SHARE

Discours de Viktor Orbán à l’occasion du lancement de la production du nouveau modèle Audi Q3

Bonjour, Mesdames et Messieurs !

Pour vous dire la vérité, j’avais préparé un discours. Mais juste avant cette cérémonie, nous avons eu une longue réunion avec les dirigeants de l’usine. Monsieur Breme, le directeur général, nous a fait l’honneur de sa confiance, et nous avons pu discuter en profondeur de la situation de l’usine. Alors, plutôt que de lire mon discours, je vais le déposer dans le journal de bord de l’équipe, et à la place, je vais vous partager quelques réflexions nées de notre échange.

Avant tout, je tiens à vous féliciter chaleureusement pour cette belle journée de célébration ! Avec toute la modestie qui s’impose, je dois dire que je m’y attendais. Quand, il y a un an et demi ou deux ans, j’ai appris qu’un nouveau directeur général allait arriver, et qu’il s’appelait Breme, j’ai su tout de suite que nous avions tiré le bon numéro ! Dans mes souvenirs, il y a un Brehme, avec un h, si je ne me trompe pas, qui a marqué un but décisif en finale de Coupe du monde. Alors, me suis-je dit, avec un directeur général portant ce nom, nous allons forcément de l’avant. Et les faits me donnent raison ! Toutes mes félicitations, monsieur le directeur général, pour cette étape importante ! Mais je ne peux pas adresser mes félicitations au directeur sans immédiatement saluer les ouvriers et les ingénieurs de cette usine. À chaque fois que je m’entretiens avec un investisseur étranger en Hongrie, dans les trois premières phrases, il est toujours question de l’engagement et du professionnalisme des ouvriers et ingénieurs hongrois. C’est l’un des critères décisifs pour lequel non seulement ils investissent ici, mais ils y installent également leurs activités de développement Soyons clairs : sans les travailleurs hongrois, cette usine ne pourrait pas atteindre le niveau qui rend Audi compétitif à l’échelle mondiale. De la même manière, sans les ingénieurs hongrois, ni Győr ni Audi ne seraient là où ils en sont aujourd’hui. C’est pourquoi je pense qu’en ce jour de fête, il est plus que légitime de rendre hommage tout particulièrement aux ouvriers et aux ingénieurs qui travaillent ici. La Hongrie est fière des Hongrois qui travaillent à Győr !

Mesdames et Messieurs,

Nous ne l’avons pas caché non plus, lors de notre échange de ce matin avec Monsieur le Directeur général : pour la Hongrie, Audi n’est pas seulement un constructeur automobile – même si c’en est un, bien sûr – et ce n’est pas qu’une question économique – même si c’en est une aussi. Audi, pour nous, c’est une affaire de cœur. Parmi vous, il y a beaucoup de jeunes qui ne s’en souviennent pas, mais moi, je me souviens très bien de l’époque, il y a 35 ans, après la chute du régime communiste. À l’époque, il n’était pas du tout évident que la Hongrie réussirait à s’intégrer, après l’économie planifiée, dans les systèmes économiques modernes d’Europe occidentale. En effet, une grande partie des technologies que nous utilisions ici étaient devenues inutilisables dans ce nouveau monde qui s’ouvrait devant nous. Il était clair que sans investisseurs étrangers, il n’y aurait pas de technologies capables d’ancrer la Hongrie, au niveau mondial, dans le flux de l’économie de marché européenne. Et nous n’oublions jamais le premier. Le premier, dans presque tous les domaines de la vie, reste gravé dans la mémoire. L’Audi a été ce premier pour nous. La première entreprise automobile d’Europe occidentale à nous dire : « Nous venons, nous croyons en vous, nous voyons en la Hongrie un avenir. Nous réussirons ensemble. » C’est pourquoi le présent, l’avenir, le destin d’Audi représentent pour la Hongrie, pour le gouvernement hongrois, un engagement particulier. Monsieur le Directeur général, chers ingénieurs, chers ouvriers, je voudrais que vous sachiez que vous pourrez toujours compter sur le gouvernement hongrois à l’avenir.

Je tiens également à vous dire ceci : l’industrie automobile hongroise – et c’est ce qui ressort de mon entretien avec le Directeur général – est compétitive au plus haut niveau mondial. Cela signifie que toute personne qui travaille dans une usine automobile en Hongrie travaille dans un environnement professionnel de niveau mondial. Et ce n’est pas un petit nombre. Rien qu’ici, chez Audi, vous êtes 11 à 12 000. Mais si nous y ajoutons les fournisseurs, cela représente 50 000 personnes. 50 000 personnes ! Leur avenir, leur gagne-pain, la sécurité de leurs familles dépendent du succès de cette usine. Au total, 160 000 familles en Hongrie vivent directement de l’industrie automobile. C’est pourquoi l’avenir de la construction automobile en Europe n’est pas une abstraction de politique économique. C’est une question de survie, une question de pain quotidien pour 160 000 familles hongroises.

Mesdames et Messieurs,

Je dois aussi évoquer le fait que de sérieux défis frappent aujourd’hui l’industrie automobile européenne, et donc la Hongrie, Volkswagen, Audi inclus. Il faut que nous en parlions. Pendant longtemps, j’ai cru que le métier le plus concurrentiel au monde, c’était le nôtre, celui des dirigeants politiques. Tous les quatre ans, on se présente, on se bat, et on reste… ou bien c’est terminé. Je pensais qu’il n’existait pas de compétition plus dure que celle-là. Mais aujourd’hui, en regardant la situation de l’industrie automobile européenne et du marché mondial dans son ensemble, je dois dire que la profession la plus concurrentielle, ce n’est plus la nôtre, mais la vôtre, celle des constructeurs automobiles. C’est dans l’industrie automobile que la concurrence mondiale est la plus féroce. Et si la concurrence est une belle chose, elle est aussi extrêmement risquée : on peut gagner, mais on peut également perdre. Audi aura donc besoin de toute son expertise pour garder sa place au sein du groupe ; et Volkswagen aura besoin de toutes ses ressources pour conserver la sienne dans l’industrie automobile mondiale. Nous faisons face à de grands défis. Je ne citerai que les plus lourds : la guerre – qui fait flamber les prix de l’énergie, or quiconque produit consomme de l’énergie –, et cette guerre nous étrangle, car elle propulse les coûts énergétiques au ciel. Puis, il y a Bruxelles, malheureusement, dirigée non par des PDG d’usines automobiles (ce qui serait formidable !), mais par des bureaucrates qui n’ont pas la moindre idée de ce qui fait la compétitivité d’un constructeur automobile. Et face à cela : la Chine, un nouveau concurrent redoutable. Monsieur le Directeur général nous a d’ailleurs fait part de ses impressions lors d’un récent salon automobile en Chine. Le constat est clair : la compétition est rude, et le défi, immense.

Mesdames et Messieurs,

Alors que nous célébrons aujourd’hui le lancement de ce nouveau modèle, c’est aussi le bon moment pour renforcer notre confiance en nous, puisque dans un tel contexte, il est très difficile de rester debout et de défendre ses positions. Mais ce nouveau modèle, lui, nous donne de la confiance, et peut-être même de la fierté. À nous, Hongrois, c’est certain, et, je l’espère, à Audi aussi. Si Audi est capable de concevoir et de produire à la chaîne un tel modèle, alors l’avenir lui appartient.

Mesdames et Messieurs,

Pour conclure, je veux vous dire que toute l’industrie automobile européenne doit traverser des eaux agitées. si nous ne parvenons pas à former une alliance entre les dirigeants politiques, les investisseurs, les constructeurs et les responsables bruxellois… Si nous ne collaborons pas, si nous ne mettons pas tout au service de la réussite des grands groupes industriels européens, alors nous scierons la branche sur laquelle nous sommes assis et nous ne pourrons plus faire face à la concurrence. Par conséquent, il est essentiel de comprendre que des bureaucrates ne peuvent pas décider de ce que doivent être les technologies de production. Ils ne peuvent pas dicter aux citoyens ce qu’ils doivent acheter. Nous devons croire que c’est la liberté, la liberté économique, la liberté du marché, qui nous rend compétitifs. Il faut libérer l’industrie européenne, y compris l’industrie automobile, de l’oppression bureaucratique. J’ai connu une époque où les dirigeants pensaient qu’ils pouvaient, par des règlements, des décrets, des ordres et des directives, dire aux gens quoi acheter, et dire aux usines quoi produire. Nous savons comment tout cela s’est terminé : par l’effondrement du système économique. Si nous ne libérons pas nos usines, les constructeurs allemands, les usines automobiles implantées en Hongrie – et cela, c’est d’abord notre responsabilité – de cette pression bureaucratique, alors l’Europe, et l’Allemagne avec elle, perdront définitivement la bataille de la compétitivité mondiale. C’est un intérêt commun, monsieur le Directeur général. Depuis ici, je m’adresse aussi aux dirigeants du groupe à Ingolstadt, et aux bureaucrates de Bruxelles : rendez la liberté à l’industrie et aux consommateurs ! Si les usines et les consommateurs retrouvent leur liberté, alors ils pourront faire face à la tempête et tenir bon dans cette période difficile. Mais si cette liberté ne leur est pas rendue, nous ne pourrons pas préserver nos emplois, nous ne pourrons pas préserver nos usines.

Mais aujourd’hui, nous sommes ici pour célébrer. Ce nouveau modèle est la preuve éclatante qu’il y a de l’espoir. C’est un argument solide, une démonstration irréfutable : si on nous laisse travailler, si on laisse l’Allemagne travailler, si on laisse les constructeurs allemands travailler, si on laisse la Hongrie et ses usines travailler, alors nous sommes capables de produire des véhicules de classe mondiale, compétitifs à l’échelle mondiale. Alors Audi a un avenir, les ingénieurs et les ouvriers qui travaillent ici auront des revenus, et leurs familles auront un avenir et une sécurité. Dans cet esprit d’espoir et de confiance, je remercie Monsieur le Directeur général pour son travail, je remercie la direction de l’usine, et je remercie encore une fois tous les ouvriers et les ingénieurs qui œuvrent ici au quotidien.

Allez l’Audi ! Félicitations à toutes et à tous, et plein de succès pour l’avenir !

FOLLOW
SHARE

More news