ce qui est sûr, c’est que nous ne voulons pas devenir semblables à eux, et nous avons peine à croire qu’ils souhaitent devenir semblables à nous. Il ne sert à rien de nier ces divergences. Ce débat est incontournable dans le monde occidental. Il est évidemment important, mais il n’est pas l’essentiel. L’essentiel est de savoir si nous voulons rester ensemble. Et tout particulièrement ici, en Europe, parce que l’Union européenne n’a d’avenir que si en dépit de notre éloignement culturel croissant, nous pouvons malgré tout rester ensemble. En ce qui nous concerne, nous voulons garder l’Union européenne unie. A cette fin, nous avons plusieurs fois présenté des propositions de tolérance à Bruxelles et à Berlin. Nous n’attendons pas d’eux qu’ils s’approprient et élèvent au niveau européen la politique migratoire hongroise, la politique familiale hongroise ou la politique étrangère et nationale de la Hongrie, mais ils ne peuvent pas non plus exiger de nous que nous reprenions les leurs. Il n’y a pas d’autre solution que la tolérance. C’est seulement ainsi que nous trouverons une voie commune, et l’Europe doit bien avancer, pas reculer.

Voilà donc, Mesdames et Messieurs, comment se présentent les choses à la Chandeleur de 2022, cinquante jours avant les élections. Il est facile de voir que l’enjeu des élections est immense, il est existentiel pour la nation hongroise. Et pourtant, ce serait si bien d’avoir une fois des élections qui ne portent pas sur des questions existentielles, mais seulement sur le choix d’un bon gouvernement ! Ce n’est hélas pas possible maintenant. L’enjeu de ces élections est que Gyurcsány et Bajnai veulent revenir. Ferenc Gyurcsány a bel et bien déclaré hier qu’ils sont prêts à leur retour aux affaires. Et s’il revient, il nous ramènera là où nous nous sommes déjà trouvés et où nous n’avons pas la moindre intention de retourner. Voyons par exemple la déception causée aux habitants de notre capitale par la nouvelle gestion de gauche de la ville de Budapest. Après neuf ans passés dans l’opposition, ils avaient la possibilité de montrer ce qu’ils savent faire. Dans un contexte où le gouvernement déploie d’importants efforts pour le développement de la capitale. Et malgré cela, nous voyons le chaos, la saleté, les sans-abris et les embouteillages, la corruption, des dirigeants incompétents qui se donnent de grands airs, et la paresse. Les hommes de Gyurcsány ont pris place à la caisse, et Bajnai active tranquillement le système des commissions. Et il a suffi pour cela de deux années de gestion calamiteuse par la gauche. Tout le monde voit que loin d’avancer, ils reculent. Il est vrai qu’en plein soleil et avec bon vent, même un capitaine ivre arrive à diriger son navire. Et en temps de calme plat, il suffit d’être de haute taille, mince et d’aimer dormir longtemps . Mais par vent fort et tourbillonnant, par temps d’alerte à la tempête, il faut, croyez-moi, un bon marin. Il est possible que notre peau soit burinée par le vent, que notre visage soit calleux, que notre poignée de main soit rugueuse, que nos manières ne suivent pas toujours les règles de l’étiquette de cour, et que nos mouvements ne soient pas toujours ceux d’un danseur de ballet, mais la navigation est notre passion, et nous aimons plus que tout le navire confié à notre responsabilité. Nous connaissons les vagues, et nous respectons la mer. Nous avons connu de redoutables tempêtes, nous avons tenu la barre par les plus grands vents, et ce qui est le plus important : nous savons où nous voulons aller. C’est même écrit ici, devant moi : en avant, et pas en arrière !

La gauche a inventé maintenant une nouvelle incongruité : à savoir que ceux qui la rejoignent laissent derrière eux leur vie passée comme les disciples du Christ ont laissé leurs barques de pêcheurs . Nous avons là l’énième candidat-sauveur de la gauche. Je me rappelle que c’est de la même manière que Gyurcsány avait commencé. Cela me rappelle plutôt ce médecin marron qui promettait de guérir les malades à distance depuis la télévision, mais dont le seul souci était de leur faire acheter son DVD à bon prix. Et quand le malade a tout gobé, acheté toutes ses publications, il disparaît avec son argent aux Bahamas. Et le malade se retrouve là, Gros Jean comme devant, les poches vides, avec un lot de DVD de pacotille.

C’est la quatrième fois depuis 2010, mes chers amis, que l’on veut nous vendre le boniment d’une gauche changée et rénovée, restructurée et refondée. Je suis sûr que l’estomac des Hongrois ne le gobera pas, cette fois non plus. J’avoue espérer que quelque coriaces que soient les communistes dans la lutte des classes, aussi développées que soient leurs techniques de clonage, si nous les battons aujourd’hui, ils ne pourront plus fabriquer assez de Mini-Feri pour se présenter à nouveau. Nous connaissons l’adversaire. Nous pourrons bientôt appeler par leur nom les parachutistes de l’Oncle George . Ce n’est pas la première fois non plus qu’ils déploient contre nous leurs mercenaires en provenance de Bruxelles, et nous savons comment les disperser. Mais maintenant, ce n’est pas d’eux que nous devons nous occuper, mais de notre propre camp. Nous n’avons jamais été, mes amis, aussi forts, aussi bien organisés ni aussi déterminés que maintenant. Retroussons nos manches, et mettons un point à la fin de l’affaire. En selle tout le monde, la campagne a commencé, il est temps de sortir la cavalerie !

Dans cinquante jours, c’est par la droite que nous arriverons ! Le Bon Dieu au-dessus de nous tous, et la Hongrie avant tout ! Vive la Hongrie, vivent les Hongrois !